Mondiaux de cyclismeUne sorte de Championnat du monde de gymkhana
Le tracé de la course en ligne sur route des messieurs couronnera forcément un cycliste adroit sur sa machine. Le parcours dans les rues de Glasgow est épique. Et si par hasard il pleuvait…
- par
- Robin Carrel Glasgow
Le départ, dimanche matin, sera donné au pied d’un des endroits les plus touristiques du pays: Arthur’s Seat, le «Siège d’Arthur», au sud de la capitale écossaise, là où les touristes en claquette/chaussettes tentent l’ascension pour aller garnir leurs comptes Instagram. Là-bas, les festivités cyclistes se conjugueront avec le phénoménal Festival international d’Édimbourg, qui va attirer des dizaines de milliers de personnes pendant trois semaines. Les cyclistes prendront alors la direction de l’ouest, le long des lochs et des collines du pays.
C’est dans les rues de Glasgow que ça va se corser, ensuite. Il faudra s’y farcir un gymkhana de 14,3 kilomètres à dix reprises (et demi) et ça ne s’annonce pas de tout repos. Il faudra même être quasiment un «pilote» pour ne pas perdre la tête (de la course). Jugez plutôt: chaque tour comporte 49 virages, le plus souvent à 90 degrés. En gros, c’est un tournant à chaque fois que le peloton a parcouru un peu moins de 300 mètres! Attention les vélos, si la météo s’en mêle…
Mais il n’y a pas que des coureurs adroits qui seront avantagés dans la ville la plus peuplée d’Écosse. Car si on ne peut pas parler franchement de vrais «côtes», les coureurs devront affronter des «coups de cul» à foison, digne d’un manège de montagnes russes. Il faudra grimper à chaque fois la St-Vincent Street (565 mètres à 5% et un passage à 9,2%), la Gillmorehill (230 mètres à 4,3%), l’University Avenue (250 mètres à 5,9%), la Great George Street (325 mètres à 7,6% et un passage à 11%), le Kelvingrove Park (400 mètres à 6,2%), la Scott Street (150 mètres à 13%) et surtout la Montrose Street, ses 160 mètres à 13%, dont le «sommet» est placé à moins de 1500 mètres de l’arrivée.
Du coup, difficile de dégager un favori tant le tracé final ne ressemble à rien de ce qui se fait habituellement sur le World Tour. À la limite, le parcours glaswégien aurait éventuellement l’air d’un criterium d’après-Tour de France… Avec son dénivelé total de 3570 mètres pour 271,1 kilomètres, on peut situer sa difficulté entre l’Amstel Gold Race et le Grand Prix de Québec. Un peu moins difficile en moyenne qu’une Flèche Wallonne, mais plus vallonnée qu’un Liège-Bastogne-Liège. Lors des Européens de 2018, dans la même cité, Matteo Trentin avait devancé Mathieu van der Poel et Wout van Aert. Mais c’était bien moins difficile il y a cinq ans.
Et comme si tout ça n’allait pas être déjà assez compliqué, il va aussi falloir faire avec la météo, toujours aléatoire dans le coin. On annonce de la pluie fine un peu toute la journée et sur une route habituellement dévolue à la circulation automobile, ça peut vite devenir une patinoire. Il y aura même un court passage sur des pavés afin de rendre la chose encore plus acrobatique. Non, vraiment, réservez votre dimanche après-midi, il va y avoir du sport et vous, vous pourrez rester tranquilles au chaud dans le canapé.