CyclismeMarion Rousse: «J’en ai eu des frissons!»
La directrice du premier Tour de France Femmes nouvelle version a ressenti beaucoup de fierté et d’émotions à l’occasion de cette première édition.
- par
- Christian Maillard La Super Planche des Belles Filles
Directrice du premier Tour de France Femmes dans sa nouvelle version, Marion Rousse ne cache pas qu’elle a été agréablement surprise de tout cet engouement tous les jours au départ, à l’arrivée et autour des routes pour cette première édition. La compagne de Julian Alaphilippe tire le bilan tandis que Annemiek Van Vleuten, 39 ans, championne du monde et olympique, a été ovationnée comme il se doit à la Super Planche des Belles Filles après son deuxième succès d’affilée en montagne, mais surtout cette victoire finale, un doublé après le Giro!
Qu’allez-vous retenir de ce premier Tour de France Femmes du renouveau?
Il y a eu beaucoup d’émotions et de fierté aussi de ce Tour de France Femmes. Pour cette première édition, sportivement parlant, je ne me posais pas trop de questions. Je savais que les filles allaient nous offrir un beau spectacle. Je commente du cyclisme féminin tout au long de l’année, donc je n’étais pas du tout inquiète. La question était de savoir si l’audience allait marcher et s’il y aurait du monde au bord des routes. C’était un peu une interrogation mais les gens ont répondu plus que présent. Je suis vraiment impressionnée. Samedi, j’étais juste derrière Annemiek Van Vleuten dans le dernier kilomètre et j’en ai eu des frissons tellement elle a été encouragée. C’était un vrai Tour de France!
Qu’est-ce qu’il y aura à changer par rapport à cette première édition?
On va dresser le bilan ces prochains jours où on va se réunir avec le comité d’organisation. Comme c’était l’année No 1, il y aura forcément quelques petites modifications mais la base est solide. Je pense que le travail qu’on a effectué était bon mais il est évident aussi qu’on cherche toujours à s’améliorer. S’il y aura des changements ce sera pour du mieux.
Y aura-t-il toujours huit étapes ou trois semaines comme les hommes?
C’est une question qu’on va se poser également mais après ce n’est pas une décision qu’on va prendre seule. On en a déjà parlé avec les coureuses et les équipes et pour l’instant ce format de huit jours semble convenir à tout le monde. Nous, on est là aussi avec la caisse de résonance du Tour de France masculin pour essayer de le faire évoluer et de faire entrer d’autres sponsors pour que tout le système économique du cyclisme féminin en profite. On verra, mais ce format de huit jours était de toute manière cohérent dès cette année.
Question plus personnelle: quelles ont été vos sentiments dans la voiture de directrice derrière les échappés?
Ça fait moins mal aux jambes! (rires) Plus sérieusement, tu vois super bien la course. Après avoir commenté durant trois semaines la course masculine, là j’étais vraiment dans le vif du sujet. Il y a beaucoup de choses à organiser mais ça a été assez exceptionnel de pouvoir vivre ça.
Connaissez-vous déjà le parcours de l’an prochain?
Oui, on a déjà bien avancé sur le parcours 2023 et je vous donne d’ores et déjà rendez-vous le 27 octobre à Paris pour découvrir l’ensemble des deux Tours.
Annemiek Van Vleuten a déjà annoncé qu’elle allait prendre sa carrière fin 2023, mais avant de raccrocher, elle aimerait bien monter à l’Alpe-d’Huez, que lui répondez-vous?
Il est sûr qu’elle va manquer au peloton féminin car ce qu’elle arrive encore à faire comme samedi c’est exceptionnel et époustouflant parce que derrière il y avait du niveau avec toutes les meilleures. Mais elle doit encore attendre le 27 octobre pour savoir si on arrive à l’Alpe-d’Huez ou pas.
Van Vleuten se demande aussi s’il pouvait y avoir des étapes dans les Pyrénées ou c’est trop dur pour les femmes?
C’est vrai qu’il faut varier les parcours et ne pas trop enchaîner les difficultés, c’est valable pour les hommes aussi car s’il y en a trop dans une journée les courses sont bloquées et pas belles à regarder. Il faut vraiment conjuguer les deux. On peut aller dans les Alpes ou dans les Pyrénées, sans pour autant enchaîner cinq cols de première catégorie!
Marlen Reusser regrettait de n’avoir pas eu un contre-la-montre, vous y pensez pour la prochaine édition?
Peut-être, qui sait! Mais on ne va pas se mentir, quand tu mets un chrono, au niveau des audiences cela intéresse moins les gens. Pour nous, cette année c’était important d’être surtout attractif, tout simplement. Mais on ne s’interdit pas d’ajouter un chrono dans les prochaines années parce qu’on sait aussi que c’est un exercice important pour le général.
Pour vous, était-ce la meilleure solution d’enchaîner cette course féminine juste après les hommes?
Ah oui, il y a eu des débats avant ce Tour, mais j’étais déjà persuadé que les gens étaient conditionnés au mois de juillet à regarder du vélo. C’est le Tour de France et les gens ne font pas la distinction entre les hommes et les femmes et là c’est vraiment un pari gagné pour ça. On a réussi à faire entrer le cyclisme féminin dans le quotidien des gens, des personnes passionnées mais aussi d’autres qui ne regardent jamais le vélo le reste de l’année. Si tu changes la date, je ne suis pas certaine qu’on puisse reproduire le même schéma. Donc c’était la meilleure date avec cette 4e semaine du tour et il faut qu’on reste comme ça.