Football: L’équipe de Suisse doit s’interroger sur son destin à court terme

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FootballL’équipe de Suisse doit s’interroger sur son destin à court terme

Le match nul 3-3 contre la Biélorussie n’est pas un épiphénomène. Les questionnements reviennent depuis longtemps sur l’équipe nationale. Sauf que maintenant, ils s’amplifient. La faute à Yakin?

Valentin Schnorhk Saint-Gall
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Valentin Schnorhk Saint-Gall
Xherdan Shaqiri peut se taper la tête contre la main, la Suisse s’est mise dans une position bien embarrassante dimanche.

Xherdan Shaqiri peut se taper la tête contre la main, la Suisse s’est mise dans une position bien embarrassante dimanche.

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C’est bien sûr une affaire d’arithmétique qui donne l’avantage à la Suisse, mais franchement, on n’aurait jamais pensé qu’après sept matches disputés dans cette campagne de qualification à l’Euro 2024, l’équipe nationale puisse se retrouver 2e de son si faible groupe. Tel est pourtant le cas ce lundi matin, après le match nul 3-3 contre la Biélorussie dimanche.

Ce résultat n’est pas anodin. Il vient après un enchaînement de questionnements qui ne cessent de revenir depuis plusieurs mois. Pire, ils s’amplifient. Surtout, plus grand-chose ne permet d’être positif avant les trois matches capitaux qui viendront en novembre, contre Israël, le Kosovo et la Roumanie.


Les trois enseignements

  • Le mal est profond. Ce n’est plus qu’une affaire de mauvais jours. L’équipe de Suisse est actuellement très loin du niveau de ses ambitions: elle ne sait pas comment attaquer face à des équipes regroupées en défense, et elle est de moins en moins capable de défendre quand elle n’a fait qu’attaquer. Dans ce match nul contre la Biélorussie, il y a eu toutes les absences de certitudes qui illustrent l’état actuel de l’équipe nationale.

  • La Suisse doit notamment se pencher sur la première mi-temps qu’elle a réalisée, et sur son incapacité à mettre du rythme. Il y a là une affaire de maîtrise de son approche tactique, mais peut-être aussi de choix de joueurs. Le onze de départ de Murat Yakin manquait de cohérence vu la configuration de match qui attendait son équipe. Renato Steffen a trop de limites pour faire des différences face à des défenses regroupées, alors que l’absence de Zeki Amdouni est incompréhensible dans un match où il faut avoir des idées entre les lignes.

  • L’équipe de Suisse est en crise. De par ses résultats, de par la manière avec laquelle elle a joué ses derniers matches, mais aussi en raison des débats qui commencent à se faire de plus en plus vifs autour du poste de son sélectionneur. Au-delà d’une improbable éviction de Yakin, l’ASF doit faire son introspection et se poser la question du destin de l’équipe de Suisse à court terme. Et de ce que cela peut impliquer: pour se qualifier à l’Euro et, surtout, pour y figurer honorablement.


Le meilleur Suisse: Xherdan Shaqiri

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Il faut être honnête: en termes d’apport véritable vu le temps de jeu qu’il a eu à disposition, Zeki Amdouni a sans doute eu plus d’impact que Xherdan Shaqiri dimanche. Le Genevois a redonné de la vie à l’équipe de Suisse par sa mobilité, et il a marqué un but, même s’il aurait pu être plus tranchant.

En ce sens, Shaqiri sort du lot, parce qu’il a été décisif. D’abord sur sa frappe pour l’ouverture du score, puis sur le coup franc qui a permis à Akanji d’inscrire le 2-3. Aussi, le joueur de Chicago a pu avoir une complémentarité intéressante avec Jordan Lotomba sur le côté droit. Reste que, sur l’ensemble du match, difficile de ne pas relever son inconstance, sa peine à faire basculer les actions qui manquaient terriblement de spontanéité.

Mais la Suisse aurait sans doute eu de la peine à prendre un point sans lui dimanche.


Le plus mauvais Suisse: Ricardo Rodriguez

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Ricardo Rodriguez le pire Suisse aligné dimanche? Difficile à trancher. Renato Steffen était candidat. Fabian Schär aussi. Pareil pour Djibril Sow. Mais du haut de son expérience, du rôle qu’on lui assigne dans de tels matches (être juste techniquement et dans les choix à l’approche du dernier tiers, côté gauche), ainsi que ce qu’on peut attendre de lui défensivement, le joueur du Torino est passé à côté de son match. À l’image du deuxième but concédé par la Suisse, où son marquage sur le buteur Polyakov était terriblement laxiste.

Rodriguez n’a sans doute pas été aidé par Steffen pour animer le côté gauche avec une complémentarité qui n’existe pas. Mais il incarne cette Suisse qui a été lente avec le ballon et beaucoup trop passive à la perte de balle.


La décla’

«Si je suis sur la sellette? Ce n’est pas à moi de juger»

Murat Yakin, sélectionneur de l’équipe de Suisse

Le fait tactique: l’immobile structure en 2-3-5

L’équipe de Suisse part de loin. Et on ne sait pas trop où elle va. Alors il ne sert à rien de tirer trop de conclusions sur ce qu’elle a produit dimanche. En revanche, on peut le regarder plus précisément. Avant d’affronter la Biélorussie, Murat Yakin a affirmé qu’il avait utilisé ses quatre jours d’entraînement pour travailler la phase offensive, où le technicien a cherché à créer des automatismes.

Logique, vu l’attitude prévisible de la Biélorussie, repliée en 5-4-1 devant sa surface. Le choix de Yakin? S’organiser avec une structure en possession en 2-3-5. À savoir, les deux défenseurs centraux pour lancer les actions, avec Granit Xhaka devant eux, lequel était entouré des deux latéraux dans un rôle plutôt axial. Car la largeur était essentiellement déléguée aux ailiers: Xherdan Shaqiri à droite, Renato Steffen à gauche. Et les deux milieux relayeurs (Freuler et Sow) avaient pour mission de se balader entre les lignes en se positionnant dans les demi-espaces (les zones entre l’axe et les ailes).

Rien de révolutionnaire: c’est une structure souvent utilisée dans le football moderne. Elle doit permettre à la fois d’être bien organisé pour occuper l’ensemble du terrain, mais également pour avoir suffisamment d’équilibre (notamment avec le rôle des latéraux réaxés) pour prévenir la perte de balle.

Bref, idée légitime de Yakin. Encore fallait-il donner du mouvement à ses joueurs. C’est le problème: si rien ne bouge, si le jeu n’accélère jamais ou presque, si les appels ne sont pas tranchants, s’il n’y a pas de complémentarité entre les côtés et l’intérieur du jeu, s’il n’y a rien de tout ça, tout devient plus compliqué.

Ce fut le problème dimanche: la Suisse a été bien organisée (du moins jusqu’à l’égalisation), mais elle n’a jamais ou presque été capable de donner du rythme à son jeu, en raison notamment de son immobilité dans toutes les zones du terrain. Avoir une idée, c’est bien, l’éprouver, la travailler et l’améliorer, c’est mieux. Trop tard?


La statistique

0,62, comme le nombre d’Expected Goals compilés par la Suisse avant l’égalisation de la Biélorussie. Cela correspond à dix tentatives, le plus souvent lointaines. Certes, l’équipe nationale aurait pu marquer bien plus de buts, comme le démontre le total final de 3,43 xG, mais il a fallu attendre que le match se débride pour qu’elle se montre enfin véritablement dangereuse.


Une question pour penser l’avenir

Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales.

Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales.

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