Guerre en UkraineFaire des affaires en Ukraine, déjà? Les Occidentaux veulent y croire
Une réunion bilatérale franco-ukrainienne a réuni quelque 500 entreprises françaises mardi, allant des mastodontes du CAC40 aux PME de secteurs divers.
Difficile de penser à des signatures de contrats sous les bombardements en Ukraine, pourtant les dirigeants ukrainiens et occidentaux poussent déjà en faveur d’investissements privés afin de commencer à reconstruire un pays ravagé par près d’un an de guerre.
«Participer aux appels d’offres»
Au lendemain de nouvelles frappes massives russes dans la ville de Kherson au sud du pays, une délégation de dirigeants ukrainiens, dont le Premier ministre Denys Chmygal, s’est déplacée mardi à Paris dans le cadre d’une conférence internationale en faveur de la reconstruction, suivie d’une réunion bilatérale franco-ukrainienne autour de quelque 500 entreprises françaises. L’objectif de cet événement a été clairement énoncé par l’Elysée vendredi au cours d’une conférence avec des journalistes: il s’agit de permettre «à n’importe quelle PME ou ETI française (entreprise de taille intermédiaire, NDLR) d’être au courant des chantiers et de pouvoir contribuer et participer aux appels d’offres».
La liste des groupes invités va de mastodontes du CAC40 tels qu’Alstom, Engie, ou TotalEnergies, à des entreprises de taille plus modeste dans l’architecture, le désamiantage, la téléphonie, l’informatique... avec un accent particulier mis sur l’énergie, la santé, l’agroalimentaire le numérique et les infrastructures. La France a notamment une carte à jouer en matière de nucléaire civil par rapport aux autres pays occidentaux, selon Kiev.
«Sans attendre que la guerre soit terminée»
La reconstruction de l’Ukraine, et par effet d’entraînement l’opportunité de se positionner dès maintenant sur ce grand marché, est poussée par l’Ukraine, selon qui «la guerre ne veut pas dire qu’il est interdit d’investir», a relevé la ministre du Commerce et vice-première ministre, Yulia Svyrydenko. L’investissement privé sera «l’un des moteurs de la reconstruction» a estimé la dirigeante, dans un entretien à l’AFP. «Mais comme tous les hommes d’affaires, les chefs d’entreprises commencent par évaluer les projets dès la phase préliminaire, laquelle doit commencer maintenant avec de l’audit, de la recherche, sans attendre que la guerre soit terminée».
Les besoins sont immenses dans un pays où le coût de la guerre depuis son déclenchement fin février a été évalué à 350 milliards de dollars en septembre par la Banque mondiale. Ce montant sera largement revu en hausse dans un nouveau chiffrage attendu début 2023, a dévoilé sa responsable pour l’Europe Anna Bjerde, de retour d’un voyage à Kiev.
Entreprises encore frileuses
Selon Anna Bjerde, l’ouest, le nord et même certaines parties de l’est du pays peuvent déjà commencer à être reconstruites. Mais les entreprises doivent pouvoir bénéficier «d’assurances» pour exercer car «la perception du risque en Ukraine est extrêmement élevée». Cette inquiétude se ressent largement au sein des entreprises françaises invitées mardi à Paris, et malgré le volontarisme politique ambiant. Plusieurs d’entre elles ont confié à l’AFP être de «simples participants», des «observateurs», n’être «pas positionnées du tout» sur le marché ukrainien, ou «en présence minimale» à l’événement organisé au ministère de l’Economie.
Outre les collaborations sur certains besoins urgents à l’instar des réseaux énergétiques, quelques projets commencent tout de même à émerger à l’international. Lundi, le géant suisse Nestlé a annoncé un investissement de 40,5 millions d’euros dans une nouvelle usine à l’ouest, se targuant d’être «la première multinationale» à lancer de nouveaux investissements dans le pays.