CyclismeLes pièges du «mini» Paris-Roubaix crispent le peloton
Le Tour de France traversera onze secteurs pavés ce mercredi, lors de la 5e étape entre Lille et Arenberg. Tous craignent les pièges réservés sur certains tronçons de «l’Enfer du nord».
- par
- Sylvain Bolt Lille
La pression monte dans le peloton et ce n’est pas lié au fait que le Tour de France se rapproche de Binche. Les pavés sont de retour et nous nous permettrons d’utiliser le leitmotiv suivant: «Si on ne peut pas gagner le Tour en première semaine, on peut le perdre!»
Cela faisait quatre ans que le Tour de France avait patienté pour le menu corsé de ce mercredi: un cocktail explosif qui propose une version courte mais intense de la classique Paris – Roubaix. Onze secteurs pavés, dont trois inédits, seront proposés aux coureurs lors des 80 derniers kilomètres de l’étape. Contrairement aux 257,5 km de l’édition 2022 de «l’Enfer du nord», la 5e étape du Tour de France, entre Lille et Arenberg, est plus courte de 100 kilomètres.
«Du coup, ce sera plus nerveux et explosif que sur Paris – Roubaix où ça se joue à la force pure et à l’endurance, prévient Adrien Petit, le local de l’étape. Mais ce sera déjà bien assez compliqué pour les grimpeurs et les candidats au général.»
Les grimpeurs, poids légers, s’attendent à souffrir sur ces nombreuses portions où les vélos tremblent comme des marteaux-piqueurs. Quant aux prétendants au général, ils comptent sur leurs gardes du corps pour éviter de tomber dans les pièges des pavés. Roglic, Pogacar et les autres candidats à la victoire finale ne seront pas sereins tant que cette étape ne sera pas franchie.
Le calvaire de Froome
Les cauchemars d’une crevaison, ou – pire – d’une chute, sont dans tous les esprits. Quadruple vainqueur de la Grande Boucle, Chris Froome avait trébuché à l’entrée du danger sur le Tour 2014 et avait dû abandonner, après un nouveau crash, quelques kilomètres plus tard, lors d’une étape sur les pavés disputée dans des conditions dantesques.
«C’est surtout à l’entrée de ces secteurs pavés qu’il y a du danger, car tout le monde veut être devant et la nervosité est maximale, précise Stefan Küng. Je vais être le baby-sitter de mon leader David Gaudu, qui profitera de mon expérience sur ce genre de parcours. Il faudra rester calme!»
Troisième de l’édition 2022 de la Doyenne, le Thurgovien ne pourra pas jouer sa carte personnelle mercredi. Le même scénario frustrant attend l’Argovien Silvan Dillier, battu dans le Vélodrome de Roubaix en 2018 par Peter Sagan, après 210 kilomètres en échappée.
«On a de l’expérience sur les pavés et on va certainement tenter notre chance, car Mathieu (van der Poel) peut s’emparer du maillot jaune», avance le héros malheureux de la classique en 2018.
L’un des secteurs les plus importants sera celui situé à Sars-et-Rosières, le 8e de la journée. «Ce passage fera très mal aux non-spécialistes, car il arrive après deux secteurs pavés longs et termine avec plusieurs virages qui seront compliqués», prévient Thierry Gouvenou, directeur technique du TDF.
Comme en 2010 et en 2014, l’étape s’achèvera sur le site minier d’Arenberg, qui sert aujourd’hui de décor et de studio de cinéma. Mais personne ne veut être l’acteur d’un film dramatique, mercredi, lors de l’étape piégeuse du nord de la France.