FootballMurat Yakin a trouvé son onze mais des incertitudes demeurent
En alignant une équipe quasi identique à celle qui avait battu l’Espagne, l’équipe de Suisse a enchaîné en s’imposant 2-1 contre la République tchèque. Sans pour autant paraître très sereine à deux mois du Qatar.
- par
- Valentin Schnorhk Saint-Gall
Parés au décollage? Le 14 novembre prochain, l’équipe de Suisse s’envolera pour le Qatar. Elle aura encore dix jours et un match amical contre le Ghana à Abu Dhabi pour peaufiner les derniers détails, mais c’est sur la base de ce qu’elle a produit contre la République tchèque mardi qu’elle se préparera à affronter le Cameroun pour son entrée en lice. Avec quelles certitudes?
La victoire 2-1 de mardi à Saint-Gall lui permet en tout cas d’avancer avec une certaine confiance. Depuis les trois déroutes consécutives de juin, tout va mieux pour l’équipe nationale, qui reste sur trois victoires en Ligue des nations face à des sélections réputées. Même si la prestation contre les Tchèques ne dissipe pas tous les doutes.
Les trois enseignements
Parce qu’en finalité c’est souvent le résultat qui compte le plus, il faut le dire: la Suisse se maintient en Ligue A. Et il faut aussi noter que ce n’était pas du tout gagné après trois matches. Mais avec une victoire contre chacun de ses adversaires, l’équipe nationale aura fait un job sérieux après son début de campagne calamiteux. Preuve de caractère d’un côté et d’adaptation d’un autre, notamment de la part de Murat Yakin lorsqu’il a fallu coller aux ambitions de son groupe.
Que dit la prestation suisse de mardi soir, après celle accomplie défensivement de samedi? Que l’équipe nationale affiche peu de certitudes face aux adversaires d’un niveau équivalent ou légèrement inférieur au sien. Les deux duels contre la République tchèque auront mis en exergue un manque de contrôle global. La volonté de dominer le jeu est rapidement dépassée par une fragilité dès lors que le niveau d’intensité mis par l’adversaire augmente. Heureusement, il y a eu 72 secondes de lévitation pour faire tourner le match dans le bon sens cette fois.
En deux matches, 19 joueurs ont eu droit à du temps de jeu. Mais surtout, en alignant deux onze quasi similaires (Schär pour remplacer Akanji, suspendu, comme seul changement), Murat Yakin aura figé la hiérarchie de l’équipe de Suisse à deux mois du Mondial. Seuls Noah Okafor et Steven Zuber auront manqué le rassemblement pour blessure. Ils peuvent prétendre à une place en attaque, à la place de Ruben Vargas. C’est peut-être le seul doute qui réside dans le onze que Yakin alignera le 24 novembre à Doha contre le Cameroun. Avec bien sûr Breel Embolo à la pointe de son attaque. Si tout se passe bien d’ici là, pour l’ensemble des sélectionnés.
Le meilleur Suisse: Breel Embolo
Yann Sommer pourrait y avoir sa place, mais Breel Embolo aura largement mérité sa mention. Avec un but à chacun des matches disputés par la Suisse cette semaine, il confirme son statut de leader de l’attaque helvétique. Les occasions qu’il aura manquées ne sont pas grand-chose au regard du chantier effectué pour transpercer les lignes tchèques et dégommer tout ce qui pouvait se mettre en travers de lui. C’est avec lui à la pointe de son attaque que l’équipe nationale avance.
Après avoir surtout couru pour gêner les premières passes espagnoles à Saragosse, son importance dans les séquences offensives aura été évidente mardi. Il est un point d’appui, un relais et un dynamiteur à la fois. Il est surtout celui qui peut faire des différences à peu près à lui tout seul, et donc faire totalement avancer le jeu. Un match plein.
Le moins bon Suisse: Nico Elvedi
C’est un peu Milou sans Tintin. Ou Minus sans Cortex, pour d’autres générations. Sans Manuel Akanji pour l’accompagner et le guider, le défenseur central du Borussia Mönchengladbach paraît beaucoup moins serein. Sa gestion des duels et de la verticalité imposée par la République tchèque lui auront causé bien du tort.
Naturellement attiré par les décrochages adverses, il laisse passablement d’espaces dans son dos, lesquels sont durs à combler lorsque le bloc défensif est moins dense. En Espagne, ses imprécisions tactiques se sont moins vues. À Saint-Gall, elles étaient criantes. Jusqu’au penalty qu’il a concédé pour un duel à la course terriblement mal appréhendé. Heureusement, il peut compter sur Yann Sommer.
La décla’
Le fait tactique
C’est une question qui ne s’est pas posée dès lors que la Suisse devait défendre près de trois quarts du temps. Mais lorsqu’elle doit principalement s’animer offensivement, le trio de milieux composé de Xhaka, Freuler et Sow reste-t-il fondamentalement pertinent?
Une façon de considérer le problème est de penser à la verticalité visée par Murat Yakin. Et donc à leur capacité de se projeter dans les demi-espaces, en chassant la profondeur. Pour Freuler et Sow, le mouvement n’est pas naturel: en club, on leur demande surtout de donner de l’équilibre. Et si Freuler a marqué grâce à sa présence dans la surface plus que notable, il aura peu amené de courses intenses vers l’avant. Cela pourrait manquer pour s’inscrire dans un jeu où les attaques rapides occupent un rôle important.
La statistique
55%, comme le pourcentage de réussite sur les penalties de Yann Sommer en équipe nationale. Sur les neuf auxquels il a dû faire face (hors séances de tirs au but), il n’en a concédé que quatre, le dernier à la Coupe du monde 2018 (et Bryan Ruiz avait frappé la barre, avant que le ballon rebondisse sur le dos de Sommer).
Depuis, il reste sur une série de cinq penalties consécutifs non-encaissés: deux arrêts devant Ramos lors de Suisse-Espagne en novembre 2020, un arrêt face à Jorginho contre l’Italie en septembre 2021, un raté du même Jorginho en novembre de la même année à Rome. Avant donc celui de Soucek stoppé mardi soir.
Une question pour penser l’avenir
Les deux mois qui vont suivre peuvent-ils faire bouger les hiérarchies que Murat Yakin a tracées cette semaine?
Pour les détails du match, cliquez ici