ColombieUne ex-guérillera désignée pour mener les négociations avec l’ELN
Débutées il y a près d’un an, les négociations de paix entre le gouvernement colombien et l’ELN ont entamé lundi au Mexique un cinquième cycle.
![Otty Patiño, à Bogota le 10 octobre 2023. Otty Patiño, à Bogota le 10 octobre 2023.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/12/12/9cd803d7-8f87-4e45-85f7-03d81622403d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1419&fp-x=0.5&fp-y=0.5003523608174771&s=bba3ee1a41945e598b15338d13e98a47)
Otty Patiño, à Bogota le 10 octobre 2023.
AFPLe gouvernement colombien a désigné une nouvelle représentante pour mener les négociations de paix en cours avec la guérilla de l’ELN (Armée de libération nationale), a-t-on appris lundi de source officielle.
Vera Grabe a milité dans les années 1980 au sein du mouvement d’extrême-gauche du M-19, auquel a également appartenu l’actuel président de gauche Gustavo Petro, élu à l’été 2022. Elle remplace Otty Patiño, lui-même un ancien membre du M-19, nommé fin novembre «Haut Commissaire pour la Paix» par le président Petro, en remplacement de Danilo Rueda.
«Erreur» de l’ELN
Danilo Rueda, qui avait supervisé le lancement des discussions de paix avec la plupart des groupes armés opérant en Colombie – l’une des principales promesses de campagne de Gustavo Petro – avait été remercié sur un simple tweet présidentiel.
Débutées il y a près d’un an, les négociations de paix avec l’ELN, actuellement la plus puissante et la plus ancienne guérilla opérant en Colombie, ont entamé lundi au Mexique un cinquième cycle. Ces pourparlers traversent néanmoins une crise sévère après l’enlèvement début novembre par l’ELN, pendant une douzaine de jours, du père du footballeur international colombien de Liverpool Luis Diaz.
La guérilla a plaidé une «erreur», mais l’incident a mis en lumière la persistance de l’ELN dans la pratique des kidnappings contre rançon pour financer ses activités. Le rapt a mis en péril le processus de paix, ainsi que le cessez-le-feu bilatéral de six mois en vigueur depuis le 3 août. Le président Petro a estimé que cet enlèvement a rompu la «confiance» entre les parties.
«Paix totale»
Le négociateur Otty Patiño a exigé la fin de ces kidnappings, tandis que le chef de l’ELN a demandé de son côté que le gouvernement garantisse le financement du groupe. Une trentaine de personnes seraient actuellement retenues par l’ELN, fondée en 1964 par des sympathisants d’Ernesto «Che» Guevara et de la révolution cubaine, en attendant le paiement d’une rançon, selon le gouvernement.
Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, a entamé des discussions avec les principaux groupes armés opérant dans le pays. Avec l’ELN, mais aussi les dissidents des FARC marxistes (qui rejettent l’accord de paix historique de 2016), des groupes paramilitaires et des narcotrafiquants.
Cette politique de «paix totale» rencontre de nombreux obstacles et est sévèrement critiquée par l’opposition, alors que certains de ces groupes armés ont multiplié leurs actions pour accroître leur influence territoriale.