EnvironnementLes glaciers de montagne recèlent bien moins d’eau qu’on l’imagine
Selon une étude publiée lundi, certaines régions comme les Andes, en Amérique du Sud, pourraient souffrir d’un manque d’eau plus tôt que prévu si le réchauffement climatique se poursuit.
Les glaciers de montagne, qui fondent sous l’effet du réchauffement, contiennent moins de glace que ce que pensaient les scientifiques, selon une étude publiée lundi, qui insiste sur les risques d’accès à l’eau dans certaines régions, comme les Andes.
«La découverte qu’il y a moins de glace est importante et aura des conséquences pour des millions de personnes à travers le monde», qui dépendent des glaciers pendant l’été pour leur approvisionnement en eau, explique dans un communiqué un des auteurs, Mathieu Morlighem, du Darmouth College aux États-Unis.
Loin d’être immobiles, les glaciers sont des masses de glace qui s’écoulent sous l’effet de leur poids. Connaître cette vitesse d’écoulement permet donc de déterminer la masse du glacier. Mais jusqu’à présent, «on ne connaissait pas bien cette vitesse», explique l’auteur principal de l’étude Romain Millan, de l’Institut des Géosciences de l’environnement à Grenoble (France).
Plus de 200’000 glaciers répertoriés et analysés
Alors les chercheurs ont passé au crible des centaines de milliers d’images satellites de glaciers, comparant l’avancée dans le temps des crevasses et des rochers pour mesurer cette vitesse d’écoulement et aboutir à un atlas estimant l’épaisseur de 98% des plus de 200’000 glaciers de montagne de la planète (ce qui exclut les gigantesques glaciers en bordure des calottes glaciaires).
Au niveau mondial, les résultats publiés dans la revue «Nature Geoscience» montrent que ces glaciers sont moins épais qu’on le pensait. «Si l’ensemble des glaciers de montagne venaient à fondre, leur contribution à l’élévation du niveau de la mer serait 20% plus faible» qu’estimé auparavant, précise Romain Millan. Soit une contribution potentielle d’environ 26 cm.
La fonte des calottes glaciaires est plus dangereuse
Une bonne nouvelle? Pas vraiment. Si la fonte des glaciers de montagne est marginale en matière de hausse de niveau de la mer, face au potentiel des calottes du Groenland et de l’Antarctique, l’impact est potentiellement dévastateur pour les populations qui dépendent des glaciers pour boire, pour l’agriculture ou pour l’énergie hydraulique. L’étude montre des différences régionales importantes et certains glaciers sont bien plus volumineux qu’estimé, en particulier ceux de l’Himalaya qui contiennent 37% plus de glace. À l’inverse, les réserves en eau des glaciers des Andes sont environ 27% inférieures à ce qui était estimé précédemment.
Conséquence: par exemple, dans le bassin de La Paz en Bolivie, où un tiers des ressources en eau proviennent de la fonte des glaces lors de la saison sèche, «il est inévitable que le réservoir plus réduit de glace aura un impact plus tôt qu’anticipé», écrivent les chercheurs.
Sous l’effet du réchauffement de la planète, les glaciers fondent, de plus en plus vite. Dans un rapport spécial en 2019, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat (GIEC) estimait que les glaciers de basse altitude comme ceux des Alpes pourraient perdre 80% de leur volume d’ici 2100 et que beaucoup pourraient disparaître totalement.