FranceLes contrôleurs de la SNCF en grève tout le week-end, 60% des TGV annulés
Les contrôleurs sur les TGV seront «plus de 90%» à être en grève ce week-end, «du jamais vu», selon un des responsables du mouvement.
Week-end compliqué en perspective dans les gares françaises: une grève lancée par un collectif de contrôleurs a contraint la SNCF à annuler 60% de ses TGV et Intercités de vendredi à dimanche, et laisse craindre de nouvelles perturbations lors des fêtes de fin d’année. Les contrôleurs ont décidé de cesser le travail pendant tout le week-end pour réclamer une meilleure reconnaissance de leur statut.
«Au total, on est plus de 80% à être en grève et plus de 90% sur le TGV, c’est du jamais vu», a assuré à l’AFP, Nicolas Limon, membre du Collectif national ASCT (CNA), lancé en septembre sur Facebook, en dehors de tout cadre syndical, et qui compte aujourd’hui près de 3000 membres. Les syndicats (Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots et FO-Cheminots) ont depuis tous apporté leur appui au mouvement, à l’exception de la CGT-Cheminots.
Trafic extrêmement perturbé
Les presque 10’000 contrôleurs de la SNCF, dont près de 3000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs. Sans eux, les trains ne peuvent pas circuler. Le week-end s’annonce donc extrêmement perturbé et une «reprise progressive» est envisagée lundi, avec 3 trains sur 4 sur tous les axes TGV. L’axe Atlantique est particulièrement touché, avec seulement 1 TGV sur 4, comme pour les Ouigo.
«On ne l’a pas vue arriver»
«La direction n’a pas pris la mesure de la grogne», a assuré à l’AFP Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur dans le TGV Paris-Milan. Le collectif a été reçu à deux reprises par la direction, mais sans avancées concrètes, avant de mettre sa menace de grève à exécution. «C’est une grève qu’on n’a pas vu arriver, ni nous ni les syndicats», a reconnu jeudi, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, lors d’une conférence organisée par le magazine «Challenges». «On a été un peu surpris par ce mouvement», a-t-il admis.
Revendications
«On n’est pas considérés comme des personnels roulants alors qu’on travaille trois week-ends par mois et qu’on ne dort pas chez nous dix soirs dans le mois», explique Nicolas Limon. Avec le CNA, il réclame l’intégration de diverses primes au salaire de base afin qu’elles soient prises en compte dans le calcul de la retraite. Ces primes sont indexées sur l’activité et ne sont donc pas versées en cas d’arrêt maladie ou lors des congés, dénonce aussi le cheminot, qui fait partie des six contrôleurs à l’origine de la création du collectif.
La direction de SNCF Voyageurs dit avoir proposé «une augmentation de la prime de travail de 600 euros par an pour tous les chefs de bord», autre nom pour les contrôleurs, une intégration «partielle» de celle-ci «au salaire fixe en 2024», «l’accélération de la progression de la rémunération» et «le passage à deux chefs de bord par rame pour tous les TGV Inoui d’ici trois ans.»
Des propositions qui n’ont pas calmé la mobilisation. «On n’est pas des révolutionnaires, mais il nous faut du concret», assure Nicolas Limon. Le collectif a déposé un préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Nouvel An afin de mettre la pression sur la SNCF mais «on fera le maximum pour qu’il n’y ait pas de grève à Noël», a-t-il promis.
Grève le 7 décembre
Cette mobilisation survient à la veille du début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s’engager mercredi prochain, au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT ont appelé à une «grève unitaire» ce jour-là. Jean-Pierre Farandou a dit de son côté espérer pouvoir «trouver un équilibre entre (...) prix des billets d’un côté, augmentation des cheminots de l’autre, avoir des ressources pour innover et pour investir...»
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