Grèce - L’île d’Eubée continue de brûler, le nord d’Athènes stabilisé

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GrèceL’île d’Eubée continue de brûler, le nord d’Athènes stabilisé

Des centaines de personnes ont déjà été évacuées de la deuxième plus grande île grecque. Les incendies ne sont pas maîtrisés. D’autres évacuations pourraient avoir lieu.

Les pompiers grecs, aidés de renforts aériens et terrestres de plusieurs pays européens, luttaient dimanche pour le 12e jour consécutif contre de violents feux de forêt qui embrasent toujours l’île d’Eubée, mais sont en rémission au nord d’Athènes. Si la plupart des feux étaient maîtrisés dimanche en Turquie, le sinistre de l’île d’Eubée, la deuxième plus grande de Grèce, restait le plus préoccupant du pays.

«D’après ce que l’on voit, le feu n’est pas près d’être sous contrôle», a déclaré le maire de Mantoudi, une commune d’Eubée, sur Skai TV. En proie aux feux depuis six jours, cette langue de terre coincée entre l’Attique et la mer Égée offrait un panorama apocalyptique. Le long des routes, les résidents aspergeaient d’eau leurs terrains, tandis que les flammes engloutissaient les zones boisées. Aux portes d’Athènes, le sinistre qui a détruit des dizaines d’habitations, d’usines et d’entreprises était en rémission dimanche, ont indiqué les pompiers grecs.

«On en a vécu des incendies, mais cette situation, c’est du jamais vu», se désole Nikos Papaioannou, un habitant de Gouves, sur l’île. Malgré le relief accidenté, près de 500 pompiers poursuivaient leur combat acharné contre le feu dans le nord de l’île, qui s’est réveillée dimanche enveloppée dans un épais nuage de fumée et sous une pluie de cendres. Parmi eux figurent quelque 200 pompiers venus d’Ukraine et de Roumanie, renforcés par sept avions et hélicoptères bombardiers d’eau, selon les services d’incendies grecs.

Mais «les forces ne sont pas suffisantes», a estimé Giorgos Kelaïtzidis, vice-gouverneur d’Eubée. «La situation est critique à l’heure actuelle». Selon lui, au moins 35’000 hectares et des centaines de maisons ont brûlé. «On livre un combat titanesque mais il faudra beaucoup de temps pour reconstruire», a-t-il ajouté.

Abandonnés aux mains de Dieu

Le principal front de l’incendie avait été estimé à 30 km de large samedi par les autorités. «Le front est trop grand. On essaye de sauver le village mais les moyens sont insuffisants», s’est lamenté Nikos Papaioannou. «C’est dramatique. On va tous finir à la mer». Quelque 2000 habitants de l’île ont été évacués et relogés dans des hôtels. Des ferrys et des navires militaires étaient en alerte en cas de nouvelles évacuations par la mer, alors que 350 habitants supplémentaires ont été récupérés sur une plage de Pefki dimanche, selon les garde-côtes.

Alors que les flammes se dirigeaient vers la ville d’Istiaia dimanche matin, dévorant habitations et pinèdes, Iraklis, un habitant, a estimé sur Open TV que «40’000 personnes vivront comme des morts-vivants, ces prochaines années, à cause de la destruction de la région». «Pour les 40 prochaines années on n’aura pas de travail, et l’hiver, on va être noyés sous les eaux sans les forêts pour nous protéger», s’est aussi désespéré Yannis Selimis, un autre habitant de Gouves.

Fronts toujours actifs

Dans le village où les habitants s’échinent à arroser leurs maisons, le jeune homme estime que «l’État est absent. Si les gens partent, les villages vont brûler (…) On est abandonnés aux mains de Dieu». Dans le Péloponnèse, les principaux fronts dans les régions du Magne, d’Ilia et de Messinie, où plusieurs villages ont été évacués samedi, étaient toujours actifs dimanche.

De nombreuses forces terrestres continuaient lundi matin de lutter contre les flammèches au pied du mont Parnès, en particulier les unités venues d’Israël mais aussi de Chypre et de France, dans le cadre du dispositif européen d’aide aux incendies, selon les pompiers. Un incendie en Crète a été maîtrisé, tandis que la situation était stabilisée dans le Péloponnèse mais plus de 300 pompiers restaient mobilisés lundi matin, selon les autorités.

Plus de 56’000 hectares ont été ravagés ces dix derniers jours en Grèce, selon le Système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS). Quelque 1700 hectares avaient brûlé en moyenne sur la même période entre 2008 et 2020.

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