DiplomatieLe G7 veut élargir le front des démocraties face à Moscou et Pékin
En conviant cinq pays émergents, exposés aux risques de crise alimentaire, le G7, réuni en sommet en Bavière, cherche notamment à attirer dans «son» camp l’Inde, le Sénégal et l’Afrique du Sud.
Les dirigeants de l’Inde, de l’Argentine, du Sénégal, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se sont joints lundi après-midi aux discussions menées par les dirigeants du G7 – Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni –, au château d’Elmau, au pied des Alpes bavaroises.
Pour l’hôte du sommet, le chancelier allemand Olaf Scholz, cette invitation doit montrer que la «communauté des démocraties» ne se résume pas à «l’Occident et aux pays de l’hémisphère nord». Dans un G7 dominé par la guerre de la Russie contre l’Ukraine, mais aussi les crises climatique et alimentaire, «dialoguer avec ces pays essentiels» jouant des «rôles de leaders régionaux» est une «bonne chose», explique Thorsten Brenner, directeur du laboratoire d’idées Global Public Policy Institute.
«Le G7 doit faire comprendre que si c’est bien la guerre de la Russie, et non les sanctions, qui contribue aux problèmes de sécurité alimentaire mondiale, l’Occident, de son côté, assume la responsabilité de faire progresser la sécurité alimentaire dans les pays les plus vulnérables», estime Thorsten Brenner.
«Respecter l’intégrité territoriale»
Dans la matinée, les sept chefs d’État et de gouvernement ont ainsi lancé un nouvel appel à Moscou d’assurer le «libre passage» des denrées venant d’Ukraine. Mais cette invitation de pays qui représentent plus de 1,7 milliard d’habitants revêt d’autres enjeux stratégiques, cinq mois après le début de l’invasion de l’Ukraine.
Le G7 cherche en effet à attirer dans son camp l’Inde, le Sénégal et l’Afrique du Sud, qui se sont abstenus lors du vote d’une résolution de l’ONU condamnant l’attaque russe. Lundi, ces trois pays ont cosigné une déclaration du G7 sur les valeurs démocratiques, qui s’engage notamment à «respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des autres États», tout en s’opposant à «la menace ou au recours à la force».
«Sur la guerre en Ukraine, nous portons des regards différents, nous le savons tous, c’est pourquoi il est important que nous en parlions ensemble et que nous échangions nos points de vue respectifs», a souligné Olaf Scholz à l’issue de la rencontre. Ces pays sont d’ailleurs dans le même temps courtisés par Vladimir Poutine, qui a prôné, le 22 juin, un rôle renforcé du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en lien avec des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
La Russie est ainsi en train de «réorienter de manière active ses flux commerciaux et ses contacts économiques extérieurs vers des partenaires internationaux fiables, avant tout vers les pays des Brics», avait souligné le leader du Kremlin, citant par exemple «des pourparlers sur l’ouverture de chaînes de magasins indiens en Russie».
Équilibre difficile pour l’Inde»
L’Inde, en particulier, cherche un équilibre difficile entre les relations qu’elle entretient avec l’Occident et avec la Russie, qui lui fournit une grande partie de ses besoins en armes et en énergie, sur fond de rivalité avec Pékin.
Ce G7 a d’ailleurs mis sur les rails, à l’initiative des États-Unis, un vaste programme d’investissements, destiné à mobiliser 600 milliards de dollars d’ici 2037, à destination des pays en développement, censé répondre aux immenses chantiers financés par la Chine.