France: La crème des douaniers jugée pour un trafic de café contrefait

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FranceLa crème des douaniers jugée pour un trafic de café contrefait

Six anciens responsables sont soupçonnés d’avoir gonflé artificiellement les chiffres de leurs saisies, en pactisant secrètement avec un trafiquant.

Tout a commencé par une saisie record à l’été 2015.

Tout a commencé par une saisie record à l’été 2015.

AFP

Six douaniers sont jugés à partir de lundi à Paris pour répondre d’un scandale révélé par la découverte d’un trafic de café contrefait. Ces hommes expérimentés auraient falsifié les chiffres de leurs saisies, en pactisant secrètement avec un trafiquant. L’affaire fait resurgir une problématique qui a plusieurs fois ébranlé les douanes ou la police antidrogue ces dernières années: la gestion de certains informateurs.

Elle amène sur le banc des prévenus l’ex-patron de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), cinq de ses subordonnés, deux indics et un entrepreneur du Havre.

Tout commence par une saisie record à l’été 2015, lorsque les douaniers découvrent 43 tonnes de café contrefait en région parisienne. «Une première sur le territoire national», s’enorgueillit alors Bercy, leur ministère de tutelle. Mais rapidement, la prise historique devient suspecte. Qui pourrait vraiment écouler en France des milliers de paquets de ce robusta de piètre qualité?

Septante-sept tonnes de café jamais retrouvées

Selon l’enquête, l’opération a en réalité été intégralement montée par la puissante Direction des opérations douanières (DOD), le bras armé de la DNRED, à l’aide d’un «aviseur» – un informateur dans le jargon – «de haut niveau»: Zoran Petrovic. En échange des «tuyaux» de cet ancien militaire serbe, qui organisait lui-même le transport et le stockage des marchandises, la hiérarchie douanière lui aurait permis d’importer ses propres conteneurs au port du Havre sans contrôle.

Les 43 tonnes de café sont ainsi débarquées dans un chargement de 120 tonnes. Pour la juge d’instruction Aude Buresi, les 77 tonnes restantes, jamais retrouvées, contenaient probablement des cigarettes de contrebande au profit de ce trafiquant, proche de la mafia chinoise.

Un «tonton» sur liste noire

De lourds soupçons de corruption pèsent sur Pascal Schmidt, le chef de la DOD au Havre et agent traitant de Zoran Petrovic. Son bureau dissimulait près de 800’000 euros en espèces et deux montres de luxe, dont une offerte par le Serbe. Mais au-delà des relations incestueuses de ce duo, l’instruction a révélé un système trouble autour de ce «tonton» jugé dangereux et inscrit sur «liste noire» dès 2009.

Sa radiation ne l’a pas empêché de devenir une pièce maîtresse de l’administration. Entre 2011 et 2015, les douanes ont ainsi organisé 32 saisies – contrefaçons, médicaments, café, cigarettes – grâce à ses «informations», pour lesquelles il a été rémunéré près de 400’000 euros sous divers alias. Des sommes indues pour un informateur infréquentable, qui valent à la plupart des prévenus d’être jugés pour détournement de fonds et escroquerie en bande organisée, en plus d’une éventuelle complicité dans l’importation du café contrefait.

Le procès doit durer jusqu’au 9 juin.

(AFP)

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