La ville de Jimmy Carter se prépare à dire adieu à son «héros»

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GéorgieLa ville de Jimmy Carter se prépare à dire adieu à son «héros»

Le 39e président des États-Unis, 98 ans, est en soins palliatifs à son domicile. Il a fait la fierté de la population de Plains.

Jimmy Carter, ici en 1991, a reçu le Prix Nobel de la paix en 2002.

Jimmy Carter, ici en 1991, a reçu le Prix Nobel de la paix en 2002.

AFP

«Le président Carter restera toujours vivant à Plains», souffle Philip Kurland à l’AFP. Dans cette bourgade de l’État de Géorgie, au sud-est des États-Unis, il n’y a que Jimmy Carter que les habitants chérissent davantage que la cacahuète.

L’ancien président américain de 98 ans, désormais en soins palliatifs à domicile, a rendu célèbre cette petite ville rurale, dont il est natif. Touristes et nuées de journalistes y ont déferlé au gré de ses accomplissements, notamment lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de la paix en 2002, ou lors de visites de hauts dignitaires comme Joe Biden.

«Il est important de savoir à quel point il était impliqué dans la vie locale, vous ne pouviez pas aller à une réunion sans que lui ou Rosalynn n’y soient mêlés», explique M. Kurland derrière le comptoir de sa boutique de souvenirs, au sujet de Jimmy Carter et de sa femme. En plein centre de la commune de 600 habitants, cette boutique se trouve dans un bâtiment qui appartenait autrefois à un oncle de Jimmy Carter.

La ville de la cacahuète

À Plains, au cœur de la ceinture américaine de la cacahuète, les visiteurs peuvent déguster une glace à la cacahuète avant de découvrir à perte de vue, le long de routes poussiéreuses, des champs de cette culture traditionnelle. Mais c’est surtout l’ancien dirigeant démocrate qui fait la célébrité de Plains.

Dans les magasins de Plains, on trouve encore des pins de l’époque de ses campagnes présidentielles, dont celle de 1980 qu’il a perdue face à Ronald Reagan.

Dans les magasins de Plains, on trouve encore des pins de l’époque de ses campagnes présidentielles, dont celle de 1980 qu’il a perdue face à Ronald Reagan.

Getty Images via AFP

Le plus vieux président américain encore en vie y est présent partout: de la pancarte qui accueille les visiteurs dans la ville de «notre 39e président des États-Unis», à la ferme d’arachide de son enfance, en passant par son ancien lycée, deux lieux d’ailleurs gérés par le service des parcs nationaux américains. Tout comme le petit dépôt ferroviaire ayant servi de quartier général pour sa campagne présidentielle de 1976.

Enterré près de sa résidence

La modeste résidence des Carter n’est qu’à deux minutes en voiture du centre, mais une solide clôture et des agents du Secret Service, qui protège les hautes personnalités américaines, tiennent les badauds à distance. Elle aussi a été léguée au service des parcs nationaux, et c’est là que le président et sa femme seront enterrés.

Au coin de la rue, sous l’enseigne beaucoup moins touristique de Dollar General, des locaux font leurs courses, comme le couple Carter avait parfois l’habitude de le faire. Kelvin Sims les a une fois entendus s’amuser à chicaner sur du thon en boîte. «Il venait dans le quartier, il disait au Secret Service de rester en retrait», raconte cet homme de 47 ans, à l’extérieur du magasin en brique, près d’une bouteille de propane, sa Chevrolet noire en arrière-plan.

«Je le considère comme un copain car c’est ce qu’il dégageait auprès des gens», lance-t-il au sujet de Jimmy Carter. Il précise aussi que sa grand-mère Rosa Brown gardait les petits-enfants des Carter.

Quant à la mort prochaine de l’enfant du pays: «Nous savons tous que ce jour arriverait. Il viendra pour tout le monde, mais je ne pensais pas pour Jimmy Carter parce que c’était notre héros», dit-il.

Jan Williams, amie de l’ancien président, l’a connu lorsqu’elle était l’enseignante de sa fille Amy en CM1 en 1976. Plus récemment, elle a aidé à contenir les foules qui se pressaient pour voir Jimmy Carter enseigner le catéchisme les dimanches dans la petite église Maranatha Baptist, même après avoir fêté ses 90 ans.

«Prêt à quitter ce monde»

L’édifice en brique rouge et au clocher blanc se dresse près de plusieurs rangées de noyers de pécan sur une route qu’on emprunte pour sortir de Plains. Jimmy Carter a été très clair avec le fait «qu’il était prêt à quitter ce monde», rapporte à l’AFP, Jan Williams, devant l’église.

«Soins palliatifs est un terme qui fait peur, c’est presque l’équivalent du mot mort. Et il ne l’est pas encore», ajoute-t-elle, estimant que l’homme qui a déjà vaincu un cancer du cerveau à 90 ans passés sera encore là pour quelque temps.

À quelques pas de la Maranatha Baptist Church, sur un coin d’herbe près d’une station-service, trône une statue de cacahuète de quatre mètres de haut, installée après un événement de campagne de Carter en 1976. Elle présente un large sourire, qui ressemble à celui de Jimmy Carter. À ses pieds un bouquet de fleurs roses était déjà posé mardi.

La statue nommée la «cacahuète souriante» dont le sourire ressemble à celui de Carter.

La statue nommée la «cacahuète souriante» dont le sourire ressemble à celui de Carter.

Getty Images via AFP
(AFP)

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