Hockey sur glacePas de «drama» à FR Gottéron, mais faut-il s’inquiéter?
Les Dragons, dans une mauvaise passe, se déplacent ce mardi à Zoug pour un duel couperet en vue des play-off. Christian Dubé et ses hommes rappellent qu’ils sont maîtres de leur destin. L’opinion extérieure est plus soucieuse.
- par
- Chris Geiger Fribourg
«Un pas de géant vers les play-off pour Gottéron» titrait, le 6 février dernier, le quotidien «La Liberté» au lendemain de la grosse victoire obtenue par l’équipe fribourgeoise sur la glace des Vernets. Car en battant le leader genevois, les Dragons avaient fait le trou (8 points d’avance) sur la première barre et semblaient être à l’abri de toute mauvaise surprise. Du moins le pensait-on.
Car, trois semaines plus tard, la formation dirigée par Christian Dubé a vu sa marge méchamment fondre (2 unités) sur la 7e place occupée par Zoug, qu’elle affronte ce mardi soir (19h45) en Suisse centrale dans un match de tous les dangers. Une situation périlleuse que Christoph Bertschy et ses partenaires n’avaient pas franchement planifié.
«Ce n’était pas du tout ce qui était prévu, concède l’international suisse. On ne voulait pas du tout se retrouver sous pression lors des trois derniers matches de la saison régulière. Malheureusement, c’est le cas. C’est comme ça. On ne peut plus rien changer maintenant. On s’est mis tout seul dans cette situation, mais on a encore tout dans nos mains. C’est ça le positif.»
À l’heure d’entamer la dernière ligne droite de la saison régulière, Gottéron tente logiquement de voir le verre à moitié plein, malgré un passage à vide qui intervient au pire des moments (trois défaites de suite, quatre revers en cinq matches depuis la reprise). Une série négative qui a d’ailleurs mis en rogne le fidèle public de la BCF Arena, lequel a copieusement sifflé ses protégés samedi après la claque subie contre Rapperswil (2-6).
Dufner absent
«Chaque joueur professionnel qui se fait siffler et huer par ses propres spectateurs doit avoir assez de fierté pour réagir et montrer de quoi il est capable, lance le capitaine Julien Sprunger. On comprend très bien la situation. On peut effacer tout ça en gagnant ce match à Zoug et en se qualifiant directement pour les play-off. Il ne faut donc pas tout voir négativement, même si ça faisait sacrément longtemps que les supporters ne nous avaient pas sifflé.»
Si les joueurs ne semblaient pas particulièrement marqué par cette séquence lundi lors de l’entraînement matinal, l’ambiance lors de ce dernier – auquel n’a pas pris part Mauro Dufner, malade – était toutefois des plus studieuses.
«Tout le monde est concentré et a à cœur de réagir, assure le mythique No 86 des Dragons. Vu le contexte, il est difficile d’arriver à la patinoire en étant tout positif, mais il ne faut pas dramatiser la situation non plus. On a analysé les deux derniers matches contre Bienne et Rapperswil. Il n’y avait pas que du négatif, au contraire.»
Dans le Seeland, par exemple, les Fribourgeois n’avaient pas été récompensés de leurs efforts et avaient buté sur un mur en la personne de Harri Säteri, auteur de 30 arrêts et d’un blanchissage. Mais le manque de tranchant offensif de Gottéron durant le dernier week-end n’a pas échappé à Christian Dubé, qui va titulariser à la Bossard Arena Janne Kuokkanen en lieu et place de Juuso Vainio. Conscient de l’enjeu, le coach canadien appelle toutefois à ne pas céder à la panique.
Dubé tempère
«Il faut arrêter de dramatiser la situation, tempère-t-il. Même si on ne gagne pas à Zoug, il restera encore deux matches après ça. Ce n’est pas une situation plaisante. Mais s’il faut passer par cette phase-là, alors on passera par cette phase-là. Depuis plusieurs années, on a su montrer qu’on savait répondre présents face à l’adversité.»
Les dernières prestations de FR Gottéron n’augurent toutefois rien de bon, selon Michael Ngoy. Consultant pour «Radio Fribourg», l’ancien défenseur des Dragons (entre 2005 et 2016) ne voit pas beaucoup de signaux positifs actuellement dans les rangs de son ancienne équipe.
«J’ai une crainte car ce passage à vide arrive au pire des moments, souligne l’ex-joueur de Lausanne et d’Ambri. Les Fribourgeois sont en plein doute. On sait qu’ils sont capables du meilleur comme du pire. Mais quand c’est le pire, c’est vraiment le pire. Il n’y a pas grand-chose de positif à retirer des derniers matches.»
Pour Ngoy, le problème se situe avant tout sous les casques. «Les joueurs sont nerveux. La tendance actuelle ne peut pas s’inverser du jour au lendemain. Sur les derniers matches, il n’y a pas un seul joueur qui sort du lot. Tout le monde compte sur l’autre pour faire le travail. Je pense qu’il y a un doute dans leur tête. Je ne m’attendais pas à pareille contre-performance de Fribourg au niveau du fond du jeu. Ça pose pas mal de questions et ça suscite le doute.»
Reconstruire la confiance
Inquiet, le Vaudois de 41 ans a raison de l’être au regard des dernières confrontations entre Taureaux et Dragons (un seul point pris par Gottéron sur les neuf possibles). Pour autant, avec son expérience, Michael Ngoy sait qu’une méthodologie pour se sortir de pareille spirale existe.
«Les joueurs savent que quelque chose ne joue pas, affirme-t-il. Le plus difficile est de trouver des solutions lorsque tu es dans le doute. Le problème, c’est que Fribourg n’a plus le temps. Il ne lui reste que six jours pour faire tourner les choses. Il faut donc y aller par étapes. D’abord, d’un point de vue collectif, il faut essayer de ne pas encaisser de but lors des 20 premières minutes. Ensuite, sur le plan individuel, il faut tenter de mettre des checks et de bloquer des shoots. C’est comme ça, petit à petit, que tu vas reprendre confiance.»
En ce sens, le programme de la semaine qui attend l’équipe de Christian Dubé – déplacements à Zoug ce mardi et à Ajoie jeudi, réception de Langnau samedi – semble favorable pour chasser les mauvais esprits. «Comme les Dragons vont jouer contre les deux derniers du classement, il y aura encore une pression supplémentaire car ils n’auront pas le droit de perdre, nuance Michael Ngoy. Ça risque d’être délicat. Mais Fribourg est capable de faire des miracles quand on ne l’attend pas.»
Inégalable lorsqu’il s’agit de titiller l’orgueil de ses joueurs, Christian Dubé saura-t-il, une fois encore, tirer sur la bonne corde? Réponse samedi soir, aux alentours de 22h00.