Credit Suisse: Les 50 milliards de la BNS font tousser au Palais fédéral

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Credit SuisseLes 50 milliards de la BNS font tousser au Palais fédéral

L’aide conséquente et rapide de la BNS au Credit Suisse durant la nuit soulève des questions. La gauche reproche à la BNS d’avoir fait un gros cadeau aux actionnaires.

Eric Felley
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Eric Felley
Au Palais fédéral, le Parlement n’est pas impliqué directement dans la gestion de la crise.

Au Palais fédéral, le Parlement n’est pas impliqué directement dans la gestion de la crise.

Service du Parlement

Tous les parlementaires ont reçu mercredi un communiqué conjoint de l’Autorité de surveillance des banques (FINMA) et de la Banque nationale suisse (BNS) concernant les incertitudes du marché et la situation du Credit Suisse. Ce communiqué se voulait rassurant et précisait que «Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d’importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à sa disposition».

«Quelque chose nous échappe»

Le besoin s’est rapidement fait sentir. Quelques heures plus tard, dans la nuit, on apprenait que le Credit Suisse allait emprunter la somme de 50 milliards de francs à la BNS! Son directeur général, Ulrich Körner, a parlé «d’une action décisive pour renforcer le Credit Suisse». Pour le conseiller national Jean-Paul Gschwind (C/JU), membre de la Commission des finances, cette situation n’est pas très claire entre le communiqué et le besoin subit d’une telle somme: «Il nous manque là une explication. Pourquoi sommes-nous passés de propos rassurants sur la solidité de la banque à une aide de 50 milliards? Quelque chose nous échappe. Cela dit, la BNS gère ses affaires de manière autonome et le Parlement n’est pas associé, à ce stade, à ses décisions.»

«La Suisse est derrière sa banque»

Mais pour Jean-Pierre Grin (UDC/VD), également membre de la Commission des finances, ces 50 milliards sont «un signal. La banque est solide. Ces 50 milliards sont là pour redonner de la confiance aux clients et renforcer l’action». En effet, l’action a rebondi ce matin de plus de 30% après la chute de 24, 2% de mercredi.  «Ce prêt de la BNS montre que la Suisse est derrière sa banque, poursuit le Vaudois. La Suisse ne peut pas se permettre de la laisser tomber. La BNS joue tout à fait son rôle dans cette situation. Si Credit Suisse devait couler, ce serait un camouflet pour notre pays avec de graves conséquences endémiques sur notre économie.»

Un cadeau de 3 milliards pour les actionnaires

À gauche, les réactions sont plutôt mitigées. «Quand les Cantons ont besoin de 2 milliards, c’est non, mais quand Credit Suisse en a besoin de 50, alors c’est oui…» réagit à chaud Samuel Bendahan (PS/VD). Il constate que, grâce à l’effet d’annonce de la BNS au milieu de la nuit, l’action de Credit Suisse a rebondi jeudi à l’ouverture: «C’est un cadeau de 3 milliards de francs que la Confédération fait aux actionnaires! J’ai dit que j’étais favorable à une intervention pour sauver la banque, mais pas de cette façon. La Confédération aurait dû intervenir différemment à travers un fonds souverain, en achetant des actions ou d’une manière à ce que le risque pris avec l’argent public revienne aussi à la population et pas seulement aux actionnaires et dirigeants, qui en plus sont les fautifs dans la mauvaise gouvernance de la banque.»

Dans la journée, après le rebond de 32% à 2,17 francs, le cours de l’action Credit Suisse s’est à nouveau tassé de 12%, pour atteindre 2 francs à 10 heures.

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