RechercheEn mourant, on voit peut-être bien défiler sa vie
Un homme est subitement décédé alors qu’il passait un scanner du cerveau. L’appareil a relevé alors une activité proche de celles des rêves et des souvenirs.
- par
- Michel Pralong
Comment savoir ce qui se passe dans notre cerveau au moment de notre décès? Il y a bien eu quelques expériences de mort imminente, ou des tests d’enregistrement d’ondes cérébrales sur des rongeurs que l’on sacrifiait, mais rien de vraiment significatif. C’est par hasard que des chercheurs ont obtenu un élément de réponse.
Un patient de 87 ans souffrant d’épilepsie passait un scanner du cerveau à la recherche de signes de convulsion. C’est alors qu’il a fait un arrêt cardiaque et est décédé pendant l’enregistrement de son activité cérébrale. Les chercheurs ont ainsi inopinément pu disposer de données récoltées 30 secondes avant et après la mort, écrit ZME Science.
«Juste avant et juste après que le cœur a cessé de fonctionner, nous avons observé des changements dans une bande spécifique d’oscillations neurales, appelées oscillations gamma, mais aussi dans d’autres telles que les oscillations delta, thêta, alpha et bêta», explique le Dr Ajmal Zemmar, neurochirurgien à l’Université de Louisville (USA) et directeur de l’étude parue dans Frontiers in Aging Neuroscience.
Ondes liées à la mémoire
Or ces ondes gamma sont les oscillations cérébrales les plus rapides et sont associées à des fonctions d’acquisition de connaissance et de récupération de la mémoire. Elles sont également émises lors d’une intense concentration, du rêve et de la méditation. Pour les chercheurs, cela plaiderait pour le fait que le cerveau puisse générer une activité coordonnée au moment de la mort. Mais laquelle?
«Étant donné que le couplage croisé entre l’activité alpha et gamma est impliqué dans les processus cognitifs et le rappel de la mémoire chez les sujets sains, il est intrigant de supposer qu’une telle activité pourrait soutenir l’idée d’un dernier «rappel de vie» qui pourrait avoir lieu à l’état proche de la mort». Autrement dit, le patient aurait peut-être vu sa vie défiler devant ses yeux.
Les chercheurs émettent beaucoup de réserves, tant vis-à-vis de l’état du patient, son épilepsie et des traitements qu’il suivait qui pourrait tous interférer sur son activité cérébrale. Malgré cela, ils concluent que ce cas avait beaucoup de similitudes avec l’activité cérébrale enregistrée lors d’études sur les rongeurs. Ce qui «suggère que le cerveau peut traverser une série de schémas d’activité stéréotypés pendant la mort». Mais évidemment, la collecte d’autres données chez l’homme se révèle difficile, tant qu’elle n’est pas comme ici, le fait du hasard.