Hockey sur glace: Gary Sheehan: «Ce n’était pas un travail de sape, par derrière»

Publié

Hockey sur glaceGary Sheehan: «Ce n’était pas un travail de sape, par derrière»

Mi-décembre, l’entraîneur québécois a été nommé entraîneur-assistant d’Olten. Un mois plus tard, il a succédé à Lars Leuenberger à la bande des Souris. L’ancien coach d’Ajoie se confie.

Chris Geiger
par
Chris Geiger
Gary Sheehan a pris les rênes du EHC Olten le 11 janvier dernier.

Gary Sheehan a pris les rênes du EHC Olten le 11 janvier dernier.

Marc Schumacher/freshfocus

Un tourbillon d’émotions. Les dernières semaines vécues par Gary Sheehan ont été riches en rebondissements. Le technicien canadien, qui avait décidé durant l’été de reculer au HC Franches-Montagnes (MyHockey League) dans l’espoir de mieux sauter, a gagné son pari.

Approché mi-décembre par l’EHC Olten après le départ de Stefan Schneider, le Québécois de 59 ans a accepté le challenge proposé par les Souris de devenir le nouveau bras droit de l’entraîneur en chef Lars Leuenberger. Sauf que celui-ci allait payer au prix fort les trois défaites consécutives enregistrées en début d’année devant Bâle (6-2), La Chaux-de-Fonds (2-4) et les GCK Lions (3-4 ap).

Leuenberger débarqué, la place a alors été proposée à l’ancien coach à succès d’Ajoie par les dirigeants du Kleinholz le 11 janvier dernier. Gary Sheehan, qui a sauté sur l’occasion, revient sur ce dernier mois pour le moins singulier, alors qu’Olten reçoit Winterthour ce jeudi soir (19h45) en Swiss League.

Gary Sheehan, racontez-nous ces folles dernières semaines, pour vous, sur le plan individuel…

C’est vrai qu’il s’est passé beaucoup de choses en peu de temps. Quand on embarque dans un train en marche, il faut vite trouver ses marques. Je suis d’abord arrivé comme adjoint, puis les rôles ont changé et d’autres priorités sont apparues. Il a fallu assimiler tout ça, mais ce n’est que du positif. Pour moi, c’est une belle opportunité. C’est comme ça que je vois la chose. Je ne suis pas responsable de ce qu’il s’est passé.

«En rejoignant Olten, il y avait aussi cet aspect que le poste d’entraîneur en chef pourrait devenir disponible.»

Gary Sheehan, entraîneur du EHC Olten

N’aviez-vous toutefois pas une petite idée derrière la tête en acceptant, dans un premier temps, le poste d’entraîneur assistant?

Après avoir parlé avec le manager d’Olten, il était assez clair qu’il y aurait des possibilités pour le futur. Soit on continuerait en National League avec le même staff, soit ce dernier n’aurait pas fait le boulot. Le deuxième cas de figure signifiera, en outre, une reconstruction de l’équipe, avec un budget et des ambitions un peu revus à la baisse en vue de la saison prochaine. Car le club vise la promotion depuis des années, sans y parvenir, et ça devient difficile sur ce plan économique. En ce sens, l’entraîneur allait-il accepter cette nouvelle formule? En rejoignant Olten, il y avait donc aussi cet aspect que le poste pourrait devenir disponible. Finalement, comme ça se passait mal au niveau des résultats, le changement est intervenu plus tôt que prévu.

Ce n’était donc pas dans vos plans de prendre la succession de Lars Leuenberger si tôt?

Non, ce n’était pas prévu. En acceptant initialement le poste d’entraîneur assistant, je m’étais dit que ça me mettrait à nouveau dans le système et que ça pourrait peut-être m’ouvrir d’autres portes. L’opportunité est finalement venue ici à Olten, et il n’y avait aucune raison de ne pas l’accepter. C’est d’ailleurs ma première expérience en Suisse allemande, ce qui me motive énormément.

Lars Leuenberger et Gary Sheehan n’ont finalement collaboré que quatre petites semaines au Kleinholz.

Lars Leuenberger et Gary Sheehan n’ont finalement collaboré que quatre petites semaines au Kleinholz.

Marc Schumacher/freshfocus

Que répondez-vous aux personnes qui pensent que vous avez poussé à l’interne pour prende la place de Lars Leuenberger?

Je leur réponds assez honnêtement: ce n’était pas le plan. Les dirigeants d’Olten m’ont engagé car ils ont estimé que je pouvais aider Lars. Il était au courant de la situation. Il connaissait mon parcours. Ce n’était pas un travail de sape, par derrière, qui s’est fait. Pas du tout. Je n’avais aucun intérêt à le faire. Mais comme j’ai gagné quelques titres ces cinq ou six dernières années, ça a peut-être mis un peu de pression à Lars. Je me considère comme un entraîneur qui a roulé sa bosse, qui a de l’expérience et qui peut amener quelque chose. Malgré tout, je suis très ouvert à la communication et à apprendre des autres, notamment d’un gars comme Lars qui a été champion de Suisse avec Berne. Pour moi, plus on a de «bonnes têtes» qui pensent hockey ensemble, plus on peut réaliser de bonnes choses.

Depuis votre prise de fonctions le 11 janvier dernier, Olten n’a remporté que deux matches et quatre points en quatre sorties. Quelles sont vos ambitions pour la fin de la saison?

On veut arriver en play-off dans la meilleure position possible. C’est-à-dire qu’on espère récupérer nos joueurs blessés, les gérer de la meilleure des façons, sans précipiter leur retour au jeu. Compte-tenu de notre situation, on n’a plus l’obligation absolue de faire trois points à chaque match. Le classement n’est plus très important. On voit aussi que les équipes qui veulent sauver leur place en National League ne vont pas nous aider et prêtent des joueurs à nos concurrents. Pour l’instant, ce n’est pas le cas chez nous. À nous de trouver d’autres solutions en vue des play-off. Entre-temps, on a aussi une finale de Coupe de Suisse à jouer (ndlr: le 4 février contre Bâle). Ça a une vraie importance pour l’histoire du club.

«Si j’ai douté lorsque Sierre a licencié Yves Sarault? Disons que cette pensée m’a effleuré l’esprit.»

Gary Sheehan, entraîneur du EHC Olten

Et d’un point de vue plus personnel?

J’ai signé un contrat jusqu’au terme du présent championnat. Mais j’espère forcer la main à mes dirigeants pour qu’ils me gardent. C’est à moi désormais de leur prouver ma valeur et mes capacités, de leur montrer que je suis l’homme de la situation. Pour l’instant, on en discute simplement et on est ouverts pour la suite. Si je rêve d’un barrage promotion-relégation contre Ajoie? C’est de la musique d’avenir. Ce n’est pas quelque chose qui me fait nécessairement saliver. On a un sacré chemin à faire pour en arriver là. Et j’ai comme l’impression qu’Ajoie va s’en sortir avant.

Un jour avant votre nomination à la tête d’Olten, Sierre avait licencié son entraîneur en chef Yves Sarault. Avez-vous douté, à ce moment précis, d’avoir fait le bon choix en rejoignant le Kleinholz en tant qu’assistant?

Disons que cette pensée m’est un peu venue en tête. Elle m’a effleuré l’esprit, mais elle ne m’a pas pris la tête. J’ai toujours dit qu’on a un chemin tracé, que c’est un peu le destin. Les choix que j’ai pu faire durant ma carrière ont toujours été les bons choix au bon moment. Mon instinct m’a souvent fait prendre les bons choix. En ce sens, rejoindre Olten en tant qu’entraîneur assistant était une opportunité que je trouvais bonne pour ma carrière. Je l’ai prise et je ne regrette pas du tout.

Ce choix a aussi entraîné la fin de votre collaboration avec Franches-Montagnes. Cette décision a-t-elle été difficile à prendre?

Honnêtement, elle a été plus dure à prendre que ce que je m’étais imaginé. Mon passage à Saingelégier a été une façon comme une autre de travailler. Je m’étais pris au jeu, aussi parce que je ne fais rien à moitié. Que je sois engagé à 30% ou à 100%, je m’investis de la même manière. Je n’avais jamais quitté l’une de mes anciennes équipes en cours de championnat. Quand j’avais un job, je ne cherchais pas un autre poste. Là, c’était particulier. Je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité de rebondir dans une bonne organisation de Swiss League.

Ton opinion