Violences contre les femmes – Paris veut faciliter le dépôt de plaintes

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Violences contre les femmesParis veut faciliter le dépôt de plaintes

Procédure entamée hors du commissariat, à n’importe quelle heure, information régulière, présence d’un avocat sont quelques pistes évoquées par le ministre français de l’Intérieur.

Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entend aussi veiller au «bon niveau d’expérience» des policiers et gendarmes lors du dépôt des plaintes.

Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entend aussi veiller au «bon niveau d’expérience» des policiers et gendarmes lors du dépôt des plaintes.

AFP

En réponse aux femmes dénonçant le mauvais accueil dans des commissariats, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, jeudi, de nouvelles mesures afin de faciliter le dépôt de plaintes pour violences conjugales ou viol. Les témoignages mettant en cause l’accueil des victimes de violences conjugales ou de viol dans certains commissariats se sont multipliés sur les réseaux sociaux, ces dernières semaines, sous le mot-dièse #DoublePeine.

«La façon dont les personnes sont reçues dans les gendarmeries et les commissariats sont très bonnes, dans des conditions très difficiles pour les policiers et les gendarmes devant l’explosion des plaintes», a estimé Gérald Darmanin, selon qui «190’000 plaintes» sont suivies chaque année. Mais, il a reconnu qu'«il y a encore ici ou là des difficultés, parfois par manque de formation», tout en soulignant les efforts importants faits dans ce domaine.

Jour et nuit

«L’avocat est quoi qu’il arrive autorisé lors d’un dépôt de plainte, et il est évident que les plaintes doivent être prises à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit», a rappelé le ministre lors d’un point presse à l’hôtel de police d’Avignon. Dans un télégramme envoyé aux préfets, cosigné par la ministre déléguée Marlène Schiappa, il a insisté sur le fait que «la qualité de traitement de ces faits doit être une priorité».

Cette clarification est bienvenue, car elle «devrait permettre aux victimes de porter plainte dans de meilleures conditions», a réagi Rachel-Flore Pardo qui, avec une centaine d’autres avocats, s’est mobilisée ces dernières semaines sur cette question. «C’est une première étape, dont nous nous félicitons, mais ce n’est pas suffisant, car notre combat est que ce droit soit consacré expressément dans le Code de procédure pénale», a ajouté sa consœur Karen Noblinski.

Il faut des policiers expérimentés

«L’examen dans une unité médico-judiciaire doit être systématiquement envisagé lorsqu’une victime se présente, pour dénoncer des faits d’abus sexuels, et une information sur une prise en charge psychologique doit être donnée», ont aussi recommandé les ministres. Il est également demandé une information «régulière» de la victime sur l’avancée de la procédure, et à la hiérarchie de veiller au «bon niveau d’expérience» des policiers et gendarmes pour «la prise en charge et la conduite des auditions».

Le ministre a confirmé le lancement d’une expérimentation de prise de plainte hors les murs du commissariat ou de la gendarmerie, si les victimes le souhaitent, dans le Vaucluse, le Pas-de-Calais, la Haute-Corse, la Sarthe et plusieurs arrondissements parisiens. Dans ces zones, «les gendarmes et les policiers iront chez autrui, au domicile de la personne, chez une amie de cette personne, dans une mairie ou dans un cabinet d’avocats, pour prendre la plainte sur place et pas seulement dans un commissariat de police», a-t-il dit. Un dispositif de plainte à l’hôpital est déjà expérimenté.

Ivre, donc consentante

Plusieurs témoignages ont mis en cause, ces dernières semaines, le commissariat central de Montpellier. «On demande aux victimes de viol si elles ont joui» ou «on leur explique qu’une personne qui a bu est forcément consentante», avait dénoncé la militante féministe Anna Toumazoff.

En France, en 2020, 102 femmes - pour 23 hommes - ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, selon des chiffres dévoilés, début août, par le ministère de l’Intérieur.

(AFP)

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