Des Romands misent sur le secret pour guérir de la grippe

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SantéDes Romands misent sur le secret pour guérir de la grippe

Un sondage du SonntagsBlick montre que beaucoup de Romands font appel aux faiseurs de secret pour soigner la grippe actuelle et d’autres maux. Une pratique qui convainc moins de l’autre côté du Röstigraben.

20min/Michael Scherrer

Vu comme «étrange» par les Alémaniques, le fait de s’adresser à des faiseurs de secret, aussi pour soigner la grippe, fait son chemin en Suisse romande. Le SonntagsBlick a ainsi demandé à plus de 30 de ces guérisseurs qui soignent gratuitement et à distance par une prière secrète s’ils avaient des demandes de soigner la grippe en ces temps d’épidémie.

La majorité a répondu oui: ils reçoivent actuellement jusqu’à 40 appels par jour. «Depuis la pandémie, de nombreuses personnes âgées, craignant pour leur avenir sanitaire et vivant dans un isolement total, nous contactent», a ainsi relevé Marie-Christine Vaucher, faiseuse de secret fribourgeoise.

Le secret fait partie du patrimoine

Contrairement aux églises libres qui font actuellement de la publicité en masse dans les rues avec des promesses de guérison, rapporte le SonntagsBlick, le secret est un élément du patrimoine culturel qui figure sur la liste de l'Unesco des traditions suisses vivantes. Pour rappel, le «secret» ne peut être transmis que sur la base de la confiance et seuls les initiés savent en quoi il consiste précisément.

Alors qu’il n’existe pas d’explication scientifique de cette forme de guérison à distance, en Suisse romande, toutes les couches de la société et toutes les classes d’âge y ont recours. Et même les hôpitaux tiennent à disposition des patients des listes de faiseurs de secret. Le journal cite ainsi l’hôpital de Fribourg, les cliniques Hirslanden de Vaud et Genève, ainsi que le service d’oncologie de l’hôpital intercantonal de Payerne. 

De son côté, le CHUV ajoute que «pour des cas particuliers et en fonction des situations, il est possible que l’établissement fasse appel ou ait fait appel à des faiseurs de secrets», mais que «si c’est le cas, le CHUV ne partage pas de liste de contacts.»

L’hôpital de Sion a sa médecin faiseuse de secret

Quant à l’Hôpital du Valais, il soutient même l’intégration de différentes formes de soins et de médecine, comme le rapporte la porte-parole Célia Clavien au journal zurichois: «Cela peut être une bonne option, notamment dans les cas de long Covid, où la science atteint ses limites».

De plus, Florence Sierro-Müller, médecin interne de l’hôpital valaisan accompagne elle-même ses patients, s’ils le souhaitent, avec le secret en complément des traitements conventionnels. Selon elle, le secret n’est nullement en contradiction avec son titre de docteur.

Scepticisme alémanique

Outre-Sarine, on se montre plus sceptique face à ces pratiques, note le journal dominical. Ainsi, Philippe Luchsinger, président de l’Association suisse des médecins de famille et de l’enfance, déclare qu’il «existe de nombreuses possibilités différentes d’aborder les problèmes de santé. Comme on manque d’études sur ces méthodes alternatives, nous ne pouvons pas non plus juger si elles font plus de mal ou plus de bien».

(ewe)

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