Nanterre (F)La marche pour Nahel attire plus de 6000 personnes et dérape
Un hommage était rendu jeudi à l’adolescent tué par un policier, alors qu’il était au volant d’une voiture, à Nanterre (F). Le responsable est désormais poursuivi pour homicide volontaire.
Alors que la marche blanche en hommage à l’adolescent tué à Nanterre (France) a débuté jeudi vers 14 heures, le policier qui l’a abattu a été suspendu administrativement, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement à Mons-en-Barœul, au lendemain d’une nuit de violences. Quelque 6200 personnes étaient présentes, a indiqué à l’AFP une source policière.
La foule s’est élancée depuis la cité Pablo-Picasso, à Nanterre, aux cris de «Justice pour Nahel» et «Plus jamais ça», ont constaté des journalistes de l’AFP. La mère de la victime, juchée sur une camionnette et portant un tee-shirt «Justice pour Nahel», a ouvert la manifestation, suivie de centaines de participants regroupés derrière une banderole portant le même slogan. «Pas de justice, pas de paix!» et «Tout le monde déteste la police!» scandent-ils aussi. Certains portent des pancartes «La police tue», «Combien de Nahel n’ont pas été filmés?» ou encore «Nos vies sont en danger».
«Tous ceux qui n’ont pas eu de caméra»
Assa Traoré, figure de la lutte contre les violences policières, était présente aux côtés de la mère de Nahel lors de cette marche: «Il faut que le monde entier voie (…). Quand on marche pour Nahel, on marche pour tous ceux qui n’ont pas eu de caméra», a-t-elle déclaré au début de la marche.
Des élus et responsables politiques étaient également présents, dont Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, et Marine Tondelier, cheffe d’Europe Écologie Les Verts. «Cette marche blanche est un moment de recueillement et de deuil pour la famille, c’est important de le respecter», a indiqué de son côté la députée de Nanterre, Sabrina Sebaihi (EELV).
Des heurts après la marche
La police a tiré du gaz lacrymogène après des tensions lors de cette marche, a constaté un journaliste de l’AFP, comme on peut le voir dans le tweet ci-dessous. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI), unité dédiée aux interventions difficiles, a été envoyée après la marche blanche.
Cette unité, qui n’est pas destinée aux opérations de maintien de l’ordre, a été envoyée vers 17h30 sur place, a indiqué une source policière à l’AFP. Les consignes du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sont «grande fermeté et interpellations dès que c’est possible», a indiqué l’entourage du ministre.
Pris pour cible mercredi soir, les tramways et autobus ne circuleront pas jeudi soir après 21 heures en Ile-de-France «pour assurer la protection des agents et des voyageurs», a annoncé la présidente d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse.
Une intervention «pas conforme»
La Première ministre, Elisabeth Borne, s’est rendue à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), en banlieue parisienne, où la mairie a été incendiée dans la nuit, lors de violences urbaines qui ont éclaté après le décès de Nahel, selon un journaliste de l’AFP qui l’accompagnait.
Elle était accompagnée par le ministre délégué au Logement Olivier Klein, ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elle a échangé avec le maire et les habitants avant de se rendre à Bezons (Val-d’Oise) avec le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, pour visiter une école. Elle avait jugé mercredi «choquantes» les images du drame, qui montrent selon elle «une intervention qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement (des) forces de l’ordre».
Homicide volontaire
Le policier auteur du coup de feu lors d’un contrôle routier ayant conduit à la mort de Nahel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi, a annoncé le parquet de Nanterre, où la marche blanche de l’après-midi s’est achevée dans la confusion et au milieu de violences. «Le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies», a souligné dans la matinée le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache lors d’une conférence de presse.