BrésilDes pro-Bolsonaro continuent de crier à la «fraude»
Les partisans de Jair Bolsonaro continuent de protester devant des casernes pour demander à l’armée d’intervenir pour contester le résultat de l’élection présidentielle.
«Les urnes qui ont donné la victoire à Lula ne sont pas fiables», argue José Carlos Flamino, un des irréductibles partisans du président brésilien sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro qui campent devant un poste de commandement militaire à São Paulo (sud-est).
«On restera le temps qu’il faudra», assure l’ouvrier métallurgiste à la retraite de 53 ans, qui réclame une intervention de l’armée pour contester le résultat du scrutin présidentiel du 30 octobre. Avec quelques dizaines d’autres bolsonaristes, il a dormi plusieurs nuits dans des tentes installées devant le Commandement militaire du sud-est, près du parc d’Ibirapuera, poumon vert de la mégalopole brésilienne.
Vêtus pour la plupart de maillots verts et jaunes de l’équipe nationale de football, certains s’enveloppant dans des drapeaux du Brésil, les manifestants crient sans relâche «SOS, forces armées!» Ils brandissent des pancartes assurant que le mouvement n’a «pas de date prévue pour s’arrêter», ou demandant aux militaires de «sauver le Brésil».
Manifestations «pacifiques»
Même s’ils évitent toute allusion directe à Jair Bolsonaro, nostalgique des années de plomb de la dictature militaire (1964-1985), des partisans du chef de l’État sont postés devant les casernes depuis la victoire du président-élu de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Une courte avance, avec 50,9% des suffrages, contre 49,1% pour le président sortant qui n’a jamais reconnu explicitement sa défaite.
Certains jours, comme le mercredi 2 novembre, férié au Brésil, la mobilisation était massive, avec plusieurs milliers de manifestants devant des postes militaires de tout le pays. Mais la plupart du temps, ils ne sont que quelques dizaines.
Des camionneurs ont également bloqué des routes pendant près d’une semaine. Le mouvement s’est ensuite estompé après un appel de Jair Bolsonaro, sorti de son silence sur les réseaux sociaux pour leur demander de lever les barrages. Il a toutefois qualifié de «légitimes» les manifestations «pacifiques» devant les casernes, même si ces dernières ont pour objectif de déclencher un coup d’État militaire.
«Le Brésil n’a pas élu Lula, le peuple ne l’accepte pas. Notre liberté n’a pas de prix, nous ne voulons pas que notre pays se transforme en Venezuela», dit Lena Pasqualini, vendeuse de bijoux de 62 ans, qui s’abrite du soleil sous une tente où sont distribués des aliments venant de «dons».
«Élection volée»
Un campement a également été installé à Rio de Janeiro (sud-est), devant le quartier général Duque de Caxias, en plein centre-ville, près de la célèbre gare Central do Brasil qui a inspiré le film du même nom. Près des tentes, une centaine de manifestants passent le plus clair de leur temps à prier ou à chanter l’hymne national.
«Cette élection a été volée, c’est pour ça que nous sommes dans les rues», dit Paulo Campelo, militaire à la retraite de 70 ans. «Nous voulons que l’armée s’occupe de ces enfoirés qui veulent valider ce résultat frauduleux».
L’armée brésilienne a assuré vendredi dans un communiqué que «tout excès» commis durant ces manifestations était «condamnable», mais a souligné l’importance de la liberté de manifester pacifiquement, garantie par la Constitution.
«Aucune inconsistance»
Les bolsonaristes dénoncent des «fraudes» du système de vote électronique en vigueur depuis 1996. Un système attaqué à maintes reprises par le président d’extrême droite avant le scrutin d’octobre, sans jamais apporter de preuves d’irrégularités. Des attaques qui ont fait redouter des incidents comme ceux du Capitole en janvier 2021 à Washington, après la défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine.
Le ministère de la Défense brésilien a publié mercredi un rapport montrant qu’«aucune inconsistance» n’avait été relevée dans le résultat issu des urnes électroniques. Ce rapport de 65 pages affirme toutefois qu’il était impossible d’écarter totalement le risque de fraude. Jeudi, Lula avait demandé à la «minorité» d’irréductibles bolsonaristes de «rentrer chez eux», car «la démocratie, c’est comme ça, il y a un gagnant et un perdant».