Guerre en UkraineLa Russie veut récupérer des tableaux prêtés à l’Italie
Par peur qu’elles tombent sous le coup de sanctions, le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg exige le retour d’œuvres qui sont à Milan et Rome.
- par
- Michel Pralong
Les musées se prêtent leurs collections, afin que les chefs-d’œuvre de l’art puissent être admirés partout. Mais de peur que les tableaux qu’il a confiés à des expositions italiennes ne tombent sous le coup des sanctions prises contre la Russie, le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg veut les rapatrier au plus vite.
«Tous les prêts en cours doivent être restitués de l’étranger à la Russie», a écrit dans une lettre Mikhail Piotrovsky, le directeur du musée, selon Artnet News. L’Ermitage est un musée d’État qui dépend du ministère russe de la culture. Il exige que lui soient rendus d’ici à la fin du mois de mars des tableaux comme la «Psyché ravivée par le baiser de Cupidon» de Canova, prêtée à la Gallerie d’Italia de Milan; «La Jeune femme au chapeau à plumes» du Titien et «Giovane donna con vecchio di profilo» de Giovanni Cariani qui se trouvent les deux au Palazzo Reale, également à Milan. La demande concerne aussi un Picasso, «La Jeune femme» qui se trouve actuellement à la Fondazione Fendi à Rome.
De l’amertume
«Quand j’ai lu la lettre, j’ai ressenti de l’amertume parce que la culture devrait être protégée de la guerre, mais ce sont des temps difficiles», a déclaré Domenico Piraina, directeur du Palazzo Reale. «Le tableau du Titien est certes important, mais l’exposition peut bien continuer sans lui», a-t-il déclaré, selon Reuters. L’exposition a débuté le 23 février et se poursuivra jusqu’au 5 juin.
L’Ermitage n’est d’ailleurs pas le seul à vouloir rapatrier ses œuvres, quatre autres musées russes ont demandé le retour de 22 pièces qui sont actuellement à la Gallerie d’Italia à Milan. Pour cette dernière, c’est moins un problème puisque l’exposition est programmée jusqu’au 27 mars. La galerie compte donc renvoyer les tableaux à cette date.
D’autres œuvres de l’Ermitage se trouvent à l’étranger, dont trois au Victoria & Albert Museum Fabergé à Londres. Mais le musée dit n’avoir reçu aucune lettre demandant leur restitution à ce jour. Quant à la National Gallery de Londres, qui devait, dans sa prochaine exposition consacrée Rapahël, inclure «La Sainte Famille» de la collection de l’Ermitage, elle a préféré y renoncer en raison de la guerre. «C’est une décision que nous avons prise la semaine dernière et n’a donc aucun rapport avec le fait que l’Ermitage demande le retour des prêts», a déclaré un porte-parole de la National Gallery à Artnet News.