Série (1/3)La défaite et ses effets: apprendre à perdre pour gagner
Briller ou disparaître. Les compétitions le montrent: l’histoire ne retient que les vainqueurs. Le premier volet de cette série sur les défaites s’intéresse à l’apprentissage.
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Tous les sportifs sont à la même enseigne: après chaque défaite, il faut tirer des enseignements et devenir meilleur.
AFPLes gagnants ne parviennent pas au sommet sans y laisser quelques plumes. «Tu ne peux qu’apprendre de ta défaite», affirmait l’ex-légende du football Johan Cruyff. Les entraîneurs parlent d’erreurs formatrices au bord des terrains. Les athlètes, eux, sèchent leurs larmes et travaillent. Car chaque défaite, chaque imprécision, chaque geste révèle ce qu’il faut améliorer pour aller chercher la victoire.
«C’est important d’apprendre à perdre», note Christopher Guillod, préparateur mental. Pour lui, le pire des pièges est de céder à la frustration et à la démotivation. Deux moyens de rater ce qui était jusque-là maîtrisé.
Sadio Mané manque un penalty en finale de Coupe d’Afrique des nations? Tant pis, il parvient à se mobiliser quelques minutes plus tard pour inscrire son tir au but synonyme de victoire.
«Certaines personnes perçoivent les défaites comme des petites morts»
Lewis Hamilton arrive au terme de sa préparation après s’être incliné face à Max Verstappen dans la lutte pour le titre de champion de Formule 1? Le Britannique a purement et simplement laissé tomber ses réseaux sociaux, lui qui s’y montre souvent très actif. «Certaines personnes perçoivent les défaites comme des petites morts, observe encore Christopher Guillod. Heureusement, le sport donne une chance de renaître rapidement.»
Hamilton s’est fendu d’un tranchant «I’m back» deux mois après la course controversée d’Abu Dhabi.
Si le footballeur sénégalais et le pilote britannique ont connu beaucoup de moments de stress sous le feu des projecteurs, certains athlètes qui participent aux Jeux olympiques ont moins l’occasion de briller au quotidien. Une quinzaine de jours tous les quatre ans: c’est toute la visibilité qu’ils ont.
Des blessures ouvertes
Quand Amaury Golitin se met sur les starting-blocks, il repense à ce faux départ terriblement frustrant. «C’est la pire frustration de toute ma vie», a confié le sprinter spécialiste du 100 m à nos confrères de Slate. Ses coéquipiers racontent qu’il subissait quelques vannes sur ça, de quoi l’enfoncer un peu plus dans cette spirale négative. Ce comportement est précisément celui que Sandrine cherche à éviter en tant que cheffe d’un club de supporters des Lions de Genève (basket). «Le tout est de ne pas pointer du doigt, explique-t-elle. Il faut tirer les leçons du positif comme du négatif, et aller de l’avant.»
Car il y a toujours du positif dans l’histoire. Ceux qui passent à côté de leur match ne perdent pas pour autant tous leurs acquis. Le discours sur le vif pousse les athlètes à parler de ce qui n’a pas suffi, mais la conversation peut tout aussi bien s’articuler sur les prouesses. «Prenez Federer. Il ne s’analyse jamais négativement», indique le fondateur de Fonda-Mental.
«Roger» tient effectivement à souligner le positif de son parcours. Même en sortant en quart de finale du Grand Chelem britannique en été 2021, il se disait «en réalité très heureux d’être parvenu aussi loin aujourd’hui et d’avoir été capable de jouer Wimbledon à ce niveau après tout ce que j’ai traversé».