SénégalL’opposant sénégalais Sonko appelle à manifester «massivement»
Le président Sall doit annoncer lundi s’il sera candidat pour un troisième mandat à la présidentielle de 2024, ce qui serait inconstitutionnel selon l’opposition.
L’opposant Ousmane Sonko, condamné il y a un mois à deux ans de prison, a appelé les Sénégalais à «sortir massivement» les prochains jours, à la veille d’un discours du président Macky Sall qui doit dire s’il sera candidat pour un 3e mandat à la présidentielle de 2024.
«Nous devons sortir pour affronter le régime de Macky Sall et dire que ce ne sera pas à lui de choisir les candidats qui devront s’affronter pour la prochaine élection présidentielle», a-t-il déclaré dimanche soir au cours d’une intervention sur les réseaux sociaux.
La condamnation de l’opposant dans une affaire de mœurs, qui le rend en l’état actuel inéligible, a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty International et 30 selon l’opposition.
Ousmane Sonko n’a cessé de crier au complot du pouvoir pour l’écarter de l’élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir réfute. Il est bloqué par les forces de sécurité chez lui à Dakar, «séquestré» selon lui, depuis le 28 mai. L’annonce du président Sall, prévue à 20 h 00 (22 h 00 heure suisse) lundi, est très attendue au Sénégal. Le flou qu’il a entretenu sur ses intentions par rapport au scrutin présidentiel a contribué à créer un climat explosif.
Troisième mandat
Macky Sall a été élu en 2012, réélu en 2019. Il a fait réviser la Constitution en 2016. Elle stipule que «nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs». Ses partisans le présentent comme leur candidat en 2024, arguant que la révision a remis les compteurs à zéro.
Selon Ousmane Sonko, si le président ne se présente pas, ce sera pour mieux l’éliminer politiquement et relancer la machine judiciaire et «ce n’est pas acceptable». En cas d’arrestation et s’il n’est pas libéré dans les deux heures, «j’appelle tout le peuple sénégalais à se lever comme un seul homme et à sortir massivement et cette fois-ci à en finir avec ce régime criminel», dit-il.
Si le président se présente, «je crois qu’il incombe à tout le peuple sénégalais de se mettre debout, de lui faire face», a-t-il déclaré. «Si on doit mener un combat, il faut qu’il soit définitif. J’en appelle à un sursaut national. Les jours et les semaines à venir seront cruciaux» et «difficiles», a-t-il ajouté. Il a, en outre, appelé les Sénégalais à se mobiliser pour réclamer la libération des détenus politiques et pour mettre fin le plus rapidement possible à sa «détention administrative».
«Deal»
Pour Ousmane Sonko, la concertation à l’initiative du président Sall, qui s’est achevé il y a dix jours, n’est rien d’autre qu’un «deal» entre les différentes forces politiques qui ont participé pour l’éliminer de la course à la présidence.
Ce «dialogue national» a remis en piste deux opposants, Karim Wade et Khalifa Sall, dont la trajectoire politique avait brutalement été interrompue par des ennuis judiciaires et qui avaient été privés de la présidentielle de 2019. Le cas d’Ousmane Sonko, condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme, n’a pas été abordé par la concertation.
Lors de la clôture des travaux, le président Sall avait promis de s’exprimer sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2024 après la fête musulmane de la Tabaski, qui s’est déroulée jeudi, et qui a vidé la capitale d’une partie de ses habitants. Il avait fait valoir précédemment que seuls des facteurs politiques, et non constitutionnels l’empêcheraient de se présenter, et a affirmé que son choix serait «libre et souverain».
Samedi, devant des élus locaux qui avaient fait une pétition pour le soutenir, il a appelé sa famille politique à l’unité et à placer «l’intérêt général» et «l’intérêt de la coalition» devant toute autre considération. «Mon combat et ma plus grande fierté est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations», a-t-il déclaré, soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà «balisée».