Football - La «Suisse forte» passe par Young Boys

Young Boys a une certitude, et il n’est pas forcément confortable de vivre avec. Dans le pire des cas, les Bernois passeront leur automne à faire de la Conference League leur objectif des milieux de semaine, quand il ne s’agira pas de se débattre avec les résistants de la Super League. C’est une donnée qu’il convient d’avoir à l’esprit, au moment de recevoir Cluj ce mardi (20h30), pour le match retour du 3e tour qualificatif de la Ligue des champions.

Avec le 1-1 de l’aller, c’est une forme de garantie qu’il est toujours bon d’avoir. Le système des Coupes d’Europe est ainsi fait cette saison qu’avec cette pyramide à trois étages, YB peut être reversé à deux reprises sans être hors circuit. Cela se passerait ainsi: si les Bernois devaient perdre contre Cluj ce mardi au Wankdorf, ils seraient alors replacés en barrages de Ligue Europa. Un tour qu’ils ne parviendraient pas à passer, les laissant retomber sur leurs pattes dans les poules de ce qui est désormais la troisième compétition continentale.

Ce serait toujours ça. Mais ce n’est rien d’autre que la situation du pire. Young Boys, quadruple champion de Suisse, a le légitime intérêt de prétendre à mieux. À beaucoup mieux. Il est impératif que l’équipe de David Wagner passe ce tour et qu’elle puisse au moins disputer les barrages de la Ligue des champions (ce serait contre le vainqueur de Slavia Prague – Ferencvaros, sachant que les Hongrois se sont imposés 2-0 à l’aller). Non seulement, cela leur permettrait de croire aux poules de la Ligue des champions, mais aussi d’avoir l’assurance d’être en poules de a Ligue Europa.

Surtout, YB tiendrait son rang. Dans les deux cas. Il serait l’unique représentant helvétique dans chacune des deux compétitions, et cela constituerait une excellente manière d’affirmer son hégémonie nationale, en confirmant le 8e de finale de Ligue Europa l’année passée (élimination contre l’Ajax Amsterdam, après avoir éliminé le Bayer Leverkusen). Pour tout dire, YB incarnerait le peu qu’il reste de la «Suisse forte» en Europe. En se retrouvant en Conference League, avec possiblement Bâle également engagé, il consacrerait le statut de «petit pays de football» pour lequel a été pensée cette nouvelle compétition.

Il y a là une accumulation de conditionnels qui dit beaucoup des calculs que pourrait faire YB avant cette rencontre importante. Et donc de son caractère résolument décisif pour la saison bernoise. «C’est un match très, très important mais je l’aborde avec confiance», a lâché en substance le coach Wagner en conférence de presse lundi. C’est une petite forme d’exploit, après la défaite 1-0 à Sion en championnat samedi, laquelle a dit pas mal de choses de la difficulté de son équipe à se créer des occasions. Avec une seconde période où les joueurs de la capitale ont surtout allumé de loin.

«Nous devons faire mieux, oui, accepte Wagner. Nous voulons surtout pratiquer notre football, avec notre manière de jouer. J’espère que l’énergie que nous amènera le public nous permettra de faire ces mètres en plus, d’amener un peu plus d’intensité.»

Pour y parvenir et écarter les Roumains de leur chemin, les Bernois ont un argument de choix: plus de 20’000 billets ont déjà été vendus pour la rencontre. C’est dire le nombre de fans qui n’espère pas vivre un automne dans l’antichambre de l’antichambre de la Ligue des champions.