TestLe Galaxy Z Fold 3 se plie difficilement à nos attentes
Après un Fold 2 enthousiasmant, on attendait trop du nouveau smartphone pliable Samsung. Les améliorations sont là mais ternies par quelques bémols.
- par
- Christophe Pinol
L’an passé, on avait été bluffé par la deuxième itération de ce smartphone si atypique, pliable, le Galaxy Z Fold, qui s’ouvre comme un livre pour laisser apparaître à l’intérieur un écran de la taille d’une mini-tablette. Autant par ses qualités ergonomiques que techniques, mais aussi par les impressionnantes améliorations que Samsung avait apportées par rapport à la toute première version.
Autant dire qu’on se demandait si le géant coréen allait pouvoir maintenir le même sauf qualitatif avec sa 3e mouture, le Galaxy Z Fold 3, disponible depuis vendredi dernier sur le marché suisse. Et pour répondre clairement à la question, ce n’est malheureusement pas le cas.
Plus performant et moins cher
On est donc forcément un peu déçu avec ce nouveau modèle, même si globalement, il continue d’offrir l’expérience pliable la plus complète du marché. Les bonifications sont d’ailleurs pourtant bien là, mais en mode mineur, sans apporter de révolution. Il gagne ainsi en finesse (15,6 mm contre 16,8 auparavant), en légèreté (il pèse désormais 271 grammes, soit 11 de moins) et même en étanchéité. Dorénavant IPX8, il est capable de piquer une tête dans la piscine (jusqu’à 1 m de profondeur) mais n’est toujours pas résistant à la poussière. Il est aussi annoncé 80% plus résistant aux chocs par le fabricant, avec son nouveau revêtement Gorilla Glass Victus. Ajoutez à ça, un taux de rafraîchissement de l’écran extérieur qui passe à 120 Hz, de quoi rendre la navigation plus fluide. Le tout pour 200 fr. francs moins cher que le modèle 2020, soit 1799 fr. pour sa version 256 Go (l’an passé, c’était la seule disponible) et 1899 fr. dans sa nouvelle capacité de 512 Go.
Ceci dit, on a délibérément omis dans un premier temps d’évoquer ses deux principaux atouts, afin de s’y pencher plus en détail. D’abord, la gestion du S Pen, ce stylet jusqu’ici réservé à la gamme Note des Galaxy permettant de prendre des notes, de réaliser des croquis… Ici, la prise en main est agréable, confortable, et la latence très faible. Le smartphone reproduit même le son du frottement d’un crayon sur une feuille de papier… Plutôt séduisant, donc. Deux bémols viennent toutefois ternir l’expérience. D’abord, ce stylet ne fonctionne que sur l’écran intérieur. Autrement dit: la prise de notes rapide, qui était l’un des atouts du Galaxy Note, n’est ici pas une option. Ensuite, le stylet n’est pas fourni avec l’appareil. Il est vendu soit à l’unité (54 fr. 90), soit accompagné d’un étui de protection spécial (89 fr. 90) comprenant un emplacement pour ranger l’accessoire en question. L’inconvénient, c’est que cet étui – d’ailleurs pas spécialement bien conçu – alourdit et surépaissit forcément encore un peu un appareil déjà bien chargé de ce côté-là.
Peut mieux faire question photo
L’autre nouveauté, c’est l’arrivée d’un capteur frontal logé sous l’écran principal, l’un des premiers du genre. Celui-ci est donc recouvert d’une minuscule portion d’écran circulaire qui s’éteint lorsque le capteur est activé. Chapeau pour l’innovation! Mais là encore, l’expérience utilisateur n’est pas optimum… Oui, le capteur se fait du coup plus discret. Mais pas tant que ça puisque la partie d’écran qui le recouvre réagit de manière différente à la lumière et se détache du coup du reste de l’écran. Et comme elle est également plus large que le poinçon noir de la version précédente, elle se remarque en fin de compte tout autant. Quant au capteur lui-même, il affiche une résolution d’à peine 4 Mpx et se retrouve particulièrement peu performant en basse luminosité. Clairement, Samsung le destine avant tout à une utilisation type webcam et non aux selfies. Dommage. Pour ces derniers, on se rabattra donc sur l’autre objectif frontal – de 10 Mpx, lui – placé sur l’écran externe.
Les 3 principaux capteurs photos, eux, se retrouvent logiquement au dos de l’appareil. Mais ils restent identiques à ceux de la dernière version: un grand-angle, un ultragrand-angle et un téléobjectif x2 de 12 Mpx chacun. Le rendu est bon, avec un joli piqué et de belles couleurs, surtout pour le grand-angle sous de bonnes conditions de lumière. Mais le rendu reste toutefois en deçà des performances proposées par d’autres smartphones, le Galaxy S21 en tête.
Deux écrans pour mieux régner
Après, la particularité de ce Z Fold 3, c’est bien entendu ses deux écrans distincts. Deux dalles AMOLED, de 6,2 pouces pour l’externe (format 24,5: 9, très allongé), et 7,6 pour l’interne (22,5: 18, presque carré), chacune délivrant un taux de rafraîchissement à 120 Hz. En mode adaptatif, même, pour la grande. Renforcées par la technologie HDR10+, les images sont belles, avec des noirs profonds. Et si la définition n’est pas aussi poussée que sur un Galaxy S21, elle reste bonne. Mais comme toujours chez Samsung, il faudra se livrer à un choix cornélien quant à son mode d’affichage: «Vif», délivrant une belle luminosité mais avec une colorimétrie faussée; ou «Naturel», avec des couleurs plus fidèles mais une luminosité en retrait. En sachant que le mode choisi sera automatiquement appliqué aux deux écrans. Quant au fameux pli, scindant la dalle principale en deux, il est toujours aussi présent: gênant pour certains utilisateurs, moins pour les autres. Tout dépend en fait de l’angle de vision adopté, des contrastes affichés sur l’écran au moment de l’utilisation et de la lumière qui vient s’y refléter.
Et puis si on salue la fermeté de la charnière, et le fait qu’en position fermé, les deux volets de l’appareil ne souffrent pas du moindre jeu, maintenus ensemble par un aimant, il faut reconnaître que la manipulation pour ouvrir l’appareil – obligatoirement des deux mains, en essayant de glisser un pouce dans l’interstice séparant les deux volets, ce qui laissera forcément des traces de doigts sur l’écran externe – n’est pas toujours aisée et on se met à rêver d’un futur bouton (à actionner du pouce, sur la tranche de l’appareil par exemple) qui déclencherait son ouverture automatique, à la manière des écrans à clapet japonais. Bientôt, qui sait…
L’interface au top
Mais là où l’appareil exploite à merveille son concept si particulier, c’est avec son interface. D’abord avec sa gestion remarquable du multitâche sur l’écran principal. On peut ainsi afficher jusqu’à 3 applications différentes, jouer avec la dimension de leur fenêtre au demi-centimètre près, intervertir leur position, transférer des fichiers de l’une à l’autre… Mais aussi ouvrir une quatrième application en surimpression, que l’on déplace à loisir sur toute la surface de l’écran. Le tout de manière parfaitement fluide, grâce à son processeur Snapdragon 888 et ses 12 Go de RAM. Et puis il y a le «Flex Mode», comme l’appelle Samsung. Une configuration où le smartphone est posé sur une table, ouvert à 100°, comme un mini laptop, et qui permet à certaines applications de déporter automatiquement une partie de leur contenu sur la partie supérieure de l’écran, et le reste sur la partie horizontale – généralement des commandes lorsqu’il est question de vidéo et de photo, ou un clavier, pour du texte –, de manière à utiliser les deux parties de l’écran de manière autonomes. Google Duo, YouTube ou la fonction Appareil photo fonctionnent déjà de cette manière. On aimerait maintenant en voir arriver d’autres.
Un concept à affiner
Reste la question de l’autonomie. Elle est correcte et permet sans problème de tenir une journée. Après, pour la recharge annoncée rapide… elle ne l’est en fait pas tant que ça. Samsung ne fournit d’abord qu’un câble USB-C avec l’appareil, sans le chargeur lui-même. À nous de compléter la chaîne. Soit avec une prise murale non officielle (comptez alors plus de 2 h pour recharger l’appareil) soit en achetant celui prévu par la marque, ou en utilisant celui du S20, S21 ou Fold 2 (la recharge complète passe alors à 1 h 20).
Après, le tout est de savoir si ce concept pliable s’accorde ou non à vos besoins. De notre côté, en position pliée, on trouve l’appareil trop étroit pour offrir un véritable confort de navigation. Et ouvert, d’une part son format carré n’est pas franchement adapté au visionnage de films, de séries ou de séquences YouTube, mais de l’autre son apport est indéniable lors de la lecture d’un magazine ou d’un journal en ligne, de la planification d’un itinéraire sur une carte ou d’une visioconférence. Le concept nécessite peut-être encore simplement d’être affiné…