NucléaireIl y a 37 ans, Tchernobyl explosait et son nuage touchait la Suisse
À l’occasion du 37e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, des médecins mettent en garde contre les conséquences d’une évolution «nucléaire» du conflit avec la Russie.
- par
- Eric Felley
Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986 à 01 h 23, la catastrophe de Tchernobyl a eu lieu à la suite d’un «accident majeur» survenu dans l’unité No 4 de la centrale. Cet «accident» a été provoqué par l’augmentation incontrôlée de sa puissance de 100 fois la normale. Il a conduit à l’explosion du réacteur soulevant une dalle de 2000 tonnes de béton et à la dissémination d’éléments radioactifs dans l’atmosphère. Un incendie monstre a suivi durant une dizaine de jours.
La centrale de Tchernobyl était située à 130 kilomètres au nord de Kiev, qui était alors la capitale de la République socialiste soviétique d’Ukraine. L’accident n’a été annoncé que deux jours plus tard par les autorités soviétiques de l’ère Gorbatchev. Un nuage radioactif, alimenté par les fumées de l’incendie, est passé par la Finlande, la Suède, l’Allemagne et a atteint la Suisse le 30 avril. Il ne s’est pas arrêté aux frontières de la France touchée dès le 1er mai.
200 décès en Suisse
Le nord-est du pays et le Tessin ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives durant le mois de mai suivant. D’après l’Office fédéral de la santé publique, une estimation «généralement admise comme prudente, conduit à 200 décès additionnels par cancer en Suisse consécutivement à l’accident». En Ukraine, en Biélorussie et en Russie, les différents rapports font état de 43 à 4000 décès directement liés à l’explosion. 2200 km2 dans le nord de l’Ukraine et 2600 km² dans le sud de la Biélorussie (soit l’équivalent des cantons de Vaud et Fribourg réunis) sont devenus hostiles à toute vie humaine pour une durée estimée à 24 000 ans.
La crainte pour Zaporizhia
À l’occasion de cet anniversaire, les Médecins suisses pour la prévention de la guerre nucléaire ont publié mardi un communiqué dans lequel ils mettent en garde contre les conséquences sanitaires d’un nouvel accident en lien avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie. «C’est avec une grande inquiétude que les médecins suivent la situation dans la région de Zaporizhia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe, située dans le sud de l’Ukraine. Que se passerait-il en cas d’explosion dans cette centrale contestée? C’est une question qui nous préoccupe depuis le début de la guerre», précise Claudia Bürgler, secrétaire générale de l’association.
Davantage qu’un accident, les médecins craignent les menaces russes d’escalade vers une guerre nucléaire: «Elle pourrait avoir des conséquences effroyables: elle pourrait anéantir l’humanité». Par ailleurs, l’association demande au Conseil fédéral de ratifier sans délai le Traité d’interdiction des armes nucléaire (TIAN). Pour Claudia Bürgler: «Il est incompréhensible que le gouvernement n’ait toujours pas donné suite à ce que demandent tant le Conseil national que le Conseil des États».