Jura bernoisUn aigle royal tué par une éolienne
Un promeneur a vu un rapace adulte percuter les pales d’en engin de la centrale éolienne du Mont-Soleil.
- par
- Vincent Donzé
Il s’agit du premier cas documenté en Suisse: un aigle royal a percuté une éolienne de la centrale du Mont-Soleil (1180 mètres) le 6 novembre dernier, au-dessus de St-Imier. Dans un parc qui compte 16 turbines, un promeneur habitant la région a été témoin de la scène et a retrouvé l’aigle tué au pied de la machine.
Ce témoin a vu l’aigle prendre une ascendance avant de percuter les pales de l’éolienne No 4, d’une hauteur totale de 140 mètres, avec un diamètre du rotor mesuré de 90 mètres pour une vitesse de rotation de 11 à 25 tours/minutes.
Arrivé au pied de l’éolienne, le promeneur a constaté la mort du rapace. Il a alors pris une photo avec son smartphone. «La photo atteste qu’il s’agit d’un oiseau adulte, sans doute membre du couple qui se reproduit régulièrement autour du Chasseral», indique BirdLife Suisse, à qui la photo a été envoyée cette année.
Son territoire
«L’aigle royal, comme tous les grands rapaces, est particulièrement vulnérable aux parcs éoliens implantés sur son territoire», commente BirdLife Suisse, selon qui «la multiplication de projets sur les crêtes du Jura fait peser une grave menace sur cette espèce», laquelle a amorcé depuis peu son retour dans le massif.
L’aigle royal est une espèce d’oiseau protégée. «Bien implanté dans l’arc alpin, il colonise à nouveau depuis quelques années le massif du Jura», précise BirdLife Suisse. Plusieurs couples se sont établis dans la région. «Ce grand rapace de deux mètres d’envergure en moyenne est un habile chasseur de mammifères et d’oiseaux de taille moyenne», rapporte François Turrian, directeur romand de BirdLife. En hiver, l’oiseau se fait charognard.
D’une manière générale, les grands rapaces sont vulnérables aux hélices et aux lignes électriques situées à travers leurs territoires. En cherchant des courants ascendants ou en chassant, ils se retrouvent menacés de collision.
En Europe, une trentaine de collisions avec des éoliennes ont été rapportées, surtout en Scandinavie. Pour François Turrian, «ce premier cas avéré de collision est appelé hélas à se répéter à l’avenir, surtout si les projets éoliens autour du Creux-du-Van, région déjà occupée par l’aigle (NE, VD) viennent à se réaliser». Il prône une planification rigoureuse des projets.