TémoignageL’animatrice Maureen Dor dit elle aussi avoir été agressée par Nicolas Hulot
Dans une lettre envoyée à «Envoyé spécial», la Belge assure que l’animateur et politicien lui aurait «sauté dessus» et aurait «tenté de l’embrasser» contre son gré, lorsqu’elle avait 18 ans.
Maureen Dor a envoyé une lettre aux équipes d’«Envoyé spécial» quand elle a appris que l’émission de France 2 avait recueilli plusieurs témoignages de femmes affirmant avoir été agressées par Nicolas Hulot. Dans ce courrier, publié en intégralité sur le site de France Info, l’animatrice et comédienne belge de 51 ans assure que l’animateur devenu ministre lui aurait «sauté dessus» et aurait «tenté de l’embrasser» contre son gré, lorsqu’elle avait 18 ans. Les faits décrits remontent à 1989 et sont donc prescrits. Nicolas Hulot est présumé innocent.
Dans sa lettre, Maureen Dor raconte sa première rencontre avec Nicolas Hulot à Bruxelles dans le hall d’un hôtel, alors qu’elle venait de commencer à travailler à la télévision. Ayant adoré le livre «Les chemins de traverse» de la star de «Ushuaia», elle lui écrit pour lui dire qu’elle se ferait un plaisir de lui faire visiter sa ville si un jour il y venait, en lui laissant son numéro de téléphone «puisque nous étions «collègues de télévision».
À sa surprise, Nicolas Hulot l’appelle quelques semaines plus tard. Ils boivent un verre au bar, puis au bout d’un quart d’heure, il lui dit que des journalistes doivent venir l’interviewer et il lui propose de l’accompagner dans sa chambre pour les attendre. Flattée, elle dit oui.
«Et maintenant, je vais commencer à me justifier, comme toute femme qui s’est retrouvée en fâcheuse posture. J’ai 18 ans en 1989, élevée dans un milieu bourgeois catholique. Je suis vierge et surtout, je ne me trouve pas particulièrement sexy. C’est important à dire parce qu’à l’époque je pense sincèrement qu’un homme peut me proposer de l’accompagner dans sa chambre sans avoir aucune arrière-pensée. Je fais partie de ces jeunes filles qui ne pensent pas un instant inspirer la moindre pensée ou le moindre désir d’ordre sexuel. C’est tellement loin de mon schéma de pensée à moi!» explique Maureen Dor dans son courrier pour «Envoyé spécial».
Elle décrit ensuite les faits: «Je l’accompagne donc et, aussitôt dans la chambre, le voilà qui me saute dessus et tente de m’embrasser. Je le repousse, étonnée et effrayée, en lui faisant cette remarque si naïve: «Mais vous avez une femme!» et lui de me répondre que cela n’a rien à voir et que je serai une «parenthèse». À ce moment précis, la réception appelle pour annoncer que les journalistes arrivent. Il lui dit de partir, ce qu’elle fait.
Malgré ce qui s’est passé, Maureen Dor est tout de même allée dîner avec Nicolas Hulot, comme il lui avait proposé dans le hall de l’hôtel au début de leur rencontre. «L’envie et la fierté d’avoir été invitée par lui ont été les plus fortes.» Et l’animatrice, reconnaissant que son comportement décrédibilise son témoignage, se demande si elle a «cherché» ce qui lui est arrivé. Mais elle était à l’époque tout juste majeure, lui avait 34 ans. «Je suis convaincue qu’entre 15 ans et 25 ans, il y a une période où les filles/femmes sont particulièrement vulnérables», écrit-elle.
Maureen Dor raconte que, pendant la nuit, elle lui a écrit une longue lettre dans laquelle elle lui disait qu’il ne fallait pas faire ça aux jeunes filles qui l’admiraient. «Notre rencontre, ma lettre, ne semblent pas l’avoir bouleversé puisque quelques années plus tard, je l’ai croisé dans les couloirs de Canal+ sans qu’il me reconnaisse.»
L’animatrice belge dit ne pas voir été «abîmée» par cette rencontre. Et à propos de Nicolas Hulot: «Je pense que l’on peut changer. On peut être un sale bonhomme à une époque et se rendre compte de sa connerie en vieillissant ou en ayant des enfants. J’ose espérer que la paternité a «appris» à monsieur Hulot qu’il fallait respecter les femmes», ajoute Maureen Dor, elle-même mère de deux enfants.
«Je suis sincèrement désolée pour la fille de monsieur Hulot qui va découvrir que son père n’est pas le héros ou l’homme intègre qu’elle était en droit d’espérer mais je suis encore plus désolée pour toutes les femmes qui l’ont appris dans la douleur et à leur corps défendant (c’est le cas de le dire!). Entre elle et elles, j’ai choisi elles. Parce qu’elles, c’est aussi moi. Et ça, j’ai mis très longtemps à m’en rendre compte», conclut-elle.