FranceZemmour débouté par la CEDH pour propos «discriminatoires»
Le polémiste français n’a pas obtenu gain de cause auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a débouté mardi le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour et validé sa condamnation par la justice française pour provocation à la discrimination et haine religieuse envers la communauté musulmane, après des propos tenus sur France 5 en 2016. La CEDH estime qu’en le condamnant les juridictions françaises n’ont pas violé la liberté d’expression du candidat à la dernière élection présidentielle française.
«La Cour considère que l’ingérence dans l’exercice par le requérant de son droit à la liberté d’expression était nécessaire dans une société démocratique, afin de protéger les droits d’autrui», explique la CEDH. Celle-ci estime que les juridictions françaises n’ont donc pas violé la liberté d’expression du candidat à la dernière élection présidentielle.
L’ancien journaliste avait tenu ces propos le 16 septembre 2016, dans l’émission «C à vous» diffusée en direct à 19 heures sur France 5 dans le cadre de la promotion de son livre intitulé «Un quinquennat pour rien». Il avait notamment estimé qu’il fallait donner aux musulmans «le choix entre l’islam et la France» et que la France vivait «depuis 30 ans une invasion», affirmant que «dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées» se jouait une «lutte pour islamiser un territoire», «un jihad».
Condamné en première instance
Eric Zemmour avait été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Paris à 5000 euros (quelque 4921 francs) d’amende pour «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une religion». La peine avait été réduite à 3000 euros en appel. La Cour de cassation avait ensuite rejeté son pourvoi.
La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, «considère que ces propos ne se limitaient pas à une critique de l’islam mais comportaient, compte tenu du contexte d’attentats terroristes dans lequel ils s’inscrivaient, une intention discriminatoire de nature à appeler les auditeurs au rejet et à l’exclusion de la communauté musulmane».
«Compte tenu de la marge d’appréciation de l’État en l’espèce, et de la condamnation du requérant au paiement d’une amende d’un montant de 3000 euros qui n’est pas excessif, la Cour est convaincue que l’ingérence litigieuse (dans le droit à la liberté d’expression d’Eric Zemmour, ndlr) était proportionnée au but poursuivi», a estimé la cour basée à Strasbourg.
Il s’était présenté à la présidentielle
Le polémiste, qui s’est présenté cette année à l’élection présidentielle, a recueilli au premier tour 7,07% des suffrages, un score en deçà des pronostics des sondages durant la campagne. Il a ensuite échoué à décrocher un siège de député.
Eric Zemmour, qui a eu plusieurs fois eu maille à partir avec la justice pour des propos polémiques, reste engagé en politique avec un mouvement nommé Reconquête.