AllemagneUn conservateur élu maire de Berlin, une première depuis vingt-deux ans
Il a fallu trois tours de scrutin pour valider l’élection, jeudi, de Kai Wegner, chef de file berlinois de la CDU, parti de l’ex-chancelière Angela Merkel.
Kai Wegner, chef de file à Berlin du parti conservateur CDU (parti l’ex-chancelière fédérale Angela Merkel), a été nommé ce jeudi maire de la capitale allemande, une première après vingt-deux années de règne social-démocrate. Cet ancien assureur de 50 ans, député au Bundestag de 2005 à 2021, a été élu jeudi par le parlement du Land de Berlin, avec 86 voix en sa faveur, 70 élus ayant voté contre.
Il a fallu trois tours de scrutin pour valider l’élection, avant que le nouveau maire prête serment devant le parlement local. L’apport éventuel de voix du parti d’extrême droite AfD était au centre de supputations, alimentées par cette formation elle-même peu après l’élection, sans qu’il soit possible à ce stade de détailler les votes.
Kai Wegner va diriger la ville à la tête d’une coalition formée avec les sociaux-démocrates du SPD, menée par l’ancienne maire Franziska Giffey. Originaire de l’arrondissement berlinois de Spandau (ouest), il devient ainsi le premier maire CDU depuis Eberhard Diepgen (1991-2001).
Revers cuisant pour le SPD d’Olaf Scholz
Le SPD d’Olaf Scholz a subi un revers cuisant lors du scrutin, organisé mi-février, avec 18,4% des suffrages, leur plus mauvais résultat depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec simplement une cinquantaine de voix d’avances sur les Verts, le SPD est toutefois parvenu à se maintenir en deuxième position et a accepté de participer à une coalition avec les chrétiens-démocrates, une décision validée par une courte majorité (54,3%) de ses militants.
Le contrat de coalition, de plus de 100 pages, promet un «nouveau départ» pour la capitale et prévoit pêle-mêle un allongement des durées de garde à vue, le développement de la vidéosurveillance, mais aussi la construction de logements sociaux et la limitation des hausses de tarifs de l’énergie.
Ces dernières années, la ville-État régional (Land) de Berlin était dirigée par une coalition des sociaux-démocrates, Verts et gauche radicale (die Linke). Mais les problèmes de logement, avec une explosion des montants des loyers, l’endettement de la ville ou encore un sentiment d’insécurité, alimenté par de nombreux débordements la nuit de la Saint-Sylvestre, ont nourri une volonté d’alternance.
Ce résultat corrobore les récents sondages nationaux qui donnent le SPD du chancelier Scholz nettement devancé par la CDU, largement en tête à deux ans et demi des prochaines élections fédérales. Le scrutin du 12 février avait dû être organisé en raison de l’annulation des élections de septembre 2021, remportées par les sociaux-démocrates mais marquées par des dysfonctionnements d’organisation sans précédent.