Alain Berset s’en prend à «la vindicte populaire»

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1er AoûtAlain Berset s’en prend à «la vindicte populaire»

Visiblement marqué par les attaques qu’il a subies, le conseiller fédéral a évoqué la dérive populiste du débat politique en Suisse et ceux «qui font de l’intransigeance une qualité».

Eric Felley
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Eric Felley

A l’occasion du 1er août, le conseiller fédéral Alain Berset a fait un constat amer sur l’évolution du débat politique en Suisse, qu’il a partagé lundi sur Facebook: «La controverse, la colère, le ressentiment constant et une étrange fierté dans l’analyse simpliste façonnent actuellement nos débats politiques. Cela affaiblit la Suisse». Durant ce week-end patriotique, le Fribourgeois s’est exprimé dimanche à Lucerne et lundi à Stein am Rhein (SH) et Vully-les-Lacs (VD)

Réseaux sociaux et indignation permanente

Visiblement marqué par les attaques contre lui – qui ont commencé par la pandémie du coronavirus et plus récemment au sujet de son vol en avion – le conseiller fédéral déplore: «Si nous nous penchons sur les dernières années, nous devons malheureusement constater que la culture des médias sociaux a bouleversé nos débats politiques. Cette culture qui se caractérise par de vaines polémiques, une indignation permanente, la vindicte populaire contre certaines personnes, ainsi que par une étrange fierté à privilégier les analyses simples, voire simplistes».

«L’inaptitude à la démocratie»

Sans les nommer, il parle de «Certains qui ont ainsi fait de l’intransigeance une qualité, alors qu’elle n’est en réalité qu’une attitude de blocage. Souvent confondue avec la fermeté, la volonté d’avoir toujours raison n’est rien d’autre qu’une inaptitude à la démocratie».

Redéfinir la neutralité face aux régimes autoritaires

Alain Berset constate également que la pandémie et la guerre en Ukraine sont en train de changer le monde: «Mais personne ne sait comment». Il a listé les difficultés à résoudre: «Comment définir notre neutralité dans un monde globalisé, où les démocraties sont en concurrence avec des régimes autoritaires? Comment concilier la solidarité avec l’Ukraine avec notre neutralité? Que signifie la guerre pour notre propre sécurité? Et comment éviter que l’inflation affaiblisse davantage encore les plus démunis?»

«… et d’aller boire une bière ensemble»

Pour y répondre, il a repris le fil rouge de son discours: «Voulons-nous relever ces défis grâce à notre culture du débat, parfois rude, mais toujours constructive? Ou allons-nous camper sur nos positions, en méprisant les autres?» Pour conclure sur une note positive en ce jour de fête nationale, il a rappelé ce qui doit nous unir: «Ce n’est pas d’être toujours gentil avec les autres. Non, c’est de pouvoir débattre de tout, mais pas éternellement non plus. C’est de s’affronter, avant de trouver un terrain d’entente. C’est d’avoir des débats politiques houleux, puis d’aller boire une bière ensemble».

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