Hockey sur glace: Au CP Berne, Daniel Manzato ressent «une certaine reconnaissance»

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Hockey sur glaceAu CP Berne, Daniel Manzato ressent «une certaine reconnaissance»

Avec l’arrivée du portier suédois Adam Reideborn, le gardien vaudois a été rétrogradé dans la hiérarchie des Ours. À 39 ans, et malgré son nouveau statut de numéro trois, il reste motivé.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Daniel Manzato compte deux apparitions sur la feuille de match depuis le début de la saison.

Daniel Manzato compte deux apparitions sur la feuille de match depuis le début de la saison.

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Depuis son dernier titre national décroché en 2019, le CP Berne est très clairement rentré dans le rang. Les Ours, après un championnat arrêté par la pandémie de coronavirus et deux saisons sans play-off, ont été sortis dès les quarts de finale par le rival biennois lors du dernier exercice. Mécontents, les dirigeants du club de la capitale ont réagi à ces résultats largement en deçà des attentes en engageant durant la trêve estivale un gardien étranger, le Suédois Adam Reideborn.

Cette arrivée a bouleversé la hiérarchie des portiers de la PostFinance Arena et le duo Philipp Wüthrich/Daniel Manzato a été rétrogradé. Ce dernier, désormais gardien numéro trois, a toutefois trouvé des raisons de s’épanouir dans ce nouveau rôle. À 39 ans, le gardien vaudois, loin d’être «frustré» malgré seulement deux présences sur le banc depuis le début de la saison (le 29 septembre à Porrentruy contre Ajoie et samedi à Fribourg), veut amener sa pierre à l’édifice d’une autre manière.

Daniel Manzato, comment avez-vous vécu l’arrivée du Suédois Adam Reideborn et les conséquences pour vous qui en découlent?

Dès le moment où Berne a pris cet été la décision de partir avec un gardien étranger, j’étais conscient que mon rôle allait évoluer et changer. Mais je me trouve super bien dans ce nouveau rôle. J’ai essayé de trouver une façon d’amener ma pierre à l’édifice du mieux possible. Ce ne sera pas nécessairement à travers les matches sur la glace, mais via les entraînements et les discussions avec les autres gardiens. L’objectif est que le portier de Berne qui joue soit dans les meilleures dispositions. Ça me tient à cœur d’essayer d’aider au maximum. C’est un discours que je peux tenir à 39 ans, avec la maturité et la carrière que j’ai vécue. Je ne tiendrais probablement pas le même discours si j’avais 22 ou 25 ans.

Du coup, comment ce nouveau statut de numéro trois se traduit-il au quotidien?

Ma charge d’entraînement n’est en tout cas pas moindre par rapport à ce que je connaissais auparavant. Je participe aux exercices spécifiques des gardiens, mais je suis aussi là pour les séquences de shoots, de power-play et les séances de tirs au but. Les joueurs en ont besoin. J’ai donc largement assez d’heures de glace par jour. Ce que j’aime aussi, c’est l’aspect mental. J’essaie de transmettre ce que j’ai connu dans mes expériences passées afin d’aider au maximum les autres gardiens et joueurs de l’équipe. En ce sens, je ne peux pas dire que je suis frustré de la situation, surtout que celle-ci a été claire dès le début. Je ressens d’ailleurs une certaine reconnaissance de l’organisation par rapport à ce que j’apporte à l’équipe. On a un groupe de leaders au sein de l’effectif dont je fais partie et au sein duquel je peux amener mes idées et ma manière de voir les choses.

«Je me mets un peu en retrait pour le bien de l’équipe. Il faut aussi des joueurs qui font ce sacrifice.»

Daniel Manzato, troisième gardien du CP Berne

Vous dites ressentir de la reconnaissance de la part du club. N’y a-t-il toutefois pas eu un sentiment de «trahison» lorsque les dirigeants ont décidé d’engager un nouveau gardien?

Pas du tout. Je suis conscient de la situation du club, qu’on avait été éliminés en quarts de finale des play-off la saison dernière. Je savais que l’organisation pouvait prendre pareille décision. De toute manière, je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort. Dans la vie, il y a des choses qu’on peut contrôler et d’autres qu’on ne contrôle pas. Lorsque c’est la deuxième possibilité, la question est de savoir ce que j’en fais et quels aspects positifs j’arrive à en tirer. Même si un gardien est arrivé et que j’ai automatiquement été dégradé, j’ai toujours senti de la part des dirigeants et de l’entraîneur un certain respect par rapport à ce que je peux leur apporter.

Vous avez été sur la feuille de match à deux reprises depuis le début du championnat. Est-il important pour vous de conserver cet aspect «compétition»? 

En début de saison, plusieurs étrangers étaient blessés. Il n’y avait donc pas de réserve à ce niveau là et Adam Reideborn était toujours présent dans l’alignement. Désormais, on a récupéré Corban Knight et ce retour m’a permis d’être parfois sur le banc. Ce que j’apprécie évidemment. Mais je suis conscient de la situation et j’essaie de trouver le meilleur moyen possible d’être là pour l’équipe. En ce sens, je me mets un peu en retrait pour le bien de l’équipe. Il faut aussi des joueurs qui font ce sacrifice pour que l’équipe fonctionne bien. Certains joueurs effectuent ce travail de l’ombre tout autant important. Je me mets clairement dans cette catégorie en ce moment.

Daniel Manzato a participé à quatre Championnats du monde (2007, 2009, 2011 et 2015) et été élu meilleur gardien de la saison 2006.

Daniel Manzato a participé à quatre Championnats du monde (2007, 2009, 2011 et 2015) et été élu meilleur gardien de la saison 2006.

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«Ça me tient à cœur de bien profiter et de m’impliquer pleinement jusqu’à mon dernier jour en tant que professionnel.»

Daniel Manzato, troisième gardien du CP Berne

Cette année transitoire peut-elle, justement, vous aider à penser sereinement à la suite?

Je suis conscient que, par rapport à mon âge, il me reste moins d’années que j’en ai jouées. Même si c’est un rôle différent, j’ai envie de profiter au maximum de ce temps en tant que gardien actif. Lorsque je prendrai ma retraite, je ne reviendrai pas en arrière. Ce sera un chapitre clos. C’est pour ça que ça me tient à cœur de bien profiter et de m’impliquer pleinement jusqu’à mon dernier jour en tant que professionnel, tout en restant bien sûr conscient qu’il faut aussi préparer la suite.

Ce dernier jour est-il planifié?

Non, du tout. Je me sens encore bien physiquement. J’ai énormément de plaisir à aller à l’entraînement, de faire le maximum pour encore m’améliorer. Tous les matins, je vais à la patinoire avec la banane, l’envie de me dépasser et pour trouver un moyen d’être meilleur, même s’il n’y a pas le match pour valider les éventuels progrès. Mais ça ne change rien à mes yeux. Une chose est quasi certaine: j’ai envie de rester dans le milieu du hockey. Je suis un passionné et j’ai l’impression que je pourrais apporter quelque chose à d’autres gardiens. Je dois encore déterminer sous quelle forme je pourrais me réorienter. Entraîneur des gardiens est quelque chose que je pourrais envisager. 

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