Football: Didier Tholot: «Savoir ne pas perdre fait aussi partie du job»

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FootballDidier Tholot: «Savoir ne pas perdre fait aussi partie du job»

Beau joueur, le coach du FC Sion ne cherchait pas à masquer les difficultés rencontrées par son équipe dans un derby romand dominé par un épatant Xamax. 

Nicolas Jacquier - Neuchâtel
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Nicolas Jacquier - Neuchâtel
A la Maladière, Didier Tholot s’est finalement satisfait du point sauvé par Sion face à un excellent Xamax.

A la Maladière, Didier Tholot s’est finalement satisfait du point sauvé par Sion face à un excellent Xamax.

Pascal Muller/freshfocus

Lorsqu’un match se termine sans but, il est coutumier qu’un tel verdict provoque des frustrations partagées en ne fassant somme toute que des déçus de part et d’autre. Rien de tel pourtant dans le cas du 0-0 qui a sanctionné vendredi soir le derby romand de la Maladière, où l’issue de la soirée a finalement fait deux vainqueurs. 

Xamax en premier lieu parce que celui-ci a réussi à considérablement hisser le niveau de son jeu pour terriblement faire souffrir son hôte, qu’il a joyeusement bousculé. Mais Sion pouvait aussi esquisser quelques sourires de contentement dans la mesure où le très pâle leader qu’il était, conscient que les choses ne tournaient pas en sa faveur, a su afficher suffisamment de caractère pour s’accrocher à un résultat qui devait également faire son bonheur. Tant les protégés de Didier Tholot, que l’on a senti se satisfaire d’un tel dénouement, n’étaient pas en mesure de revendiquer autre chose.

«On perd certes des points mais cela reste malgré tout un bon point de pris à l’arrivée, devait convenir le coach de Tourbillon. On a été en-dessous de ce que l’on peut faire, tout était un peu moins bon qu’à l’ordinaire, notamment au niveau des relances. Faute d’énergie suffisante, on a manqué de justesse technique.»

«Même quand ça allait un peu moins bien, on ne s’est pas désuni. On n’était pas très bon. Mais on s’est accroché»

Didier Tholot, coach du FC Sion

Ainsi Sion s’en est-il davantage sorti grâce à son état d’esprit qu’en s’appuyant sur ses qualités de jeu, mises à mal par son hôte. Mais égarer, après sept victoires consécutives en championnat, ses premiers points de l’année contre Xamax n’a rien d’infamant. C’est d’ailleurs la teneur du message délivré par son entraîneur. «Même quand ça allait un peu moins bien, on ne s’est pas désuni. On n’était pas très bon, c’est vrai. Mais on s’est au moins accroché. Dans ces conditions, savoir ne pas perdre fait aussi partie du job.» Aucune alerte dans les rangs sédunois, donc, mais sûrement la prise de conscience qu’il faudra en faire davantage lors de la réception de Thoune vendredi prochain (20h15). 

Batteries à plat

Aperçu très vite en manque de solutions, Sion souffre-t-il aussi de l’enchaînement des matches à haute intensité? Son exploit contre YB en Coupe a certainement laissé des séquelles invisibles, avec une euphorie qu’il convient de gérer, ce qui n’a rien d’évident. Confirmation de Tholot: «Nous payons le contrecoup des émotions vécues ces derniers temps, raison pour laquelle j’ai tenu à féliciter les joueurs pour leur attitude à l’issue du match.»

La vérité, c’est que Sion s’est présenté vendredi en manque flagrant d’énergie, les batteries à plat. «On accumule de la fatigue, a convenu Bouchlarem. Face au bloc bas de Xamax, on a parfois eu du mal à se trouver. Cela reste malgré tout un résultat positif, quand bien même il a fallu tout donner pour s’y accrocher.» L’absence de Kevin Bua devait aussi fragiliser l’équilibre du milieu de terrain.

Si Sion n’est pas parvenu à réunir les ingrédients grâce auxquelles il construit habituellement ses succès, c’est aussi parce qu’il s’est heurté à un Xamax fort inspiré. L’idée d’être les premiers à freiner le leader en 2024 a donné des ailes aux Neuchâtelois, lesquels avaient beaucoup à se faire pardonner devant leur public après la défaite du Brügglifeld. 

«On voulait montrer une réaction. Et je crois qu’on l’a vue…»

Uli Forte, coach de Xamax

«On voulait montrer une réaction. Et je crois qu’on l’a vue, se réjouissait Uli Forte. Pour que le match soit parfait, il aurait fallu se montrer plus agressif et réaliste dans le dernier geste. Ce n’est peut-être pas le résultat que l’on espérait mais cela reste néanmoins un excellent point. Ce soir (hier), on a compris pourquoi Sion encaissait si peu de buts (ndlr: seulement 16 buts).»

L’audace d’un gamin de 18 ans

A la Maladière, le technicien zurichois avait passablement rebrassé ses cartes, n’hésitant pas à sortir de son chapeau Brillani Soro, un jeune défenseur ivoirien de 18 ans formé au club. Alors qu’il n’avait grappilé que quelques secondes de temps de jeu en Challenge League jusque-là, le gamin a épaté son monde en affichant l’aisance d’un vieux briscard pour sa première titularisation. Un choix culotté? Pas aux yeux de son coach: «On ne s’est nullement fait hara-kiri. Je connais le joueur pour le voir chaque jour à l’entraînement, je sais son potentiel et ce dont il est capable. Je savais qu’il allait répondre présent.»

Brillani Soro (à dr,), opposé ici à Ilyas Chouaref, a signé des débuts fracassants en affichant l’assurance d’un vieux routinier… du haut de ses 18 ans.

Brillani Soro (à dr,), opposé ici à Ilyas Chouaref, a signé des débuts fracassants en affichant l’assurance d’un vieux routinier… du haut de ses 18 ans.

Pascal Muller/freshfocus

Dans un derby demeuré pauvre en occasions de but sérieuses (10 tirs au total, dont uniquement trois ont été cadrés), Xamax a clairement démontré qu’il était la meilleure équipe - «Sion n’avait presque rien», devait souffler Forte. Pour la troisième fois de la saison, il est vrai que les joueurs de Tholot sont demeurés muets. Le 0-0 de la Maladière rappelle ceux de la Lidl Arena (contre Wil le 11 août) et du Brügglifeld (contre Aarau le 26 novembre).

Pour s’éviter de trop gamberger, Sion serait bien inspiré de retrouver le chemin des filets lors du choc contre Thoune. Un nouveau tournant dans une saison qui peut être celle de tous les bonheurs, avec le double rêve d’une promotion directe assortie d’une victoire en finale de la Coupe toujours possible. Mais cela suppose forcément un autre FC Sion que celui qui a traversé son derby sans jamais parvenir à assumer le rôle de favori qui sied à son rang de leader.

En d’autres temps, pas si éloignés, les Valaisans auraient sans doute fini par craquer. Le fait qu’ils soient néanmoins parvenus à sauver le nul permet de mesurer les progrès accomplis.

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