ÉnergieL’UE cherche des parades à la décision de Moscou de couper le gaz
Convoqués en urgence lundi à Bruxelles, les ministres européens de l’Énergie ont aussi évoqué un 6e paquet de sanctions incluant un arrêt progressif de leurs achats de pétrole à la Russie.
Les ministres européens de l’Énergie, convoqués en urgence lundi à Bruxelles, ont cherché une parade à la décision de Gazprom de couper le gaz à Pologne et la Bulgarie. Ils ont aussi évoqué un arrêt progressif de leurs achats de pétrole dans le cadre d’un 6e paquet de sanctions contre Moscou.
La Russie a répondu aux sanctions européennes contre sa banque centrale en imposant l’obligation d’ouvrir un compte en roubles pour les transactions sur le gaz. Or, les contrats conclus par les compagnies européennes sont libellés en euros ou en dollars. La Pologne et la Bulgarie ont réglé leurs achats dans la devise prévue. En rétorsion, la compagnie gazière russe a suspendu ses livraisons. Les ministres de l’Énergie doivent donc examiner dans quelle mesure l’ouverture d’un second compte pour permettre la conversion en roubles pose problème au regard des sanctions, dès lors que Gazprom livre le gaz, une fois reçu le versement en euros ou en dollars.
«Nous plaidons pour un embargo immédiat sur le pétrole et le gaz, a assuré la ministre polonaise Anna Moskwa à son arrivée pour la réunion. L’heure est venue pour le pétrole, puis viendra le gaz. L’Europe doit se débarrasser de la dépendance aux énergies fossiles russes.» Les réserves polonaises de gaz «seront à 100% de leurs capacités pour cet hiver», du GNL (gaz naturel liquéfié) américain «a commencé à arriver par la Lituanie et nous allons nous fournir en gaz de Norvège par le Danemark», a-t-elle expliqué.
Les nouvelles sanctions seront discutées plus tard
Les ministres doivent par ailleurs se concerter sur un arrêt progressif des achats de pétrole et de produits pétroliers russes afin de tarir les financements européens pour la guerre menée par le Kremlin en Ukraine. Mais aucune décision n’est attendue à l’issue de leur réunion, a précisé la ministre française Barbara Pompili, présidente de la réunion. «Un nouveau paquet de sanctions est en préparation, mais ce ne sera pas l’objet de ce conseil de l’Énergie. Il viendra dans les jours qui viennent», a-t-elle expliqué. «La question des sanctions n’est pas de la compétence des ministres de l’Énergie, mais relève des Affaires étrangères», a rappelé, pour sa part, la ministre espagnole Teresa Ribera.
Embargo, mais pas trop
«Nous avons considérablement réduit notre dépendance vis-à-vis du pétrole russe et nous avons créé les conditions nécessaires pour pouvoir également soutenir un embargo», a assuré son homologue allemand Robert Habeck. En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE.
«Nous ne demandons pas un embargo immédiat sur toutes les importations de combustibles fossiles, parce que (nous savons) que nous ne pourrions pas tenir un seul mois», a expliqué lundi à Berlin la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Les principaux importateurs de combustibles fossiles de la Russie (gaz, pétrole brut, produits pétroliers et charbon) sont l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la France.