CommentaireF-35: la messe est dite, l’histoire peut commencer
Après la signature du contrat lundi, la gauche et le GSsA ont retiré leur initiative. L’avenir dira si le Parlement a fait le bon choix.
- par
- Eric Felley
Les institutions ont fonctionné, le choix est fait: le F-35 commandé. La gauche et le GSsA ont retiré ce mardi leur initiative Stop F-35. «La Coalition contre le F-35 a décidé, après de longues et intenses réflexions et discussions, de retirer l’initiative» a déclaré Fabien Fivaz sur La Première. Les initiants ont toutefois des mots assez durs envers la cheffe de l’armée, Viola Amherd, qui n’a pas tenu ses promesses et s’est prêtée à un «processus antidémocratique» pour contourner l’initiative.
Un appareil critiqué
L’issue de ce processus d’acquisition du nouvel avion de combat par la Suisse n’est pas sans laisser quelques doutes ou regrets. Même si la majorité des parlementaires ont été convaincus que tous les doutes sont levés sur le prix fixe, sur la conformité de l’évaluation, sur la formation des pilotes, sur les infrastructures à construire et sur le développement futur de cet avion, celui-ci reste un appareil critiqué pour ses nombreux défauts, en particulier aux États-Unis. Son armée vient d’ailleurs de suspendre les livraisons du F-35, car on y a découvert un composant d’origine chinoise.
Sens critique émoussé
La guerre en Ukraine a provoqué un réflexe pro militaire au sein de la droite bourgeoise à Berne. La situation de crise a passablement émoussé le sens critique face à la nécessité impérieuse et rapide de moderniser l’armée. Comme l’a relevé dans les débats le socialiste Pierre-Alain Fridez (PS/JU), à ce jour aucun pilote suisse n’a volé sur cet avion. Ce n’est pas grave, ils auront tout le temps de s’y préparer. L’histoire du F-35 en Suisse ne fait que commencer et gageons qu’elle nous réservera des surprises bonnes ou moins bonnes.
Une simple bonne affaire
L’achat de cet avion ne devait obéir qu’à un seul principe: celui du rapport qualité-prix. C’est là qu’on peut exprimer des regrets. Des considérations politiques plus larges, notamment dans le cadre de nos relations avec Bruxelles, auraient pu aboutir à un choix de bon voisinage, plutôt qu’une simple bonne affaire avec les Américains.
D’autant plus que ce choix a forcément des conséquences politiques en nous rapprochant de l’OTAN. Sur la manière aussi, il nous a mis en froid avec la France, qui s’était engagée pour ses Rafales. Le Conseil fédéral n’a pas fonctionné au top dans cette affaire.
En catimini
Lundi, Armasuisse a pris tout le monde de court en annonçant – avant même les votes finaux de la session - la signature du contrat. Pas de conférence de presse, mais une vidéo envoyée aux médias, où l’on voit le directeur général de l’armement, Martin Sonderegger, et le chef du projet d’acquisition des nouveaux avions, Darko Savic. Ils ont signé ce papier entre eux, à l’image ce qui s’est passé tout au long du processus d’acquisition, à l’abri des curieux.