Wimbledon: Nadal recadre Sonego en plein match puis présente ses excuses.

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WimbledonNadal recadre Sonego en plein match puis présente ses excuses. Étrange.

Visiblement irrité, Rafael Nadal a convoqué son adversaire au filet pour lui dire son fait… avant de réaliser le break décisif. «Je n’aurais pas dû», a reconnu l’Espagnol.

Mathieu Aeschmann Londres
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Mathieu Aeschmann Londres
Rafael Nadal a poursuivi son explication avec Lorenzo Sonego après la balle de match.

Rafael Nadal a poursuivi son explication avec Lorenzo Sonego après la balle de match.

AFP

Qu’est-il passé par la tête de Rafael Nadal? Et que reproche-t-il vraiment à Lorenzo Sonego? L’homme aux 22 titres du Grand Chelem aurait pu se passer d’une polémique qui ne lui ressemble pas, samedi soir. Il filait vers une qualification tranquille pour les huitièmes de finale de Wimbledon, lorsqu’il décida de faire basculer la troisième manche dans cette zone grise, à la frontière de la légalité, où se vautraient depuis déjà plus de deux heures Nick Kyrgios et Stefanos Tsitsipas sur le court voisin.

Que s’est-il passé? Lorenzo Sonego (tête de série No 27) venait de s’offrir un sursaut d’orgueil en débreakant dans le troisième set d’un magnifique passing plongé (6-1, 6-2, 4-4), quand «Rafa» fonça rapidement vers l’arbitre pour se plaindre. Rien d’anormal jusque-là. Sauf qu’au lieu de regagner le fond de court, l’Espagnol s’arrêta au filet, y convoqua son adversaire et commença à sermonner son cadet, dont la mine trahissait une totale incompréhension. Quelle était la nature du reproche? «Il y a des choses qui se sont passées durant le match et que je ne veux pas détailler ici car on en a parlé dans le vestiaire, éludait Nadal en conférence de presse. Disons qu’il existe des codes tacites entre les joueurs et qu’on n’était pas d’accord là-dessus.» Soit. Mais des cris en décalage avec la frappe – la raison de son courroux, semble-t-il – méritent-ils un tel recadrage?

«Je n’aurais pas dû l’appeler au filet. Je m’excuse pour cela. C’était une erreur et je le reconnais. Mon intention n’a jamais été de le déranger.»

Rafael Nadal, 22 titres du Grand Chelem

Samedi soir à Wimbledon, tout le monde s’accordait pour répondre que non. «Rafa aurait dû se contenter de parler à l’arbitre. On ne convoque pas son adversaire au filet; cette attitude ne lui ressemble pas, condamnait Martina Navratilova sur la BBC. Surtout que l’épisode a semblé déstabiliser Sonego qui s’est fait breaker direct derrière.» L’Italien perdit en effet son momentum et les deux derniers jeux du match; ce qui éveilla quelques remords chez Nadal. Après une tentative d’explication lors de la poignée de main, le Majorquin présentait même ses excuses lors de son passage devant la presse.

«D’abord, je dois vous dire que je me suis trompé. Je n’aurais pas dû l’appeler au filet. Je m’excuse pour cela. C’était une erreur et je la reconnais. Mon intention n’a jamais été de le déranger.» Immédiates et totales, les excuses de Rafael Nadal sont une preuve d’intelligence. Même les joueurs les plus fair-play ont le droit, parfois, de légèrement déraper.

Toute son équipe craint le Covid

Le plus intéressant reste donc ce que cet épisode raconte de l’état psychologique de «Rafa». Depuis le début du tournoi, l’Espagnol cherche son meilleur niveau et n’aime pas ce qui sort de sa raquette (en match comme à l’entraînement). À cela s’ajoute que depuis l’explosion des cas de Covid, toute sa garde rapprochée porte le masque constamment, y compris en extérieur pour limiter les risques. «Quand vous voyez un ami, comme Roberto Bautista Agut devoir quitter le tournoi, vous êtes obligé de redoubler de vigilance.» C’est vrai. Mais le clan Nadal ne grille-t-il pas trop d’énergie à tout vouloir contrôler? La quête du Grand Chelem est sans doute à ce prix. À condition de ne pas imploser.

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