NormandieUn étrange meurtre avec aveux mais sans victime devant la justice française
Le parquet d’Évreux a lancé un appel à témoins pour résoudre une affaire où un chauffard a reconnu avoir fauché mortellement une cycliste et l’avoir enterrée. Mais le corps est introuvable.
Un chauffard mis en examen et écroué en juin pour avoir tué une cycliste, une mystérieuse victime dont le corps n’a pas été retrouvé et que les enquêteurs cherchent à identifier, telle est l’équation que doit résoudre le parquet d’Évreux, en Normandie. «Ça fait 23 ans que je suis magistrat et c’est la première fois que je suis confronté à une situation de ce genre», a lancé mercredi le procureur de la République d’Évreux, Rémi Coutin. Ce dernier a lancé un appel à témoins pour élucider cette mystérieuse affaire.
Mis en examen des chefs d’«assassinat, recel de cadavre, destruction de preuve et dénonciations mensongères», le suspect de 46 ans a été placé en détention provisoire. «Mais nous nous trouvons face à une situation particulière puisque nous n’avons pas de corps, et nous n’avons pas non plus d’identité quant à la victime supposée», a souligné le magistrat.
Ivre, il se confie à son ex, puis se rétracte
Mi-mai, une femme se présentait à la gendarmerie de Dieppe (nord de la France) pour dénoncer un meurtre commis, selon elle, par son ex-compagnon deux mois plus tôt. Elle relatait que le 9 mars, ce charpentier d’origine polonaise dont elle venait de se séparer l’avait appelée, «manifestement paniqué et sous l’emprise de l’alcool, pour lui dire qu’il venait de tuer quelqu’un» en voiture. Puis «quelques minutes plus tard», il revenait sur ses déclarations, a déclaré Rémi Coutin.
Le 13 mars, son ex-compagnon lui avait de nouveau confié avoir percuté une cycliste alors qu’il était ivre. «Cette femme était âgée d’une soixantaine d’années et ressemblait, selon ses termes, à une clocharde», a précisé le procureur. Il lui avait encore avoué avoir chargé le corps et le vélo dans sa voiture, une Audi A4 noire immatriculée en Pologne, avant de les cacher derrière un talus pour revenir ensuite avec une pelle pour les enterrer.
Achevée à coups de pelle
À son retour, la cycliste étant toujours vivante, «il l’avait achevée en lui portant plusieurs coups de pelle avant de l’enterrer avec son vélo», selon le récit rapporté par le magistrat. Le véhicule, découvert calciné le 12 avril sur un chemin, a été déclaré volé par le charpentier le 10 mai.
Interpellé le 21 juin, le suspect a donné lors de sa garde à vue «deux versions diamétralement opposées»: d’abord celle d’«une blague à son ex-compagne afin qu’elle le prenne en pitié et revienne vivre avec lui» avant d’expliquer qu’il avait «bien percuté une cycliste» mais que «celle-ci s’était remise et avait pu repartir». Finissant par reconnaître avoir incendié lui-même son véhicule, le quadragénaire «se murait dans le silence» lorsque les enquêteurs lui demandaient pourquoi.
Un gros impact avec une marque rouge sur le pare-brise
Les gendarmes disposent notamment du témoignage d’une amie du couple qui avait pris le 9 mars deux photos du véhicule incriminé, dont le pare-brise présentait «un gros impact circulaire avec une marque rouge au centre». Une autre femme, en cure avec le suspect, a elle aussi recueilli des confidences de cet homme «pas bien dans sa tête car il avait renversé une vieille dame (…) qu’il avait achevée avant de l’enterrer».
Le commandant de la Section de recherches de Rouen, Thierry Jourdren a indiqué avoir «sollicité Europol», aucun rapprochement n’ayant pu être établi avec une personne disparue. Quant au corps, le secteur «a été fouillé mais les recherches sont restées vaines», a déploré le gendarme.