YémenUne «lueur d’espoir» dans un pays ravagé par la guerre
Une vaste opération d’échange de prisonniers a commencé vendredi entre camps ennemis, en pleine détente régionale.
La dernière opération d’une telle ampleur remonte à octobre 2020. Un vaste processus d’échange de prisonniers a commencé vendredi au Yémen entre camps ennemis, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). «Le premier avion a quitté Sanaa» dans le cadre de cet échange, a indiqué Jessica Moussan, qui supervise l’opération. L’avion, en partance de la capitale contrôlée par les rebelles Houthis, se dirige vers Aden, où siège temporairement le gouvernement, soutenu par l’Arabie saoudite.
Fin mars, le gouvernement reconnu par la communauté internationale et les rebelles avaient conclu un accord à Berne pour échanger plus de 880 prisonniers, dont des Saoudiens et des Soudanais. Cet accord avait été conclu après un réchauffement inattendu des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, deux poids lourds du Golfe qui s’opposent sur divers dossiers.
L’une des pires crises humanitaires au monde
L’Arabie saoudite voisine est intervenue au Yémen en 2015 pour appuyer les forces progouvernementales contre les Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran. En huit ans de conflit, ceux-ci se sont emparés de vastes pans du territoire du Nord et de l’ouest du Yémen. La guerre y a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde. Plus des trois quarts de la population dépendent d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer.
Le processus d’échange de prisonniers doit se dérouler sur trois jours dans diverses régions du Yémen et de l’Arabie saoudite, a précisé dans un communiqué le CICR. «Avec ce geste de bonne volonté, des centaines de familles déchirées par le conflit seront réunies pour le ramadan, apportant une lueur d’espoir au milieu de grandes souffrances», a déclaré Fabrizio Carboni, directeur du CICR au Moyen-Orient.
«Nouveaux pourparlers»
Ce revirement diplomatique suscite des espoirs d’un apaisement de la situation au Yémen. Une rare délégation saoudienne était cette semaine à Sanaa. Elle en est repartie jeudi avec seulement un «accord préliminaire» de trêve et la promesse de «nouveaux pourparlers», selon un responsable rebelle qui a souhaité garder l’anonymat.
Selon des sources du gouvernement yéménite, qui ont aussi requis l’anonymat, les discussions portent sur une trêve de six mois. Elle ouvrira la voie à une période de pourparlers de trois mois au sujet d’une transition qui durera deux ans. Pendant cette période, une solution finale sera négociée entre toutes les parties.
La trêve doit permettre de répondre aux deux exigences principales des rebelles: le paiement par le gouvernement des salaires des fonctionnaires dans les zones rebelles et la réouverture de l’aéroport de Sanaa, strictement contrôlé par l’aviation saoudienne. L’année dernière, les parties avaient déjà observé une trêve de six mois. Si elle n’a pas été officiellement reconduite après son expiration début octobre, la situation est restée relativement calme sur le terrain.