CyclismeRobin Froidevaux: «On verra si ce maillot me donne des ailes»
Le Vaudois de 23 ans a réalisé l’un de ses rêves en devenant champion de Suisse sur route, dimanche. Il raconte ses premières émotions.
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Robin Froidevaux devance Sébastien Reichenbach et Colin Stüssi sur la ligne. Le Vaudois vient de réaliser l’un de ses rêves.
Sam BuchliRobin Froidevaux, 23 ans, est devenu champion de Suisse dimanche à Steinmaur (ZH). Débarqué tout droit de la piste – il a participé aux derniers JO de Tokyo, le Morgien réalise ainsi un premier rêve sur route. Joint lundi après-midi par téléphone, le coureur de la formation Tudor Pro Cycling peinait encore un peu à réaliser.
Avez-vous réussi à atterrir, depuis dimanche?
C’est dur d’atterrir (on perçoit le sourire à l’autre bout du fil). Je ne me suis pas trop reposé la nuit dernière (ndlr: de dimanche à lundi), ce n’était pas facile de dormir. Donc je me sens encore un peu dans les airs. Il y a eu beaucoup d’émotions après la course, dans la soirée… Quand je me suis retrouvé dans mon lit, je me repassais tout ça et ça tournait trop pour trouver le sommeil. C’est fou.
«C’est quand les moments de joie surviennent qu’on comprend pourquoi on a fait tant de sacrifices»
À qui, à quoi, pense-t-on au moment de devenir champion de Suisse?
Quand on a du succès, que tout va bien comme aujourd’hui, tout le monde te félicite ou t’envoie un message. Alors j’ai envie de penser en priorité à ma copine, mes parents, aux gens qui sont aussi là dans les mauvais moments. Après avoir franchi la ligne, on pense aux moments où il a fallu se relever, se battre. C’est quand les moments de joie surviennent qu’on comprend pourquoi on a fait tant de sacrifices. J’ai senti que ça n’était pas juste une course de vélo, ça allait plus loin pour moi.
Moins de trois mois après votre chute et votre commotion, qui vous avait privé de Tour de Romandie, vous connaissez ce petit nirvana… Un commentaire?
La commotion, ça a été difficile. Quand tu te casses la clavicule, tu sais où tu en es. Là, c’était un peu le grand 8. Un jour ça allait mieux et, derrière, ça pouvait s’empirer pendant deux jours. Je suis allé sur le Tour de Suisse, la course la plus dure de ma vie, sans être bien préparé. C'était un peu fou mais derrière, je savais que ça pouvait devenir une chance. Et sur ce coup, ça a passé.
«Ça me touche de me dire que j’ai mon nom dans ce palmarès. Ça va rester inscrit pour le reste du temps et ça me rend fier»
Ce maillot rouge à croix blanche va-t-il donner une autre couleur à votre avenir?
Mon avenir était déjà tracé avant ça avec l’équipe Tudor, qui a confiance en moi et qui me donne l’opportunité de participer à un projet intéressant, avec une vision sur le long terme. Ce n’est pas parce que j’ai gagné le championnat de Suisse que je vais tout gagner. Mais ça sera une sacrée expérience, une sacrée fierté de porter ce maillot. Après les JO, c’était important pour moi de me fixer de nouveaux objectifs. Celui-là était l’un des plus gros et je ne pensais pas y arriver si tôt. Ça me touche de me dire que, quoi qu’il arrive désormais, j’ai mon nom dans ce palmarès. Ça va rester inscrit pour le reste du temps et ça me rend fier.
Cette victoire change-t-elle vos ambitions pour la suite?
Non parce que des ambitions, j’en avais déjà. Ça change surtout le niveau de confiance. On sait qu’on peut le faire, être au rendez-vous le jour où il faut. Je le savais, en un sens, mais là j’ai la preuve que j’en suis capable. Je me réjouis de courir avec ce maillot, on verra s’il donne des ailes. Il te met une pancarte aussi, une sorte de poids. Il devrait m’apporter une forme de respect du peloton, qui peut m’aider.
Vous êtes dans le sillage de la génération des Marc Hirschi, Stefan Bissegger ou Gino Mäder. Est-ce une chance ou un problème à vos yeux?
Pour moi, il n’y a que du positif. Ce n’est pas un hasard si le cyclisme suisse en est là. Nous avons grandi ensemble, sur la piste notamment - j’étais aux JO avec Stefan et Mauro (ndlr: Schmid). C’est aussi grâce à ces coureurs que je me permets d’avoir des ambitions, ne serait-ce que pour faire ce qu’eux ont fait. Nous n’avons pas les mêmes parcours mais nous venons du même pays, nous évoluons dans le même sport, donc ils me montrent que c’est possible. Ils me servent de source d’inspiration, au niveau sportif et humain.
Quels sont vos prochains rêves, désormais?
C’est difficile à dire, comme je viens d’en réaliser un. Il faut que je refasse le point. Il faut que je me laisse du temps. De nouveau, ce n’est pas parce que j’ai gagné cette course d’un jour que je vais changer de dimension et que tout va me sourire. Mais oui, j’ai des rêves et l’un d’eux consisterait à participer aux Classiques comme le Tour des Flandres.