MotocyclismeLe trône du Sachsenring est à prendre
Vainqueur onze fois de suite sur le circuit allemand, Marc Márquez va céder sa couronne. De retour en Espagne, il ne perd rien de ce qui se passe à l’est.
- par
- Jean-Claude Schertenleib
Il a des contacts réguliers avec son frère Alex, mais aussi avec sa propre équipe – «lors de la journée d’essais en Catalogne, il était déjà très présent, même à distance», concède d’ailleurs Márquez Junior: Marc Márquez, le justement désigné «King of the Ring», va devoir céder ce dimanche 19 juin 2022 le trône sur lequel il s’était installé il y a douze ans, le trône de vainqueur du GP d’Allemagne (une fois en 125 cm3, deux fois en Moto2, huit fois en MotoGP).
Comment va-t-il? «Samedi, j’ai subi le premier contrôle médical depuis mon retour des Etats-Unis. C’était à Madrid et les médecins sont contents. Mon bras droit reste immobilisé, cela sera le cas pour plusieurs semaines encore. Mes sensations sont positives, parce que je ne ressens aucune douleur, ce qui est très important. Cela me permet de bien me reposer et de suivre les règles dictées par les docteurs: suivre une diète la plus saine possible, boire un maximum et ne pas hésiter à sortir avec nos chiens, parce que mon corps ne doit pas rester complètement inactif. Les médecins m’ont rappelé une chose: je dois être calme et patient», a fait savoir l’octuple champion du monde. Dont le retour, bien sûr, n’est pas pour demain...
Au carrefour de l’Histoire
Situé proche de ce qui fut longtemps la frontière entre deux mondes – de deux systèmes – le Sachsenring tient une place à part dans l’histoire de la course et l’Histoire avec un «H» majuscule. C’est proche d’ici que sont nées les fameuses MZ deux-temps, dont la technologie avait été, au début des années soixante, «vendue» à Suzuki par Ernst Degner, le pilote-phare de l’usine est-allemande qui avait fui à l’Ouest au retour du GP de Suède 1961 («Le prix de la vitesse», le livre de notre confrère britannique Mat Oxley, raconte cette histoire à la James Bond). Un Degner qui allait devenir le premier champion du monde 50 cm3 (1962).
C’est ici aussi que, le 11 juillet 1971 – il y avait à l’époque deux GP en Allemagne –, l’Allemand de l’Ouest Dieter Braun avait remporté la course 250 cm3; craignant des mouvements de foule au moment de la diffusion de l’hymne du vainqueur, les responsables du parti alors au pouvoir à l’Est avaient provoqué une panne de tout le système de sonorisation du circuit, pour que la musique honnie ne soit pas entendue. «Plusieurs heures après la fin des courses, des soldats armés patrouillaient encore dans les forêts alentour», se rappelle un témoin de l’époque.
Transferts: l’imbroglio
Ça continue: à chaque heure – bientôt à chaque minute – son information exclusive, en principe démentie immédiatement. Ainsi, la grosse info de samedi matin: «Miguel Oliveira n’ira pas dans le team Ducati-Gresini, mais bien dans la seconde équipe Aprilia; à ses côtés, il aura un rookie, le leader actuel du mondial Moto2, Celestino Vietti.» La question a donc été posée à Razlan Razali, le propriétaire de ce team RNF qui va passer de Yamaha à Aprilia: «Il y a tellement de très bons pilotes sur le marché que nous attendons. Je peux en revanche vous dire que les journalistes qui parlent d’une paire Oliveira-Vietti ont, pour une fois, tout faux.» Dernière précision d’un manager fort courtisé: «Nous aurons un pilote expérimenté et un jeune, mais pas quelqu’un que nous irons chercher en Moto2.» Alex Rins-Raúl Fernández? Faites vos jeux...
Bastianini ou Martin? Patience...
Chez Ducati également, on veut donner du temps au temps. Mais Paolo Ciabatti, le directeur sportif de l’usine italienne, a dit des choses intéressantes... au moment où certains étaient persuadés que Joan Mir était désormais dans le tuyau pour rejoindre les «rouge»: «Je pense que nous saurons après le deuxième GP d’août (donc au lendemain du GP d’Autriche) qui d’Enea Bastianini ou de Jorge Martin sera promu dans le team officiel aux côtés de «Pecco» Bagnaia. En nous donnant ce nouveau délai, nous désirons offrir une chance à Martin de montrer son réel potentiel, lui qui a enfin été opéré et dont le début de saison a été contrarié par son état physique.» Ce que Paolo Ciabatti a confirmé, en revanche, c’est que Johann Zarco sera encore pilote Ducati-Pramac l’an prochain; l’officialisation semble être une question d’heures.
La phrase du jour: Jack Miller
«Autrefois, la Ducati était si lourde à manier sur ce circuit que tu avais l’impression de conduire un bus à impériale; aujourd’hui, elle se comporte comme une Mini Cooper»: même s’il quittera l’usine de Borgo Panigale en fin de saison, l’Australien Jack Miller est toujours très bien considéré par ses employeurs. Et il a le sens de la formule! Las pour lui, il devra subir en course une pénalité de «long lap» pour être tombé samedi alors que les drapeaux jaunes étaient agités.