Royaume-UniLondres va appeler d’urgence retraités et volontaires pour le système de santé
Le gouvernement britannique entend aussi donner davantage de pouvoir aux pharmacies, dans le cadre d’un plan pour soulager le service de santé, à la peine après des années d’austérité et le Covid.
Délais considérables pour obtenir un rendez-vous chez le médecin, listes d’attente sans fin pour subir une opération à l’hôpital, ambulances qui mettent trop de temps à arriver en cas d’urgence, le service gratuit de santé (NHS), institution adorée des Britanniques depuis sa création, en 1948, est au bord de la rupture. Pressée d’agir durant sa campagne, la nouvelle Première ministre Liz Truss en a fait une des trois priorités de son gouvernement, avec le soutien à la croissance économique et la lutte contre la crise énergétique.
Baptisé «Notre plan pour les patients», le paquet de mesures présentées jeudi a pour but de faciliter l’accès aux soins, en particulier cet hiver, avec l’objectif que les patients puissent obtenir un rendez-vous chez leur médecin généraliste «dans un délai de deux semaines», et «le jour même» pour les cas les plus urgents, a promis la ministre de la Santé, Thérèse Coffey, devant la Chambre des communes.
Davantage de médicaments sans ordonnance
Pour accroître la disponibilité des médecins, le gouvernement prévoit de faciliter le recrutement de personnel pour les assister, de faciliter le retour au travail de médecins retraités, de moderniser le système téléphonique de prise de rendez-vous ou encore de permettre aux pharmacies de vendre davantage de médicaments sans ordonnance.
Par ailleurs, un fonds de 500 millions de livres (environ 553 millions de francs) sera créé pour développer les prises en charge à domicile, cet hiver, afin de libérer des lits à l’hôpital. Le recrutement de personnel soignant à l’étranger, compliqué par le Brexit, sera renforcé. Mais la ministre a aussi appelé à un «effort national», en demandant notamment au million de volontaires qui s’étaient mobilisés pendant la pandémie de Covid-19 de reprendre du service.
Crise exacerbée par l’inflation
Ces mesures laissent sceptiques nombre de membres du personnel soignant, pour qui la crise s’explique surtout par la pénurie de médecins et d’infirmières. Ce plan ne va qu’«alourdir un service national en difficulté, en générant plus d’attentes, sans stratégie sur la manière de les satisfaire», a ainsi estimé Martin Marshall, responsable du Collège royal des médecins généralistes.
Cette crise du système national de santé, financé par l’impôt, est exacerbée par l’inflation, qui renchérit les dépenses d’énergie des hôpitaux, obligés de couper dans leurs dépenses. Le NHS, qui coûte 190 milliards de livres (210 milliards de francs) par an et emploie 1,2 million de personnes rien qu’en Angleterre, est depuis longtemps sous-financé.