Football: Raoul Savoy: «Il y a tellement de passion en Afrique»

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FootballRaoul Savoy: «Il y a tellement de passion en Afrique»

Sélectionneur de la République centrafricaine, l’entraîneur vaudois connaît bien le football africain. Il n’est pas surpris par les réactions des supporters ivoiriens après la baffe reçue contre la Guinée équatoriale (0-4).

Renaud Tschoumy
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Renaud Tschoumy
Raoul Savoy, ici dans sa commune de Sainte-Croix, n’est pas surpris par les débordements des supporters de la Côte d’Ivoire.

Raoul Savoy, ici dans sa commune de Sainte-Croix, n’est pas surpris par les débordements des supporters de la Côte d’Ivoire.

Yvain Genevay / Tamedia

La Côte d’Ivoire s’est réveillée ce mardi matin avec la gueule de bois, au lendemain de la débâcle de sa sélection nationale, humiliée 0-4 à domicile par la Guinée Équatoriale lors de la Coupe d’Afrique des Nations.

Même si un espoir de se qualifier demeure, les quotidiens ivoiriens étaient unanimes dans leurs Unes: «Éléphants, le naufrage», titrait le quotidien Nouveau Réveil, «Pourquoi?», renchérissait Le Patriote, évoquant une «débâcle», tandis que l’Inter parlait d’une «Grande hu-mi-lia-tion».

Les supporters ivoiriens ont manifesté leur désapprobation, en désertant le stade après le troisième but concédé à la 75e minute, et surtout en manifestant leur mécontentement après la fin du match. Les joueurs ivoiriens ont quitté la pelouse sous escorte policière, et ils ont dû attendre de longues heures dans leur vestiaire avant de pouvoir le quitter en sécurité pour rejoindre leur hôtel.

Actuel sélectionneur de la République centrafricaine et grand connaisseur du football africain, le Vaudois de Sainte-Croix Raoul Savoy (50 ans) n’est pas surpris par ces réactions viscérales, voire haineuses, des supporters ivoiriens envers leur équipe nationale.

«En Afrique, quand ça ne tourne pas rond, les gens qui ont un peu d’agressivité en eux la laissent sortir d’une seconde à l’autre.»

Raoul Savoy, sélectionneur vaudois de la République cenrafricaine

«Non, cela ne me surprend pas, confirme-t-il. Il y a tellement de frénésie en Afrique! L’équipe nationale exacerbe toutes les émotions et toutes les passions. Donc quand ça ne tourne pas rond, les gens qui ont un peu d’agressivité en eux la laissent sortir d’une seconde à l’autre.»

Et puis, il y a aussi les énormes espoirs suscités par l’organisation de cette CAN en Côte d’Ivoire. «Les Ivoiriens attendaient de pouvoir accueillir cette phase finale depuis longtemps, confirme Savoy. Les investissements ont été énormes: nouvel aéroport, nouvelles autoroutes, nouveaux stades, nouveaux hôtels, etc. Les attentes étaient tellement fortes qu’après trois mauvais matches contre des équipes prétendument plus faibles, les réactions des supporters ont été exagérées. Mais ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire se serait produit dans n’importe quel autre pays d’Afrique dans les mêmes circonstances.»

Et que ferait Raoul Savoy à la place du sélectionneur de la Côte d’Ivoire, le Français Jean-Louis Gasset? «Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est une situation qui ne me déplairait pas, lance-t-il. D’abord, il faut attendre les résultats de ce mardi soir pour connaître le sort de la Côte d’Ivoire, qui pourrait encore finir parmi les meilleurs troisièmes. Dans ce cas-là, il y a deux méthodes. Ou bien le coach arrive à réunir ses joueurs, à leur marteler qu’ils ont frisé la correctionelle et que même s’ils se feront siffler à leur prochaine apparition sur un terrain, il ne leur reste plus qu’à faire plaisir aux gens. On sait qu’un supporter est versatile, par définition. Ou alors, tout le monde se fait au froc (sic!) et rentre chez lui.»

Aux joueurs ivoiriens de choisir, si tant est qu’ils puissent encore le faire.

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