FootballLa Suisse peut relativiser, mais elle ne doit pas oublier
Négligente en deuxième mi-temps vendredi, l’équipe nationale a laissé Andorre revenir dans le match. Gênant, mais pas dramatique.
- par
- Valentin Schnorhk Andorre-la-Vieille
Trois matches, neuf points. Cinq unités d’avance sur Israël, troisième du groupe. Bref, à ce rythme-là, l’équipe de Suisse sera de toute façon qualifiée bien assez vite pour l’Euro 2024 et l’automne s’annonce paisible. Sauf que ce n’est pas un critère de jugement vu la facilité de la poule dans laquelle s’est retrouvée la sélection de Murat Yakin. Et le maigre succès 2-1 en Andorre ne peut être interprétée uniquement sur le prisme de la victoire.
Surtout au vu de la deuxième période qu’a livrée l’équipe nationale, avec ce but encaissé suite à un coup franc indirect. Gênant, forcément. Mais cela dit-il véritablement quelque chose sur la Suisse, au-delà du simple constat de légèreté? Pas sûr.
Les trois enseignements
Il faut accepter le contexte, et comprendre sans dramatiser que la prestation de l’équipe de Suisse en deuxième période vendredi était sans doute conditionnée par le niveau global de l’adversaire et du match. L’essentiel est de relativiser: il fait peu de doutes que face à une équipe de meilleure qualité (comme la Roumanie lundi), la Suisse saura faire preuve de plus d’exigence. Mais le but encaissé doit avoir valeur de rappel. Il y a des erreurs qu’il ne faut pas faire.
Cette rencontre en Andorre devait être l’occasion de peaufiner la phase d’attaque. Force est d’admettre que l’animation offensive de l’équipe nationale n’est pas encore parfaitement huilée: elle aura eu trop peu d’occasions concrètes pour une formation qui a eu le ballon près de 80% du temps. C’est notamment la complémentarité entre les joueurs de côté et ceux partant de l’axe qui demande à être soignée.
À l’exception de Gregor Kobel dans les buts, il y a l’idée d’une équipe-type qui se dégageait du onze aligné par Murat Yakin vendredi. Le 4-3-3, avec ce triangle au milieu Zakaria-Freuler-Xhaka, a été utilisé pour la troisième fois consécutive. Si certains imaginaient que le sélectionneur profiterait de cette campagne de qualification relativement facile pour tenter de nouvelles choses, ils se trompent pour l’instant. C’est la stabilité qui prime.
Le meilleur: Zeki Amdouni
Contexte tactique défavorable, peu d’espaces à disposition, un rôle de numéro 9 assez esseulé: rien n’était vraiment à l’avantage de Zeki Amdouni dans cette rencontre andorrane. Mais le Genevois est touché par la grâce en ce moment, et il n’a pas besoin de grand-chose pour que cela se transforme en but. Avant d’ouvrir le score sur un centre de Xherdan Shaqiri, l’attaquant n’avait pas eu la moindre occasion. Après, il en a eu une très mince juste avant la pause, où sa tête excentrée n’a pas surpris le gardien.
Breel Embolo n’étant pas encore apparu en sélection en 2023, Amdouni profite sacrément bien du moment pour se faire une place sérieuse. Qu’en sera-t-il après l’été? Cela dépendra aussi de l’avenir que l’actuel joueur de Bâle se choisit.
Le moins bon: Ruben Vargas
C’était un match pour Ruben Vargas. Du moins, pour son profil de joueur. À savoir, une configuration où il fallait essentiellement passer par les côtés et y faire des différences. Individuelles ou collectives. Vendredi, Vargas a certes donné la passe du 1-0 à Remo Freuler, mais il a surtout raté la plupart des choses qu’il a tentées.
Sans doute qu’il est plus à l’aise avec plus d’espaces lui permettant de dribbler lancé qu’en partant arrêté comme cela fut le cas la plupart du temps en Andorre.
La décla’
La statistique
0,62 comme le nombre d’Expected Goals que représentait l’occasion de Renato Steffen à la 70e minute. Autrement dit, dans pareille situation, cela doit se terminer en but dans plus de six cas sur dix. Et cela ne tient sans doute pas assez compte de la position du gardien qui avait laissé presque l’ensemble de son but ouvert. Heureusement, sans conséquence.
Une question pour penser l’avenir
À défier des adversaires faibles dans ce groupe de qualification, l’équipe nationale ne risque-t-elle pas de se mettre à leur niveau et de se façonner des certitudes fallacieuses?