Tour de FranceMark Cavendish abandonne et voit s’envoler le record de victoires
Le Britannique de 38 ans a abandonné lors de la 8e étape, ce samedi, après une chute. Il ne battra donc pas le record de victoires d'étape sur la Grande Boucle, qu'il détient avec Eddy Merckx.
Du rêve de gloire au cauchemar sur une départementale: la quête de Mark Cavendish de battre le record de victoires d'étape sur le Tour de France s’est fracassée samedi, au cours de la 8e étape, lors d'une chute qui a forcé le Britannique à l'abandon.
Ultime paradoxe d'une carrière qui n'en manque pas, le destin du «Cav», habitué à braver les dangers lors d'arrivées au sprint venimeuses, s'est scellé sur une route de Nouvelle-Aquitaine totalement plate et sans danger, en entrant dans le bourg de La Chapelle-Verlaine, sur la D85, à 63 kilomètres de l'arrivée.
Roulant alors à 44,9 km/h au milieu du peloton, le Britannique de 38 ans a violemment tapé le bitume. Se tenant d'abord la tête entre les mains, il a rapidement touché son épaule droite, en grimaçant de douleur, un geste qu'on voit si souvent chez les coureurs cyclistes. Son équipe Astana a confirmé dans la soirée qu'il souffrait d'une fracture à la clavicule droite.
Celui qui est désigné par ses pairs comme le meilleur sprinteur de tous les temps a été immédiatement pris en charge par le personnel médical, avant de prendre place, les larmes aux yeux, dans l'ambulance qui le conduisait à l'hôpital.
Ainsi se termine la glorieuse histoire du coureur de l'équipe Astana avec le Tour de France. Un mélange de tragédies – c'est déjà son septième abandon sur la Grande Boucle – et de triomphes, lui qui détient le record de victoires d'étapes (34) avec Eddy Merckx, le plus grand de tous les temps.
Car ce Tour de France restera comme le dernier de sa carrière, puisqu'il avait annoncé lors du Giro en mai qu'il allait arrêter sa carrière à la fin de la saison.
Un palmarès XXL
«C'est très triste qu'une légende comme lui termine comme ça», a réagi Pedersen, qui a remporté en force le sprint massif à Limoges en résistant au retour des Belges Jasper Philipsen et Wout Van Aert dans la dernière montée.
Vendredi à Bordeaux, Cavendish avait été tout près de battre ce record d'un autre temps, avant d'être rattrapé in extremis par le Belge Jasper Philipsen et de terminer 2e de l'étape. L'homme aux 162 victoires avait alors évoqué une «énorme déception», tout en promettant de «réessayer» dès samedi.
Très souriant au départ samedi à Libourne, il y a encore confié son envie d'écrire l'histoire sur la Grande Boucle.
Mark Cavendish, c'est d'abord un palmarès. 162 victoires au total, dont Milan-SanRemo, le titre de champion du monde en 2011, 34 victoires d'étape sur le Tour de France, 17 sur le Tour d'Italie et 3 sur le Tour d'Espagne.
Affamé de victoires
La plupart de ces succès, l'ancien pistard les a arrachés avec les dents, porté par une soif de vaincre rare. «Quand je me réveille en pleine nuit, je ne pense pas à ma femme mais à la prochaine ligne d'arrivée», dira-t-il un jour à la BBC.
Cet appétit vorace lui a notamment permis de survoler le Tour de France 2021 en raflant quatre étapes et le maillot vert.
Mais ses 17 années professionnelles ont été loin d'être un fleuve tranquille pour «The man of Man», qui aura connu les affres d'une dépression et l'offensive du virus d'Epstein-Barr.
Sur le plan professionnel aussi, ça a été compliqué. En fin de contrat avec Quick-Step, Cavendish pensait trouver une nouvelle maison chez B&B Hotels cet hiver mais l'équipe bretonne a périclité faute de parraineur. Après quelques semaines de confusion, il a atterri chez Astana où son ancien coéquipier Alexandre Vinokourov, devenu manager de l'équipe kazakhe, lui a tendu la main.
Personnage orgueilleux, caractériel et obstiné, il avait fait d'une 35e victoire le dernier grand objectif d'une carrière colossale. Mais son rêve s'est brisé au kilomètre 137. Et la question se pose désormais si on le reverra un jour sur un vélo.