Cinéma«Scream» de retour pour une célébration satirique du film d’horreur
Vingt-cinq ans après avoir renouvelé le genre, la saga dévoile un nouveau volet ce mercredi en salle. Cette fois dans la foulée de succès comme «Get Out» et «Us».
Voici 25 ans, le film «Scream» et ses vedettes, Neve Campbell et Courteney Cox, donnaient une nouvelle jeunesse au film d’épouvante avec un habile mélange de suspense et d’autodérision dont avait cruellement besoin ce genre rebattu et stéréotypé.
Un film portant le même titre, avec les deux mêmes actrices en tête d’affiche, sort ce mercredi en Suisse pour redonner une nouvelle jeunesse au film d’épouvante avec un habile mélange de… Bref, vous avez compris la démarche.
«Dieu merci, nous travaillons dans une franchise et un univers où un film peut se permettre de faire outrageusement allusion à lui-même», déclare à l’AFP l’un des deux réalisateurs de «Scream», Tyler Gillett.
Comme dans l’original de 1996, les personnages de la nouvelle mouture passent une bonne partie de l’intrigue à débattre à voix haute des clichés dans les films d’horreur pour tenter de deviner qui sera la prochaine victime du tueur en série masqué: la fille? le personnage noir? la pucelle? Ce faisant, ils se rendent compte que les meurtres commis dans leur si violente petite ville de Californie visent des gens liés aux tueurs de la version originale de «Scream».
Retour sur les lieux du crime
Un des personnages explique même, avec beaucoup d’à-propos, pourquoi le public affectionne désormais tant les «requels», ces films qui revisitent une œuvre à succès en prolongeant son histoire avec des personnages plus jeunes liés aux protagonistes d’origine. «Il y a certaines règles à suivre si on veut survivre, vous pouvez me croire», ironise ainsi David Arquette, lui aussi de retour, en s’adressant aux jeunes qui l’entourent.
«Scream» revient aussi sur les lieux du crime et les intrigues du premier épisode. La scène d’ouverture est un clin d’œil à celle de l’original qui, avant même le générique, orchestrait la mort sanglante d’une Drew Barrymore ayant eu la mauvaise idée de répondre au tueur qui l’appelait sur sa ligne fixe.
Mais, dans la nouvelle version, l’adolescente est si étonnée de découvrir que la vieille ligne fixe de ses parents fonctionne qu’elle manque presque l’appel. «Placé au début du film, ça envoie au spectateur le message qu’on fait cette allusion délibérément, qu’on va avancer avec lui en connaissance de cause», relève l’autre réalisateur, Matt Bettinelli-Olpin. «L’une des choses que «Scream» fait si bien, c’est de ne jamais sous-estimer le public», affirme-t-il.
Âge d’or du genre
Les cinéastes ont voulu avec ce nouveau volet rendre hommage à Wes Craven, réalisateur des quatre premiers épisodes de «Scream» mort en 2015, mais le film ne pouvait pas être fondé que sur de la «nostalgie pure», relève Tyler Gillett.
Contrairement au premier du nom, sorti en pleine période de déclin du film d’horreur, le nouveau «Scream» arrive dans la foulée de nombreux succès, plus artistiques et fouillés, comme les thrillers sociaux et teintés de fantastique de Jordan Peele. «Get Out» et «Us» sont d’ailleurs explicitement cités par les personnages de «Scream» en train de pontifier sur «l’horreur améliorée» («elevated horror» en anglais).
«On est en plein âge d’or du genre. Et on espère que ce film servira d’introduction pour les gens à d’autres films qu’ils ne connaissent pas bien», dit Matt Bettinelli-Olpin. «Évidemment, on joue avec cette idée d’«horreur améliorée» et on s’en moque», précise Tyler Gillett. «Peu importe le nom que vous lui donnez pour justifier le fait de regarder un film d’horreur. Tant que ces histoires plaisent aux gens, c’est tout ce qui compte pour nous.»
Le nouveau «Scream» n’a pas changé la recette gagnante qui consiste à dissimuler jusqu’au bout l’identité du tueur derrière le célèbre masque de fantôme grimaçant. Les cinéastes voulaient à ce point garder le suspense sur les rebondissements de l’intrigue qu’ils n’ont dévoilé que les deux premiers actes du film durant la phase des auditions. «Et même quand on a eu les acteurs, on ne leur a jamais donné les pages qui allaient au-delà de la disparition de leur personnage», insiste le producteur Chad Villella. «Ils ont vraiment joué le jeu du secret.»