Jeux paralympiques - A Tokyo, Sofia Gonzalez a atteint ses objectifs

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Jeux paralympiquesÀ Tokyo, Sofia Gonzalez a atteint ses objectifs

La Vaudoise a terminé 7e de la finale du 100 mètres en battant son record personnel. Dans trois ans à Paris, elle visera une médaille. La Messagère de la dernière Fête des Vignerons revient sur ce qu’elle a vécu dans sa bulle au Japon.

Christian Maillard
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Sofia «Speedy» Gonzalez a vécu une belle finale du 100 mètres.

Sofia «Speedy» Gonzalez a vécu une belle finale du 100 mètres.

Getty Images

La Messagère de la dernière Fête des Vignerons avait promis d’apporter de bonnes nouvelles depuis Tokyo. Sofia Gonzalez a tenu parole. La citoyenne de Jongny, qui est amputée de la jambe droite, médaillée de bronze aux Championnats d’Europe en juin sur 100 mètres, a terminé 7e ce samedi la finale de cette discipline des Jeux paralympiques, avec le sentiment du devoir accompli.

À peine avait-elle terminé son épreuve que la jeune athlète de 20 ans répondait à notre appel, heureuse de ce qu’elle venait de vivre au Japon, malgré la pluie et la bulle sanitaire qui l’avaient privée du public et de ces sushis qu’elle aime tant. À quelques heures de participer à la cérémonie de clôture, elle raconte son expérience.

Sofia, quel est votre sentiment, après cette finale du 100 mètres remportée par l’Italienne Ambra Sabatini, que vous terminez au 7e rang?

Je m’étais fixé comme objectifs de disputer la finale du saut en longueur et celle du 100 mètres en battant dans la foulée mes records personnels. C’est ce que j’ai fait. Je peux mettre des croix sur ces buts atteints et je suis super contente, car le reste ce n’était que du bonus et de l’expérience en plus. Ce n’est vraiment que du bonheur.

Lorsqu’on arrive en finale, qu’on aperçoit les médailles à l’horizon, n’y a-t-il pas une envie d’aller au-delà de ses objectifs?

Oui, bien sûr. Mais on savait, avec Elena Kratter, l’autre Suissesse engagée, que les Italiennes nous étaient supérieures. On s’y attendait donc un peu. Maintenant, il est vrai que tout peut arriver dans un 100 mètres. Il aurait suffi que je ne sois pas en forme ce jour-là. Pour nous, les sportifs, on ne choisit pas notre date, on doit être prêt à ce moment-là. Cela peut être la chance d’une vie qu’on a ratée mais pour moi, ça a marché. J’ai réussi à me qualifier en finale. Alors oui, les médailles on les voit, on y croit, mais d’un autre côté, je suis encore jeune et je savais que ce serait compliqué de monter sur le podium. Mais là, cela motive à continuer, et en 2024 à Paris, je viserai plus qu’une simple participation à la finale.

Il y avait beaucoup de pluie sur la piste, cela vous a-t-il perturbé?

Pas vraiment. Vous savez, on a eu du très beau temps en première semaine où il faisait vraiment très très chaud. Comme on pouvait s’y attendre d’ailleurs. Nous nous étions préparés avec des entraînements en Turquie et dans un camp au Japon pour s’acclimater et s’habituer à cette grosse chaleur. À vrai dire, on ne s’attendait pas trop à avoir de la pluie le jour de notre compétition. Pour le saut en longueur, cela ne m’a pas trop dérangé, ni en demie du 100 mètres, mais lors de cette finale, j’avoue que sur cette piste complètement détrempée, c’était un peu compliqué. J’ai malgré tout réussi en 16’’38, c’est un super chrono après mes 16’’50 aux championnats d’Europe.

Sofia Gonzalez a aussi réussi ses objectifs dans l’épreuve de saut en longueur.

Sofia Gonzalez a aussi réussi ses objectifs dans l’épreuve de saut en longueur.

Getty Images

Ce dimanche c’est déjà la cérémonie de clôture. Quand vous allez défiler, quelles seront les images que vous vous passerez dans la tête?

Je vais défiler avec la tête pleine des souvenirs et des belles expériences que j’ai vécues. En tant que sportif, il n’est pas évident de se fixer des buts avec l’équipe et les coaches, puis de les atteindre. Le rêve était de disputer des Jeux paralympiques, là c’est fait. Un jour ce sera une médaille, être championne, c’est pour cela qu’on s’entraîne tous les jours. Après, il est important de se mettre des objectifs plus réalistes pour rendre l’athlète aussi fier que l’équipe. Je peux mettre des croix partout sur mes buts. Le coach national est super content. J’ai pu montrer de quoi j’étais capable.

«Le rêve était de disputer des Jeux paralympiques, là c’est fait. Un jour ce sera une médaille, être championne, c’est aussi pour cela qu’on s’entraîne tous les jours»

Sofia Gonzalez, athlète paralympique, 7e du 100 mètres à Tokyo

Avec cette pandémie, c’était pour vous des Jeux spéciaux, dans une bulle. Comment les avez-vous vécus?

Nous sommes restés en effet dans une bulle, avec l’interdiction de sortir dans la ville. Mais franchement, nous n’aurions pas eu le temps. J’ai pu profiter malgré tout du village paralympique, où il était possible de faire du tourisme, d’aller dans des boutiques, chez un coiffeur, de manger au réfectoire, de faire des photos avec les anneaux ou de rencontrer des médias. De toute manière, avec les entraînements et la compétition, nous n’aurions pas eu le temps. Alors bien sûr, j’ai un petit pincement au cœur car le Japon est un pays qui me fascine. Le sushi est mon plat préféré et j’aurais bien voulu les goûter au centre de Tokyo. Mais il a fallu que je me contente de ceux du réfectoire du village des athlètes qui étaient végétariens. Quant aux monuments de la ville, on les a juste vus au loin depuis le bus quand nous nous rendions au stade pour la compétition.

Ce sera autre chose dans trois ans à Paris…

Oui, c’est sûr, et j’ai hâte de pouvoir y aller. J’ai habité durant 5 ans à Lille, où j’ai appris le français. C’est un pays que j’aime beaucoup et que je respecte. Je pense qu’à Paris ce seront de beaux Jeux, car ils savent faire, que ce soit pour les valides ou pour le para. Je n’ai plus qu’à continuer d’apprendre et de m’améliorer pour viser une médaille.

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