Violences faites aux femmes: l’Europe pointe les «lacunes» de la Suisse

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Lutte contre les violences envers les femmesL’Europe pointe du doigt les «lacunes» de la Suisse

Un Groupe d’experts du Conseil de l’Europe reconnaît les mesures prises par Berne pour se conformer aux obligations du traité d’Istanbul. Mais il critique notamment la définition du viol.

La Suisse a de nombreuses lacunes en ce qui concerne la lutte contre la violence envers les femmes.

La Suisse a de nombreuses lacunes en ce qui concerne la lutte contre la violence envers les femmes.

AFP

Que fait la Suisse pour prévenir et combattre la violence envers les femmes ainsi que la violence domestique? C’est sur cette question que le Groupe d’experts internationaux du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) a évalué la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul en Suisse.

Dans son rapport publié mardi, le GREVIO salue le grand nombre de mesures prises par la Suisse et les bases légales existantes pour la protection des victimes de violence, comme la loi sur l’aide aux victimes d’infractions ou encore la bonne collaboration entre Confédération, cantons et communes.

Pas le même accès pour tout le monde

Mais il y a de nombreux points à améliorer, relève le rapport. Il s’agit notamment de l’absence de définitions et d’une approche commune, au niveau national, de la violence à l’égard des femmes, précise-t-il. De plus, le financement des politiques, programmes et mesures de prévention et de lutte contre toutes les formes de violence faites aux femmes reste insuffisant, déplore le GREVIO.

Les experts pointent le fait que les organisations fournissant des services de soutien spécialisés aux victimes de violence ne bénéficient souvent pas d’un financement adéquat et durable. «Ces lacunes, couplées à un manque d’harmonisation des prestations au titre de l’aide aux victimes, ont pour conséquence que toutes les femmes victimes de violence n’ont pas accès de la même façon à un hébergement en refuge et à un accompagnement de qualité sur l’ensemble du territoire».

Notion du viol critiquée

Le GREVIO s’inquiète aussi du fait que la définition en vigueur du viol n’est pas conforme aux exigences de la Convention et fait reposer la définition du viol (ndlr: actuellement débattue au Parlement) sur l’absence de libre consentement de la victime. Il constate aussi «la persistance, au sein de l’appareil judiciaire, de stéréotypes de genre pouvant conduire à culpabiliser les femmes victimes de violences et à minimiser la gravité de ces violences».

Le Conseil fédéral s’est défendu de ces critiques. Il rappelle son engagement pour «une mise en œuvre systématique des objectifs de la Convention d’Istanbul», précise-t-il dans sa réponse au rapport. Et de mentionner le plan national d’action en vue de la mise en œuvre de la Convention en juin 2022, la Stratégie Égalité 2030, adoptée en avril 2021 ou encore la création d’une ligne téléphonique nationale 24h/24. pour les victimes de violences.

Amnesty satisfait des critiques sur la définition du viol

(cht)

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