CinémaFaveurs sexuelles: le cinéaste Philippe Garrel mis en cause par cinq actrices
Mediapart a recueilli des témoignages évoquant des gestes et baisers inappropriés de la part du réalisateur de la Nouvelle Vague âgé de 75 ans. Celui-ci nie la majorité des faits.
Le cinéaste Philippe Garrel, 75 ans, est accusé de gestes non consentis et de propositions sexuelles dans le cadre de rendez-vous pour des rôles par plusieurs actrices, dont Anna Mouglalis. Cette dernière avait tourné avec lui dans «La jalousie», en 2013, avant qu’il ne la recontacte pour travailler sur un nouveau projet, centré sur le désir féminin. Lors d’une réunion de travail chez elle, elle s’absente pour aller aux toilettes et retrouve le réalisateur allongé sur son lit, prétendument à cause de douleurs, rapporte Mediapart.
Selon lui, il n’y a eu «aucun geste ambivalent». «Nous étions dans la cuisine, et j’ai eu un malaise. Je lui ai dit que j’avais besoin de m’allonger, ce à quoi elle a répondu: «Ah bon? Tu crois?» Et je lui ai répété que je ne me sentais vraiment pas bien et qu’il fallait que je m’allonge. Je suis donc allé sur son lit et me suis allongé vingt minutes, avant de rentrer chez moi», affirme-t-il.
Pourtant, Anna Mouglalis n’y croit guère: «C’est tellement énorme alors qu’il y avait deux canapés juste à côté de lui dans le salon», martèle la comédienne. Elle dit avoir été contactée par le cinéaste, qui lui a demandé de retirer son témoignage par «amitié». «Je n’ai jamais vu Philippe Garrel en dehors du travail, mais il appelle cela de l’amitié. Et puis, il ne m’appelait pas pour savoir ce qui motivait mon témoignage, juste pour me demander de l’enlever», affirme-t-elle.
Baisers forcés
Quatre comédiennes accusent Philippe Garrel de baisers forcés. Laurence Cordier, notamment, se souvient d’un dîner, en 2003, pour discuter d’un rôle, que le réalisateur transforme en promenade trop entreprenante, avant de lui proposer d’aller à l’hôtel, puis de l’attraper par la taille.
Une s’en rappelle, mais ne décrit pas cela comme une agression. «Tétanisée, je n’ai pas compris. Puis, il a été très respectueux de mon refus. J’étais surprise mais je ne l’ai pas mal vécu. Je m’étais dit qu’il n’allait pas me prendre comme j’avais refusé et il m’a rappelée pour le rôle», affirme-t-elle.
«Amoureux»
En 1994, il aurait aussi proposé à une de ses élèves, Marie Vialle, d’écrire un film pour elle, avant de lui dire qu’il ne peut «pas faire le film si je ne couche pas avec toi».
Philippe Garrel, quant à lui, affirme être amoureux. «Je me souviens lui avoir expliqué que, comme beaucoup de réalisateurs de la Nouvelle Vague, j’aimais tourner avec la femme dont j’étais amoureux et la filmer, réplique-t-il. J’ai peut-être essayé de l’embrasser, je ne m’en souviens pas, mais elle m’a très certainement éconduit puisque c’est précisément à ce déjeuner que j’ai compris qu’elle n’était pas du tout attirée par moi. Si j’ai blessé Marie Vialle, pour laquelle j’ai beaucoup de respect, j’en suis désolé.»