EgypteCondamné, le chef de l’opposition libérale privé de présidentielle
Hicham Kassem a été condamné samedi à six mois de prison ferme, pour «diffamation» envers un ancien ministre et «outrage à agents».
Un tribunal égyptien a condamné samedi Hicham Kassem, chef de l’opposition libérale, à six mois de prison ferme. Cette décision l’empêche de fait de participer à la campagne pour la présidentielle prévue au printemps. Kassem a été condamné à «trois mois ferme et 20’000 livres égyptiennes (environ 570 francs) d’amende» pour «diffamation» envers un ancien ministre et «trois mois ferme pour outrage à agents» lors de son interrogatoire dans le cadre de la première affaire», rapporte sur X Gameela Ismaïl, l’une des cadres du Courant libre, la coalition d’opposition dirigée par Kassem.
Un appel aura lieu le 7 octobre, précise sur Facebook Nasser Amin, son avocat. Kassem, 64 ans, est détenu depuis le 20 août et en grève de la faim depuis lors pour protester contre son incarcération.
A l’approche de la présidentielle, à laquelle le président Abdel Fattah al-Sissi entend se présenter, Le Caire a semblé donner des gages. Le régime a lancé un grand «dialogue national» censé donner de la voix à une opposition muselée et réduite à peau de chagrin par les arrestations durant une décennie. Il a aussi relancé son comité des grâces présidentielles. Plusieurs figures de l’opposition sont sorties en grande pompe de prison ces derniers mois.
35 arrestations en 3 semaines
Mais, notent les ONG, si le comité des grâces présidentielles a élargi un millier de détenus d’opinion, «trois fois plus ont été arrêtés» dans le même temps. Pour Gameela Ismaïl, «Hicham Kassem dérangeait le régime depuis longtemps car il dénonçait notamment le rôle de l’armée dans l’économie» égyptienne, en chute libre depuis des mois. Le Courant libre dit se réserver le droit à une «escalade» et ses cadres évoquent la possibilité de geler leurs activités et de boycotter la présidentielle ou le dialogue national.
De son côté, l’unique candidat déjà en campagne, Ahmed al-Tantawi, a révélé vendredi que son téléphone était sur écoute depuis septembre 2021, après que le laboratoire Citizen Lab de l’Université de Toronto y a établi la présence d’un logiciel espion. Il se dit «déterminé « à poursuivre sa campagne en dépit du fait que «ces derniers jours le rythme et la gravité des actions illégales et immorales entreprises par les forces de sécurité contre (sa) campagne se sont intensifiés».
«Au moins 35 membres de sa campagne ont été arrêtés en moins de trois semaines dans 13 provinces différentes», rapportait vendredi l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).